France : le micro-crédit, un tremplin vers l'emploi

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 30 janvier 2017 - 13:23
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Des billets de banques en euro.
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©Thomas Coex/AFP
De nombreux jeunes, seniors et autres personnes touchées par le chômage ou la précarité ont été accompagnées par l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie).
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Après avoir tenté en vain d'exercer son métier d'artisan-boulanger, et enchaîné les petits boulots, Apolline Colle a créé à 22 ans son activité de traiteur, aidée par l'association Adie, pionnière du microcrédit en France.

De nombreux jeunes, seniors et autres personnes touchées par le chômage ou la précarité ont été accompagnées par l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), qui organise de ce lundi 30 à vendredi 3 février la 12e édition d'une semaine d'information.

Au programme de cet "Adie festival": des ateliers pratiques en régions et une après-midi de débats mardi, à la Grande halle de la Villette à Paris. Créée en 1989 sur le modèle de la banque fondée au Bangladesh par Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006, l'Adie finance et accompagne des créateurs d'entreprises n'ayant pas accès aux crédits bancaires.

Quand elle a terminé sa formation d'artisan-boulanger, Apolline Colle n'a pas réussi à trouver un emploi dans sa branche. "Dans ce métier d'hommes, on ne veut pas de femmes au fournil", témoigne-t-elle auprès de l'AFP.

Elle a alors enchaîné les contrats courts, "caissière, postière, femme de ménage, assistante paysagiste, secrétaire, dans la sécurité, la manutention ou en usine". Soit une vingtaine d'employeurs "en trois ou quatre ans". La sachant bonne cuisinière, son entourage a poussé cette habitante de Valdoie (territoire de Belfort) à monter "La cuisine d'Apolline", qui fournit des petits fours pour les cocktails d'entreprises. "J'ai commencé en janvier 2014, avec 10 euros de trésorerie et un couteau".

Orientée vers l'Adie, elle a emprunté 4.000 euros pour acheter un véhicule de livraison. Trois ans plus tard, à 25 ans, elle continue de faire tourner toute seule son entreprise. "Mon objectif est que cette année, ma marge soit l'équivalent d'un smic par mois".

Même si son budget reste très serré, elle se dit "épanouie" et rêve de monter "un restaurant-cabaret pour combiner (ses) deux passions, la cuisine et la danse". L'Adie s'adresse aux personnes en difficulté d'insertion professionnelle de tous âges et origines sociales. Selon son président, Frédéric Lavenir, 45% vivent en dessous du seuil de pauvreté quand ils se tournent vers l'association, près de 40% perçoivent les minima sociaux et près de 30% n'ont aucun diplôme.

63% des entreprises créées étaient encore en activité au bout de trois ans, selon une enquête réalisée en décembre 2016 auprès de 2.071 personnes ayant créé leur entreprise avec un prêt de l'Adie entre la mi-2013 et la mi-2015.

Ce taux de pérennité est "quasiment le même que celui de la moyenne des créations d'entreprises individuelles en France", se félicite M. Lavenir. "Cela montre que quand on donne cette opportunité à des gens qui sont en situation d'exclusion de crédit, et souvent d'exclusion sociale, ils sont aussi bons que les autres".

Autre indicateur, 84% des personnes interrogées étaient en activité fin 2016, soit dans l'entreprise qu'ils ont créées initialement, soit dans une autre création ou dans un emploi salarié. Au-delà de l'efficacité économique, "il y a quelque chose qui n'est pas mesurable", ajoute M. Lavenir. "Remise en confiance, fierté, reconstitution de lien social ...".

Parmi les domaines d'activité des personnes financées, le commerce représente 38%, les services 25%, la restauration/hôtellerie 9%. Brahim Hennana, 45 ans, a acquis son premier "foodtruck éco-solidaire" avec un micro-crédit de 10.000 euros contracté en 2013.

Ce consultant automobile de la région parisienne avait perdu son emploi avec la crise de 2008. Après plus d'un an au chômage, il a suivi plusieurs formations et investi ses économies pour lancer en 2014 sa société "Rouge Basilic", qui regroupe la vente ambulante de burgers, bagels et pizzas, et une activité de traiteur. Après un premier accident à l'été 2014, son camion a été vandalisé en septembre 2016 et n'est pas encore réparé. Mais "je reste motivé", assure-t-il. "Mon seul regret est de ne pas m'être lancé à 20 ans".

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