Libra de Facebook : les grands équilibres monétaires vont-ils être modifiés ?

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La rédaction de France-Soir
Publié le 19 juin 2019 - 14:47
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L'un des cofondateurs de Facebook appelle dans une longue tribune au vitriol à démanteler le groupe
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© JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
Facebook ne devrait pas perturber les équilibres monétaires... pour l'instant.
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Facebook a officiellement annoncé mardi 18 le lancement de son Libra, sa "monnaie" qui devrait devenir réalité en 2020. Le géant californien ne devrait pas bouger en profondeur les lignes en évitant soigneusement à court terme les contraintes de la régulation bancaire.

L'annonce a fait grand bruit dans le monde de la tech… mais peut-être plus encore dans celui de la finance. Mardi 18, Facebook a dévoilé les premiers éléments de son projet de "monnaie", le Libra, qu'il espère mettre sur le marché d'ici 2020.

Le principe est simple: l'entreprise veut créer une monnaie dématérialisée que les utilisateurs pourront dépenser via les différentes applications de la galaxie Facebook (le réseau social Facebook donc, mais aussi les messageries Messenger et WhatsApp ou le site de publication d'images Instagram), ou sur des sites "partenaires" qui accepteront donc la devise Libra (Uber, Spotify ou Free ont par exemple donné leur accord). Il sera enfin possible de transférer l'argent de compte à compte partout sur la planète, pour les deux milliards de personnes possédant un compte Facebook. Autrement dit un bouleversement à l'échelle mondiale des transferts d'argent.

Si Facebook ne l'a pas exprimé explicitement, il n'est pas difficile de lire entre les lignes l'un des principaux public cible: les personnes résidant dans des Etats où le système monétaire s'avère instable. L'exemple le plus flagrant est bien sûr le Venezuela où l'inflation devrait atteindre cette année 10.000.000%. La monnaie n'ayant aucune valeur réelle sur le marché des changes –c'est l'Etat qui fixe d'ailleurs un taux de change officiel purement factice– mais Internet et Facebook étant accessibles, de nombreux habitants pourraient être tentés de "migrer" du bolivar au Libra. Ce dernier sera d'ailleurs indexé sur un panier de monnaie de référence (notamment le dollar, le yen et l'euro a priori) et sera donc plus stable qu'une "monnaie virtuelle" totalement dépendante des fluctuations de marché comme le Bitcoin.

Lire aussi: A New York, des experts de la blockchain loin de l'euphorie face à la remontée du bitcoin

Reste malgré tout un gros point d'interrogation: la réglementation. La filiale Calibra, qui servira à exploiter le futur Libra, n'est pas considéré stricto sensu comme une banque et échappe donc aux réglementations obligeant obligeants les banques à s'assurer un minimum d'actifs et à se soumettre à une régulation poussée. Or, il est difficile en l'état de savoir les garanties apportées par Facebook qui essaie de lever un matelas d'un milliard de dollars pour assurer la stabilité de sa future monnaie. Aucune banque ne s'est d'ailleurs jointe à la démarche pour le moment.

Calibra a malgré tout promis qu'elle se conformera aux réglementations contre le blanchiment d'argent et adoptera un processus KYC ("know your client", permettant de vérifier les identités des utilisateurs), laissant entrevoir les premiers contours d'une future "Banque Facebook". Cela signifie aussi qu'elle devra quitter la relative tolérance juridique actuelle pour se soumettre à une législation austère et qui exigera des garanties qui nécessiteront bien plus qu'un milliard de dollars pour être remplies. "Une décennie de travail nous attend" expliquait à ce propos David Marcus, le responsable du projet Libra chez Facebook dans une interview (voir ici). La révolution –aussi bien pour le secteur bancaire, pour le système monétaire international ou les utilisateurs des pays émergents– n'est donc pas pour tout de suite. Mais son jour fondateur aura peut-être été le mardi 18 juin.

Voir aussi:

Italie: Facebook ferme 23 pages véhiculant des "fake news"

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