Crise du lait : échec des premières négociations, les manifestants cessent leur occupation

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 27 août 2016 - 13:01
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Deux verres de lait.
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Les deux parties ne sont pas parvenues à un accord sur le prix du lait.
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Lactalis et les producteurs de lait ne sont pas parvenus à un accord. Les bloqueurs décident de lever le camp et attendent l'annonce de la prochaine rencontre pour rediscuter des prix d'achat du lait.

Après l'échec vendredi soir d'une deuxième session de négociations sur le prix du lait avec Lactalis, la FDSEA 53 a appelé contre toute attente les manifestants à cesser leur occupation, entamée lundi dernier, d'un rond-point près d'un site industriel du groupe laitier, à Laval.

"La manifestation est terminée. On n'avait pas d'intérêt à rester jusqu'à lundi. Vous obliger à tenir, ça servait à rien", a déclaré samedi, peu avant 01H00 du matin, devant quelque 200 agriculteurs, Philippe Jéhan, président de la FDSEA de Mayenne.

"C'est partie remise, on va lever le camp. La manif est terminée", a-t-il ajouté.

M. Jéhan a justifié ce choix par la décision du tribunal rendue vendredi en soirée et contraignant les manifestants à libérer au moins un des accès du site industriel sous peine d'une astreinte financière. "On préfère lever le camp car on a une astreinte rue Arago. Vous auriez vu les camions partir. Si on les bloquait, c'était 5.000 euros de l'heure", a-t-il dit.

"La stratégie, on la rebâtit demain. On ne va pas capituler, on ne lâchera pas", a déclaré au micro, devant les manifestants, Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA.

"On va identifier les points sur la carte et on va aller devant chaque site Lactalis, entre autres comme actions, pour continuer et réussir", a-t-elle ajouté.

"Comme tu le dis Philippe (Jéhan), Xavier Beulin (président de la FNSEA, ndlr) est le capitaine le plus armé pour identifier les solutions. On va tout mettre en oeuvre, avec les JA (Jeunes Agriculteurs, ndlr), sur cette voie-là", a-t-elle ajouté.

Interrogée ensuite par l'AFP, Mme Lambert a précisé que, "demain (ce samedi 27), une réunion téléphonique est prévue avec Xavier Beulin et on organise la stratégie d'envergure nationale pour faire revenir Lactalis sur une négociation".

Aucune date n'a été évoquée par les négociateurs représentant les producteurs pour une éventuelle reprise des discussions avec Lactalis.

Débutée vendredi vers 18H00 à Laval, la deuxième session de négociations, au lendemain d'une session-marathon de 11 heures à Paris, s'est achevée peu avant 23H00.

"Nous, la revalorisation qu'on demandait est à peine de 10% alors qu'eux (Lactalis) sont restés à 6%", a expliqué à l'AFP Sébastien Amand, vice-président de l'Organisation de producteurs Normandie Centre (OPNC), qui a participé aux négociations.

Les 6% proposés par Lactalis correspondent grosso modo à la hausse de 15 euros les 1.000 litres au 1er septembre, soit environ 271 euros la tonne, annoncée unilatéralement vendredi matin par le géant laitier dans un communiqué. Les 10% revendiqués par les producteurs représentaient une hausse d'environ 26 euros les 1.000 litres, soit 282 euros la tonne.

"Vu l'écart des prix, on pensait que ça servait à rien, qu'on n'arriverait pas à trouver un accord. Ca servait à rien de rester là et de laisser passer les camions", a commenté Jérémy Trémeau, président des JA de Mayenne.

A l'issue des premières négociations à Paris, le médiateur des relations commerciales agricoles Francis Amand, absent à Laval, avait précisé qu'il avait fait une "proposition de la dernière chance à 280 euros les 1.000 litres" pour les cinq derniers mois de 2016 par rapport à un prix actuel d'environ 257. Cette offre portait l'augmentation à 23 euros, une offre acceptée par Lactalis, selon le médiateur, mais refusée par les représentants des producteurs.

Les producteurs estiment leurs coûts de production au minimum au-delà de 300 euros la tonne. Avec un prix de 257 euros/T, ils travaillent donc à perte et creusent le déficit de leurs exploitations.

Rien ne laissait présager la décision de lever le camp, prise vendredi soir.

"S'en aller c'est donner victoire, si on laisse l'accès a l'entreprise, elle a gagné à jamais", déclarait à l'AFP vendredi midi Pascal Clément, président de la section laitière de la Fédération régionale des syndicats agricoles (FRSEA) du grand Ouest.

Devant l'usine, des tours de garde avaient d'ores et déjà été organisés jusqu'à lundi.

Dès la fin des prises de parole, des manifestants se sont activés à démonter les installations, ranger la sono et les tables, replier les banderoles, ramasser les ordures et les bouteilles vides. Peu après 01h00, il ne restait plus sur le giratoire, rebaptisé par les manifestants rond-point de la "honte du lait", qu'une cinquantaine de personnes.

 

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