Le championnat de hockey sur glace, visible en intégralité sur Internet et par abonnement

Auteur(s)
Damien Durand
Publié le 12 septembre 2016 - 16:55
Mis à jour le 14 septembre 2016 - 10:00
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Le début d'un match de hockey sur glace.
Crédits
©Caroline Alexandre/Flickr
La Saxoprint Ligue Magnus débute mardi 13 septembre.
©Caroline Alexandre/Flickr
L'expérience sera suivie de près par les sports dits "mineurs" qui se cherchent un modèle économique de diffusion: l'intégralité de la saison de hockey sur glace (environ 350 matchs) sera mis en ligne par une société d'origine finlandaise qui la proposera aux fans moyennant un abonnement.

Premier coup de patin ce soir pour l’édition 2016-2017 de la "Saxoprint Ligue Magnus", le championnat français de hockey sur glace. Et pour la première fois, l’ensemble de la compétition sera visible pour les accros de ce sport qui, sans non plus être "confidentiel", reste "mineur" loin, très loin derrière les mastodontes football et rugby. Inutile de chercher au fin fond des chaînes des bouquets satellites, cette année ce sera sur le web que cela se passera. Le diffuseur Fanseat, en partenariat avec la Fédération, promet de retransmettre tous les matchs sur sa plateforme de streaming, moyennant un abonnement de 7,99 euros mensuels. Ce qui fera du hockey sur glace un laboratoire intéressant pour le futur du sport-business sur la possibilité de rentabiliser un sport en se finançant via des abonnements de fans, sur un canal moins visible que la télévision.

"Nous pensons qu’il existe un vivier de spectateurs potentiels suffisamment important pour que cette opération soit rentable. Il est difficile de le cerner avec certitude, mais il existe une vraie communautés de fans de hockey, active sur les réseaux sociaux, et les patinoires sont déjà remplies en moyenne à 85% lors des matchs. Et les premiers retours que nous avons sont prometteurs" assure Jean-Maël Gineste, directeur général pour la France de Fanseat, qui espère une fourchette haute jusqu’à 10.000 abonnés.

Comment est-il possible cependant d’assurer la couverture complète d’un championnat professionnel avec un vivier de fans payant de "seulement" 10.000 clients maximum à court terme (à titre de comparaison, le réseau BeIN Sports revendique près de 3 millions d’abonnés). Réponse: en proposant une production à coûts réduits. Selon nos informations, le coût d’une retransmission d’un match de hockey par Fanseat sera d’environ 1.000 euros. Les matchs seront commentés par des personnels fournis par les clubs eux-mêmes, et ne seront pas employés (ni payés donc) par Fanseat, qui ne prendra en charge que les techniciens, et qui n’utiliseront en outre qu’une seule caméra. A titre de comparaison, les matchs actuellement diffusé par l’Equipe 21 (qui en programme six par saisons) reviennent à 25.000 euros par événement, avec des scores d’audience de 150.000 à 200.000 spectateurs.

Une stratégie qui pourrait paraître "low cost", mais qui a malgré tout des chances de réussir selon Michaël Tapiro fondateur et Président de l’école Sports Management School spécialisée dans les métiers du sport business: "Il n’y a pas forcément de culture de ce à quoi ressemble un match de hockey diffusé à la télévision, en France, il y a donc moins d'exigences techniques chez les spectateurs. Et ce n’est que le début, si la formule prend et que les revenus sont là, le niveau des diffusions s’amélioreront sans doute". De plus, le hockey sur glace arrive en diffusion massive à un moment propice: "Les diffuseurs sont à l’affût de nouveaux sports collectifs car le football devient trop cher. La preuve, vous voyez que Canal+ diffuse maintenant des matchs du championnat de National (troisième division, NDLR)". La chaîne cryptée, qui est également à l’origine de l’essor du rugby quand ce sport, hors Tournoi des VI Nations (et même "V Nations" avant 2000), était confidentiel, avait même tenté des paris plus audacieux en diffusant des compétitions de pelote basque pour trouver de nouveaux débouchés.

Et si Fanseat se lance dans l’aventure du hockey français, alors que rien ne l’empêchait d’ailleurs de choisir un autre championnat européen abordable financièrement, c’est aussi car l’entreprise croit à l’avenir d’un sport qui ne compte que 20.500 licenciés. En ligne de mire, le Championnat du monde 2017 qui se tiendra simultanément à Paris et à Cologne, et qui sera la vitrine idéal pour ce sport. Et un gros enjeu pour Fanseat: "Le hockey sur glace aura une grosse visibilité sur la période. Et cela pourra rejaillir sur l’intérêt porté au championnat. Peut-être même que de grosses chaînes de télévision désireront diffuser ponctuellement quelques matchs, que nous pourrions alors leur céder dans le cadre d’un partenariat, car nous avons les droits du championnat pour les trois prochaines années". Si l’avenir à court terme du hockey sur glace est sur le web, la reconnaissance suprême, y compris fianncière, se passera encore à la télévision.

 

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