Logement : une start-up évite la saisie aux propriétaires endettés

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 décembre 2016 - 08:42
Image
Une facture d'électricité.
Crédits
©Damien Meyer/AFP
Le vendeur, devenu locataire de sa maison à un loyer 20% inférieur au marché, dispose de 5 ans pour la racheter au même prix
©Damien Meyer/AFP
Quelque 15.000 biens immobiliers sont saisis chaque année en France, leurs propriétaires ayant plongé dans le surendettement après une maladie, un divorce ou une perte d'emploi. Une start-up permet à des investisseurs à la recherche d'un placement éthique de leur venir en aide.

Créée fin 2010 à Montpellier par l'ancien banquier Patrick Drack et le promoteur Christian Lachaux, la société de portage immobilier StayHome sort de l'ornière des propriétaires qui ne peuvent plus contracter de crédit bancaire quand ils sont, par exemple, fichés à la Banque de France.

"Quelque 240.000 particuliers en surendettement, ont souscrit un crédit immobilier. Or au bout de 3 échéances impayées, la banque entame une procédure judiciaire", rapporte M. Drack à l'AFP. "Nous faisons rencontrer aux propriétaires en difficulté un investisseur qui rachète temporairement leur bien 70 à 80% de sa valeur afin de solder leurs dettes".

Evitant le traumatisme d'une saisie, le vendeur, devenu locataire de sa maison à un loyer 20% inférieur au marché, dispose de 5 ans pour la racheter au même prix. StayHome perçoit une commission proche de celle d'un agent immobilier et l'investisseur se rémunère avec les loyers perçus pendant 1 an minimum, un placement offrant 6,5% d'intérêt.

Parmi ces propriétaires endettés: Mme S. qui, en 2010, s'apprêtait à passer une retraite paisible dans le sud-ouest où elle avait acheté 165.000 euros une villa dans une résidence Senior. "Nous avions une retraite confortable, avec 3.000 euros mensuels au total", raconte-t-elle.

Mais deux ans plus tard, le couple recueille un petit-fils de 18 ans traumatisé par une enfance difficile, sans emploi. "Nous ne supportions pas de le voir malheureux, alors nous avons été un peu trop généreux."Contraint de lui louer un logement indépendant -la résidence refusant tout occupant de moins de 55 ans-, le couple débourse 1.000 euros mensuels.

Etranglés, les S. accumulent 40.000 euros de dettes et se voient refuser toute aide par leur banquier, car ils sont inscrits au Fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP). "On ne propose aucune solution aux personnes surendettées, même si elles ont les moyens de s'en sortir. On allait tout nous saisir", déplore Mme S.

Contacté, StayHome trouve un investisseur qui verse 68.600 euros - de quoi apurer les dettes et "souffler un peu" pour le couple, qui paie 372 euros de loyer.

"Psychologiquement c'était dur, je me disais +Je n'ai plus rien+. Mais je suis soulagée: je n'ai plus de dettes et je vis exactement comme avant", dit Mme S.

Si le portage immobilier ressemble à la vente dite "à réméré", il s'avère bien moins onéreux et risqué, car dans celle-ci, "tout est fait pour que le pauvre vendeur se casse la figure et que l'investisseur récupère sa baraque à moitié prix", estime Hervé Le Hanneur.

Cet ex-officier de la Marine nationale a investi dans le portage, ce "système super honnête, qui rend service à tout le monde", dit-il. Il a racheté pour 113.000 euros, une maison proche de Cognac (Charente) à un septuagénaire incapable de rembourser son emprunt "après avoir aménagé sa maison pour sa femme malade".

Puis le fils du retraité "a eu un gros pépin de santé à son tour". En l'aidant financièrement, le septuagénaire n'a plus été en mesure de régler son loyer de 619 euros. Emu par ces difficultés, M. Le Hanneur ne perçoit pas de loyer jusqu'à ce son locataire "puisse s'en sortir". Il récupèrera son dû lors de la vente de la maison, souhaitée par le retraité, "mais pas à la va-vite, sous la menace du banquier".

A ce jour, 85% des 160 opérations se sont soldées par un rachat du bien, la start-up veillant à la solvabilité des vendeurs. Mais StayHome se veut tout aussi sélectif avec les investisseurs: "Ceux à la recherche de propriétaires qui ne pourront jamais racheter leur bien, on leur dit: +Pas chez nous+".

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.