Brésil : l'agriculture biologique fait son chemin dans le pays qui assoit sa place de puissance agricole mondiale
Le pays a longtemps été pointé du doigt pour son agriculture massive et peu respectueuse de la planète, alors que son secteur primaire est l'un des leaders mondiaux sur certaines productions (comme le soja notamment). Le Brésil est pourtant en train de faire sa mue et de se tourner –partiellement– vers une agriculture raisonnée. Ce qui, eu égard à la taille du pays et à son potentiel à l'échelle planétaire, représente une mutation pour le monde entier.
Au tournant de la décennie en effet, le géant s'est tourné vers l'agriculture biologique à la fois pour son marché export, mais aussi pour son (vaste) marché intérieur qui capte dans les faits deux tiers de la production écologiquement responsable.
Entre 2012 et 2015, le nombre d'exploitations agricoles certifiées bio a triplé pour dépasser les 10.000. Un plan national d'agro-écologie a été lancé dans le pays en 2013 avec 3,3 milliards d'euros injectés sur trois ans pour développer ces productions qualitatives. Mais pas seulement: le pays voit en effet l'agriculture biologique et sa logique de récupération/transformation des déchets comme un moyen d'améliorer son autosuffisance dans la production agricole. Le pays, tout géant qu'il est, importe toujours 70% de ses fertilisants malgré son potentiel conséquent sur ce domaine. Mais son précédent modèle agricole, purement extensif, peinait à explorer cette piste.
La question de l'agriculture bio au Brésil dépasse d'ailleurs la seule sphère du secteur primaire puisque le pays s'est engagé dans un vaste plan d'éducation de sa population en mettant notamment les élèves, via les cantines scolaires, en contact avec ces productions agricoles qualitatives. Reste plusieurs défis à relever cependant. Primo, le pays doit se battre pour étendre ces bonnes pratiques de consommation en dehors des principales zones urbaines du pays, et parvenir à réduire les inégalités alimentaires qui se calquent naturellement sur les autres inégalités économiques. Secundo, plusieurs productions demeurent encore rétives à l'agriculture biologique. Plus de 90% du soja, dont le Brésil est le deuxième producteur et exportateur mondial, est aujourd'hui produit à parti d'organismes génétiquement modifiés (OGM). D'ailleurs, la surproduction issue de ces méthodes extensives font peser une pression à la baisse sur les cours mondiaux du soja, mettant en difficulté de plus petits producteurs qui, ailleurs dans le monde, ne peuvent se rattraper sur les volumes.
A presque 9.000 kilomètres de l'Hexagone, ce sont donc les mêmes enjeux qui animent les agriculteurs à l'un et l'autre bout de l'océan Atlantique. Norme environnementale, nécessité d'une agriculture responsable et prix de marché permettant de dégager un revenu digne pour les professionnels, la France et le Brésil –respectivement première puissance agricole européenne et le quatrième exportateur mondial– partagent les mêmes enjeux… et les mêmes solutions.
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