L'euro vu comme un "totalitarisme supranational" selon Jean-François Faure
D'après un sondage OpinionWay réalisé pour Aucoffre.com, huit Français sur dix estiment que l'euro a fait diminuer leur pouvoir d'achat. Afin de comprendre pourquoi cette opinion est si largement véhiculée alors que les autorités européennes assurent du contraire, FranceSoir a interrogé le directeur de la société de vente et de stockage d'or, Jean-François Faure. Méfiance des individus envers les monnaies actuelles et idéalisme démocratique des jeunes seraient selon lui à l'origine de ce désamour.
> Pourquoi, comme il y a quinze ans, l'euro est perçu comme un facteur de baisse de pouvoir d'achat chez les Français?
" Il y a une quinzaine d'années, l'euro n'a pas simplement amené une nouvelle monnaie dans la poche des Français, il les a également obligés à revoir intégralement leur échelle de valeur. L'ennui, c'est justement que ce facteur de conversion, 6,55957, était tout sauf intuitif. De fait, les individus étant méfiants par nature, ils ont pu assez facilement arriver à la conclusion que ce chiffre à 5 décimales était surtout là pour les induire en erreur. D'un point de vue strictement statistique, on sait que le pouvoir d'achat des Français a progressé depuis 15 ans, même si aujourd'hui cette progression a ralenti (on est globalement passé de +2,5% par an à environ +1,7%). Mais il a progressé moins vite que certaines dépenses, comme les dépenses contraintes (logement, déplacements et plus récemment télécommunications) et les dépenses courantes. Enfin, il y a de plus en plus de célibataires et de familles monoparentales, ce qui signifie de plus en plus de ménages avec un seul salaire".
> Pourquoi la perspective d'un retour au franc attire-t-elle surtout des personnes qui ont, dans le sondage, moins de 24 ans et n'ont donc pas connu le franc?
"Pour beaucoup de jeunes européens, l'euro symbolise une forme de totalitarisme supranational qui ne laisse plus de place à la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes. Sociologiquement, les jeunes seraient également moins fidèles à une religion, plus individualistes que leurs aînés. De ce fait, leur euroscepticisme vient davantage d'un refus des vérités toutes faites professées par les partisans les plus zélés de l'euro, plutôt que d'une véritable défiance envers la monnaie unique".
> Pensez-vous que le jugement sévère que subit l'euro va s'adoucir avec le temps, alors qu'il n'en a rien été depuis 2002?
"Le problème de l'euro est le même que rencontrent toutes les autres devises, partout dans le monde. Autrefois, la quantité d'argent disponible dépendait de la richesse qu'on possédait. Aujourd'hui, la monnaie est non seulement basée sur la confiance (monnaie fiduciaire) mais elle est en outre désormais exclusivement créée par la dette. Ainsi, l'euro mais aussi toutes les autres devises qui s'échangent par milliards chaque seconde dans le monde n'ont plus aucune corrélation avec le moindre élément tangible. Or, depuis 2008, on a vu que ces politiques monétaires basées sur la dette étaient à la fois dangereuses, inconsistantes et surtout... spoliatrices! C'est pourquoi, les monnaies alternatives ou complémentaires jouent un rôle croissant en ramenant l'économie à l'échelle humaine, au niveau local".
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