Jérôme Kerviel : le procès en appel de l'ex-trader devant la cour d'appel de Versailles

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 15 juin 2016 - 17:54
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Jérôme Kerviel en septembre 2014.
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©Philippe Wojazer/Reuters
La Cour de cassation a confirmé en 2014 la condamnation de Jérôme Kerviel à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour abus de confiance.
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Le procès en appel de l'ancien trader Jérôme Kerviel s'est ouvert ce mercredi devant la cour d'appel de Versailles. La Société Générale lui réclame 4,9 milliards d'euros de dommages-intérêts.

Le procès en appel de Jérôme Kerviel a débuté ce mercredi 15 devant la cour d'appel de Versailles sur une première passe d'armes entre avocats de l'ancien trader et de la Société Générale, son ex-employeur, qui lui réclame 4,9 milliards d'euros de dommages-intérêts. Le ton est donné par l'avocat de la défense, Me David Koubbi, dès avant l'audience. "L'enjeu, ici, c'est d'évaluer les fautes de la Société Générale. C'est ça que nous sommes venus jouer pour partie. Et en toile de fond, il y a les dysfonctionnements que nous dénonçons depuis l'origine", indique-t-il devant les caméras, flanqué de son client, cheveux courts et barbe de trois jours.

La Cour de cassation a confirmé en 2014 la condamnation de Jérôme Kerviel à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour abus de confiance, mais cassé les dommages-intérêts qui lui étaient réclamés par la banque, demandant un nouveau procès sur cet aspect seulement. Argument de la plus haute juridiction française: le géant bancaire a failli dans ses mécanismes de contrôle et ne peut donc prétendre à un dédommagement couvrant intégralement les pertes imputées à l'ex-trader.

Premier trait lancé ce mercredi à la partie civile, pour ce procès qui doit durer trois jours: Me Koubbi demande à la cour d'entendre comme témoins trois des quatre avocats de la Société Générale présents, ce qui les obligerait à quitter le prétoire jusqu'à ce qu'ils soient appelés à la barre. L'avocat estime avoir des éléments permettant d'affirmer que ces conseils "ont participé à ce que cette justice soit truquée".  Les trois avocats visés, Me Jean Reinhart, Jean Veil et François Martineau, se retranchent aussitôt derrière leur obligation de secret professionnel, appuyés en cela par le ministère public, le bâtonnier du barreau de Versailles et un représentant du bâtonnier du barreau de Paris.

Listant une série de "menaces ou d'actes d'intimidation" émanant de son confrère de la défense depuis le procès en première instance de l'ex-trader en juin 2010, Me Veil indique qu'il "envisage de porter plainte". "Je n'accepte pas dans ces conditions d'être entendu comme témoin", lance-t-il. L'opération en forme de provocation de Me Koubbi est vite soldée par le président de la cour d'appel Patrick Wyon: "La cour prend acte du refus des avocats de la partie civile de témoigner".

La cour d'appel de Versailles doit maintenant déterminer si, oui ou non, "des fautes ont été commises par la Société Générale; si oui, quelle en était la nature"; et doit-il dans ce cas y avoir "partage des responsabilités" entre l'ex-employé et l'ex-employeur, résume M. Wyon. Les pertes engendrées par les opérations boursières frauduleuses de Jérôme Kerviel ont été "évaluées par la Société Générale à 4.915.610.154 euros", une somme confirmée notamment par les commissaires aux comptes et par la Commission bancaire, a rappelé le magistrat. Mais la défense estime que cette somme est "purement déclaratoire" et sa véracité "pas établie", dit-il encore.

Quand il demande au prévenu, veste et pantalon noirs, de dire la raison de son appel, Jérôme Kerviel reste succinct: "Parce que le jugement rendu par la cour d'appel de Paris et cassé par la Cour de cassation ne correspond pas à la vérité telle que je l'ai vécue". Jérôme Kerviel, brièvement incarcéré après sa mise en examen en février 2008, n'est plus sous bracelet électronique depuis juin 2015. Interdit d'exercer toute activité en lien avec les marchés financiers, l'ex-trader a précisé à la barre gérer actuellement deux sociétés de conseil, créées avec un ami.

Il a connu la semaine dernière son premier succès judiciaire depuis le début de l'affaire le 24 janvier 2008: le conseil de prud'hommes de Paris a condamné la banque à lui payer quelque 455.000 euros, estimant qu'il avait été licencié "sans cause réelle ni sérieuse" et dans des conditions "vexatoires".

 

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