EDF : "s'il y a besoin de recapitaliser, nous le ferons", avance Macron

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 mars 2016 - 21:08
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La démission du directeur financier d'EDF a ravivé les craintes concernant la situation financière du groupe. (Image d'illustration).
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Actionnaire à 84% du groupe EDF, l'Etat français est prêt, si besoin, à aider financièrement l'électricien, actuellement en difficulté, a annoncé Emmanuel Macron lors d'une visite à la centrale nucléaire de Civaux (Vienne). Cette année, l'Etat a déjà choisi de recevoir la dividende d'EDF en actions plutôt qu'en numéraire, évitant ainsi au groupe de débourser 1,8 milliards d'euros.

L'Etat français, actionnaire à plus de 84% du groupe EDF, est prêt à injecter des fonds pour redresser les comptes de l'électricien, confronté à un marché sous pression et à d'importants investissements à venir, a dit ce jeudi 17 mars le ministre de l'Economie Emmanuel Macron. "S'il y a besoin de recapitaliser, nous le ferons", a-t-il affirmé, lors d'une visite à la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), après que la démission du directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, la semaine dernière, a ravivé les craintes concernant la situation financière de l'entreprise et la pertinence du projet de construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point, en Angleterre.

Dans la foulée, le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, avait dit, dans une lettre aux salariés, que le groupe "négoci(ait) avec l'Etat pour obtenir des engagements de sa part (lui) permettant de sécuriser (sa) situation financière", avant toute décision définitive sur Hinkley Point. "S'il y a besoin de renoncer encore aux dividendes, nous le ferons", a déclaré ce jeudi M. Macron. Les arbitrages seront pris "d'ici le début du mois de mai", a ajouté le ministre. L'assemblée générale du groupe est prévue le 12 mai.

L'Etat a choisi cette année de recevoir le dividende d'EDF en actions plutôt qu'en numéraire, évitant au groupe de débourser 1,8 milliard d'euros. "Le ministre est venu dire que l'Etat soutiendra en toutes circonstances EDF", s'est réjoui M. Lévy, qui a accueilli le ministre à la centrale. A la Bourse de Paris, l'action EDF a terminé en hausse de 0,68% à 9,76 euros dans un marché en repli de 0,60%.

Selon le magazine Challenges, l'Etat pourrait s'engager à recevoir le dividende en actions "sur les cinq prochaines années", ce qui représenterait "11,7 milliards" de trésorerie préservée pour EDF. "Ma calculette ne dit pas la même chose", a dit M. Lévy à ce propos. "L'Etat prendra sa part de responsabilité (...) en étant sûr que chacune et chacun fait sa part d'efforts", a toutefois souligné M. Macron, appelant notamment EDF, déjà engagé dans des réductions de coûts et des cessions d'actifs, à "faire des efforts sur les dépenses courantes".

Le ministre était aussi venu à Civaux pour "(s)'expliquer" devant les salariés du groupe après des propos tenus la semaine dernière à l'Assemblée nationale qui avaient suscité de la colère, et qui ont poussé ce jeudi une centaine de salariés d'EDF à accueillir à grand bruit le ministre devant la centrale. "Quel mépris pour les femmes et les hommes d'EDF!", a jugé Sébastien Menesplier, secrétaire général adjoint de la Fédération CGT mines-énergie, devant la centrale. "J'ai conscience que ça a été mal pris par certains, je suis aussi venu m'en expliquer parce que (...) ce n'était pas une attaque", a voulu rassurer M. Macron, qui s'est entretenu avec des représentants syndicaux du site. Mais il n'a pas cédé sur le fond, répétant que "le compromis social, il a été trop généreux", pendant les dernières décennies, citant des "protections" sociales historiques ou les augmentations salariales.

Au même moment à Levallois près de Paris, tous les syndicats d'EDF (CGT, CFE-CGC, CFDT et FO) ont quitté la réunion du comité central d'entreprise, estimant que les conditions d'un dialogue social "serein" n'étaient "pas réunies", regrettant que le ministre "s'invite" à Civaux "plutôt que de retirer ses propos erronés et provocateurs à l'encontre du personnel EDF".

EDF, qui affiche un endettement net de 37,4 milliards d'euros, doit financer dans les prochaines années le rachat de la branche réacteurs d'Areva, le programme de maintenance lourde des 58 réacteurs français et le projet d'Hinkley Point. Les salariés présents ont rappelé leur volonté de voir reporter ce projet et leur opposition à une possible ouverture du capital de RTE, la filiale à 100% d'EDF qui gère le réseau de transport d'électricité.

Sur le premier sujet, les problèmes d'EDF "existaient avant et sans Hinkley Point", a affirmé M. Macron, rappelant que c'est la faiblesse actuelle des prix du marché de l'électricité et l'exposition croissante d'EDF à la concurrence qui placent le groupe "dans une situation difficile". "Le problème que nous avons à résoudre c'est: +c'est quoi EDF dans un monde avec un prix de marché à 26 euros (le mégawattheure)", trop bas pour financer des investissements nouveaux, a renchéri M. Lévy. Concernant RTE, M. Macron a estimé que l'ouverture du capital à des investisseurs publics, et "peut-être pas uniquement", pouvait constituer "un levier".

 

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