Affaire des moteurs truqués : Martin Winterkorn, l'ex-patron de Volkswagen affirme n'avoir rien su

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 janvier 2017 - 14:09
Image
Volkswagen Logo
Crédits
©Mike Blake/Reuters
Martin Winterkorn affirme n'avoir rien su du trucage des moteurs diesel du groupe avant que le scandale n'éclate en septembre 2015.
©Mike Blake/Reuters
L'ex-patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, a balayé ce jeudi les accusations de dissimulation devant une commission parlementaire allemande, affirmant n'avoir rien su du trucage des moteurs diesel du groupe avant que le scandale n'éclate en septembre 2015.

Martin Winterkorn, ancien dirigeant  de Volkswagen de 69 ans, qui se plaisait à dire qu'il connaissait "chaque vis" de ses voitures, a démenti ce jeudi 19 avoir appris la manipulation dès l'été 2015 comme le soupçonnent notamment les autorités américaines: "ce n'est pas le cas", a-t-il martelé peu après 9h dans sa déclaration préliminaire, flanqué de deux avocats. "Je cherche encore aujourd'hui les réponses" aux questions soulevées par ce scandale monumental, a-t-il assuré. "Ca rend les gens furieux et moi aussi".

La presse doute cependant qu'il se plie au jeu des questions-réponses des députés. Pourtant, sa version des faits est "d'une importance particulière", avait estimé dans un communiqué le patron de la commission d'enquête créée en juillet, Herbert Behrens, du parti de gauche radicale Die Linke.

Il s'agit, selon M. Behrens, d'établir à quel moment "le directoire de VW en Allemagne a été informé" de la manipulation de 11 millions de ses véhicules dans le monde pour les faire passer pour moins polluants, une affaire révélée aux Etats-Unis.

Réunis pour plusieurs heures, les députés entendront aussi Matthias Wissmann, ancien ministre des Transports, devenu président de la Fédération de l'industrie automobile (VDA), ainsi que trois cadres dirigeants des marques Volkswagen, Audi et Opel.

Les autorités américaines, qui viennent de signer avec Volkswagen un accord réglant pour 4,3 milliards de dollars le volet pénal de l'affaire, outre les 17,5 milliards de dollars versés à titre d’indemnités, mettent clairement en cause l'ancienne direction depuis la récente inculpation pour fraude d'Olivier Schmidt, un cadre dirigeant.

D'après les aveux de M. Schmidt au FBI, la direction du géant aux 12 marques (Audi, Porsche, Skoda, etc) avait été informée de la supercherie à la mi-2015 mais avait décidé de garder le silence.

"Au lieu de plaider pour la reconnaissance de l'existence du logiciel truqueur auprès des autorités américaines, la direction exécutive de VW a autorisé qu'elle continue d'être dissimulée", a indiqué le département américain de la Justice, sans citer toutefois le nom de responsables.

Volkswagen a de son côté accepté de plaider coupable de "conspiration" et d'"obstruction à la justice" pour avoir détruit des documents afin de dissimuler ses agissements aux autorités américaines, mais l'accord final de 86 pages, consulté par l'AFP, ne clarifie pas les responsabilités au sein du groupe.

Or cette question est cruciale en Allemagne, où le parquet de Brunswick (nord), qui a ouvert une enquête pour "manipulation de cours", a reçu plus de 1.400 plaintes d'actionnaires s'estimant floués par la communication tardive du groupe et réclamant plus de 8 milliards d'euros de dommages-intérêts. La ligne de défense du groupe n'a, sur ce point, pas varié depuis plus d'un an: selon Volkswagen, le directoire n'a été informé que "fin août, début septembre" 2015 de ce gigantesque trucage.

Mais dimanche, le quotidien populaire Bild citait un participant à une réunion organisée le 27 juillet 2015 avec la direction de VW, selon lequel les dirigeants ont évoqué "le fait que quelque chose d'illégal était installé sur nos voitures", avant de s'interroger sur l'attitude à adopter.

Martin Winterkorn, réputé pour son perfectionnisme et surnommé "M. Qualité" au sein du groupe qu'il dirigeait depuis 2007, aurait dit à un technicien: "toi et ton logiciel !", affirme Bild, évoquant le témoignage d'un ingénieur auprès de la justice allemande. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung et les chaînes publiques régionales WDR et NDR, deux "témoins capitaux" ont expliqué aux autorités américaines avoir soulevé le problème dès 2012 et 2014 auprès de M. Winterkorn.

La commission parlementaire a déjà entendu mi-décembre le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel, qui affirme n'avoir rien su avant la révélation publique du scandale, et veut auditionner la chancelière, Angela Merkel, le 8 mars.

 

À LIRE AUSSI

Image
Volkswagen Logo
Dieselgate : inaction et mauvaise administration ont favorisé le scandale Volkswagen
L'inaction de la Commission européenne et des Etats membres, la mauvaise administration et un certain flou juridique ont favorisé l'éclatement du scandale des moteurs ...
19 décembre 2016 - 15:13
Tendances éco
Image
Logo Volkswagen
Volkswagen va supprimer 30.000 emplois dans le monde
La marque automobile Volkswagen compte supprimer 300.000 emplois dans le monde, dont 23.000 en Allemagne, a-t-elle annoncé ce vendredi. Le but étant d'augmenter un chi...
18 novembre 2016 - 16:54
Tendances éco
Image
Logo Volkswagen
Dieselgate : les plaintes des investisseurs contre Volkswagen arrivent par camions entiers
Les plaintes contre Volkswagen arrivent par centaines en Allemagne. Suite au Dieselgate qui a fait s'effondrer la valeur du constructeur en bourse, de nombreux investi...
21 septembre 2016 - 15:33
Tendances éco

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.