Isabelle Kocher, directrice générale d'Engie, évoque à demi-mot un désintérêt du nucléaire pour l'avenir
Elle ne l'a pas déclaré explicitement mais ce sera sans doute le message qui restera entre les lignes: Isabelle Kocher, directrice générale du géant énergétique Engie, a expliqué ce mercredi 15 au micro d'Europe 1 que "le nucléaire neuf, c'est compliqué et très cher". Elle laisse donc entendre que la France pourrait ne jamais se lancer dans le développement de nouveaux réacteurs et donc se retirer peu à peu de l'énergie atomique à mesure que les installations existantes vont connaître leur fin de vie.
La dirigeante était l'invitée de Patrick Cohen pour évoquer notamment le succès affiché par Engie dans la transition de sa production énergétique. "Nous nous sommes donné trois ans pour être à 100% dans ce nouveau monde de l'énergie. Ça n'est pas habituel de transformer un groupe de cette taille à cette vitesse, mais c'est nécessaire" explique Isabelle Kocher qui annonce que les premières échéances sont arrivées et que les objectifs ont été tenus. "Nous sommes en avance sur tous nos points de passage. Dans ce reprofilage qui consiste à arrêter ou vendre 20% de nos activités, nous avons fait 80% du chemin".
Mais c'est lorsque l'échange passe sur la question du nucléaire que l'indice est lâché. Dans un premier temps, la dirigeante tient à dresser un portrait flatteur de l'atome, qu'elle estime être encore une source pertinente de production énergétique. "Le nucléaire c'est décarbonné et c'est efficace. C'est compétitif, ça ne coûte pas très cher, les centrales sont amorties. Tant que l'Autorité de sûreté valide la capacité des centrales à durer, c’est intelligent de le faire". Soit. Mais quand le futur du nucléaire "made in France" est évoqué, le discours n'est plus tout à fait le même: "Le nucléaire neuf, je pense que c'est plus compliqué. C'est très cher maintenant. Et comme on voit le prix d'autres énergies décarbonées baisser rapidement, je pense que les courbes vont se croiser".
Autrement dit, pour la directrice d'Engie, viendra le temps où le nucléaire n'aura plus de pertinence économique. Si celle qui a pris son poste en 2016 voulait laisser entendre que le nucléaire, malgré ses avantages, n'est pas l'avenir du mix énergétique français, elle ne s'y serait sans doute pas pris autrement.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.