Engie accélère sa transformation après une année 2015 dans le rouge

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 25 février 2016 - 16:27
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Le logo d'Engie.
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Engie veut mettre l'accent sur les énergies bas carbone, les services énergétiques et les activités à prix régulés ou contractés.
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Engie veut devenir le leader de la transition énergétique et a donc décidé de "lancer une transformation profonde" de son activité. Traduction concrète: un plan de transformation qui court jusqu'en 2018 et met l'accent sur les énergies bas carbone, laissant craindre des coupes dans le personnel aux syndicats.

Engie a annoncé ce jeudi 25 qu'il allait accélérer son virage stratégique avec l'ambition de devenir le leader de la transition énergétique, dans un environnement difficile qui l'a fait retomber dans le rouge en 2015. Face aux "bouleversements sans précédent" du monde énergétique, "le groupe a décidé de lancer une transformation profonde", a indiqué son PDG Gérard Mestrallet.

Ce plan de transformation, qui se déclinera jusqu'en 2018, prévoit de mettre l'accent sur les énergies bas carbone, les services énergétiques et les activités à prix régulés ou contractés, moins risquées que celles exposées aux prix de marché, en chute du fait de surcapacités chroniques. "Nous nous appuyons sur ces trois métiers pour bâtir notre vision de l'avenir d'Engie, qui est d'être non plus seulement un fournisseur de gaz et d'électricité, mais un apporteur de solutions énergétiques et digitales globales pour un monde décarboné", a expliqué M. Mestrallet. "Nous voulons donc aller plus loin et très vite. Le projet d'entreprise vise précisément à renforcer la transformation du groupe avec pour ambition d'être leader de la transition énergétique dans le monde", a-t-il ajouté, jugeant ce mouvement "mondial" et "irréversible".

Pour y arriver, le groupe détenu à environ 33% par l'Etat français compte réaliser 22 milliards d'euros d'investissements et céder pour 15 milliards d'euros d'actifs à l'horizon 2018. Plus d'un tiers de ces cessions a déjà été effectué grâce à la vente de 13 gigawatts de capacités de production électriques au charbon et au gaz essentiellement, dont 10 GW aux Etats-Unis et 3 GW en Inde et en Indonésie.

Peu avant la conférence mondiale sur le climat de décembre à Paris, l'énergéticien avait déjà renoncé à investir dans de nouveaux projets dans cette énergie fossile très polluante, une décision répondant à des préoccupations à la fois écologiques et économiques. Parmi les actifs cédés pourraient également figurer l'exploration-production et d'autres activités ne cadrant pas avec les nouvelles orientations. Engie (ex-GDF Suez) pourrait en outre accueillir des partenaires minoritaires au capital de sa nouvelle entité Benelux, qui chapeaute notamment les sept réacteurs nucléaires exploités par Electrabel en Belgique. "Ce n'est pas exclu, mais ce n'est pas décidé", a insisté Gérard Mestrallet devant les analystes.

Parallèlement, le groupe continuera à réaliser des acquisitions ciblées dans ses nouveaux axes de développement. Il vient de racheter la société californienne de services énergétiques OpTerra et envisage d'acquérir un acteur néerlandais de l'éolien, a indiqué M. Mestrallet lors d'une conférence de presse. Comme le patron de Suez la veille, le PDG a toutefois assuré n'avoir pas discuté d'un rapprochement avec le spécialiste de la gestion de l'eau et des déchets dont il détient environ 33%, mais il a annoncé la création d'une coentreprise dans le biogaz. Ces annonces faisaient grimper le titre de 2,93% à 13,88 euros vers 13h35. "Cette réduction du profil de risque est clairement positive", ont estimé les analystes de Morgan Stanley.

Le plan de transformation s'accompagnera d'un programme d'économies de coûts opérationnels ("Lean 2018") d'un milliard d'euros à l'horizon 2018, a par ailleurs indiqué Isabelle Kocher, numéro deux d'Engie dont elle prendra les rênes comme directrice générale en mai, aux côtés de Gérard Mestrallet qui restera président non exécutif pour deux ans de plus.

Craignant des coupes parmi les 155.000 salariés, les syndicats d'Engie s'étaient dits inquiets mardi 23 d'un nouveau plan de rigueur, mais le PDG s'est voulu rassurant: "il y aura des évolutions dans les domaines concernés et sûrement des personnes qui vont passer d'une activité à une autre. Nous avons d'ailleurs une tradition dans le groupe de gérer toutes les transformations de manière socialement responsable".

Le contexte énergétique dégradé a valu à Engie de retomber dans le rouge l'an dernier, comme en 2013. L'énergéticien a enregistré une perte nette de 4,6 milliards d'euros en raison de dépréciations massives dans l'exploration-production et la production d'électricité. Il a manqué de peu les objectifs qu'il s'était fixés pour 2015, avec un excédent brut d'exploitation (Ebitda) de 11,3 milliards d'euros (-7,2%) et un bénéfice net récurrent de 2,6 milliards (-5%), pour un chiffre d'affaires en repli de 6,4% à 69,9 milliards d'euros.

Le groupe anticipe un bénéfice net récurrent compris entre 2,4 et 2,7 milliards d'euros en 2016 et un Ebitda compris entre 10,8 et 11,4 milliards d'euros (hors cessions). D'ici trois ans, cet indicateur de performance devrait être soutenu à plus de 85% par des activités régulées et à plus de 90% sur des activités peu émettrices de CO2. Engie a également prévenu que son dividende, stable à 1 euro par action en 2015 et cette année, serait abaissé à 0,70 euro par action pour les exercices 2017 et 2018.

 

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