Brexit : l'Union européenne durcit le ton face au gouvernement britannique

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 07 octobre 2016 - 21:07
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Les drapeaux du Royaume-Uni et de l'Union européenne
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Theresa May et ses ministres multiplient les gages aux partisans d'une sortie claire et nette de l'Union européenne.
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L'Union européenne a annoncé qu'elle se montrerait intransigeante envers le gouvernement britannique engagé sur la voie d'un Brexit sans compromis. "On ne peut pas être un pied dehors et un pied dedans", a expliqué le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors d'un colloque à Paris.

Les Européens ont nettement durci le ton vendredi face à un gouvernement britannique engagé sur la voie d'un Brexit sans compromis, avertissant qu'ils se montreraient "intransigeants" face aux "manoeuvres" de la Grande-Bretagne. Cette escalade verbale de part et d'autre de la Manche autour des conditions de la sortie annoncée du Royaume uni de l'Union européenne a entraîné un crash éclair de la livre ce vendredi 7 au matin. La monnaie britannique redressait toutefois la tête vers 10h30 GMT, revenant à 1,23 dollar après avoir chuté à 1,1841 dollar, un nouveau plus bas depuis 1985. L'euro valait 90 pence.

"On ne peut pas être un pied dehors et un pied dedans", a sèchement lancé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors d'un colloque à Paris. "Sur ce point, nous devons être intransigeants. Je vois les manœuvres", a averti le dirigeant européen, soutenu par le Premier ministre français Manuel Valls, qui s'est exprimé à ses cotés. "Si nous commençons à détricoter le marché intérieur en (nous) mettant à disposition (...) du bon vouloir d’un Etat qui a décidé de (partir), nous inaugurerons la fin de l’Europe", a-t-il averti.

Ce coup de semonce de Bruxelles intervient alors que les principaux pays européens n'ont guère goûté le récent raidissement de la Première ministre Theresa May. "Nous n'allons pas quitter l'UE pour abandonner de nouveau le contrôle de l'immigration", a-t-elle martelé mercredi 5, en clôturant le congrès des Tories à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre. Ses propos ont fait réagir à Paris, où le président français François Hollande a lui aussi plaidé jeudi 6 la "fermeté" dans les futures négociations avec Londres. "Il faut qu'il y ait une menace, il faut qu'il y ait un risque, il faut qu'il y ait un prix", a lancé M. Hollande. "Le Royaume-Uni a décidé de faire un Brexit, je crois même un Brexit dur, eh bien, il faut aller jusqu'au bout de la volonté des Britanniques de sortir de l'Union européenne".

Depuis le début du congrès de son parti conservateur dimanche 2, Theresa May et ses ministres ont multiplié les gages aux partisans d'une sortie claire et nette de l'Union européenne, laissant entrevoir la perspective d'un Brexit sans concessions. La ministre de l'Intérieur, Amber Rudd, a ainsi dévoilé un plan pour encourager les entreprises à publier une liste de leurs employés non-britanniques et privilégier la main d’œuvre nationale. Avec l'objectif de ramener le solde migratoire, actuellement de 330.000 par an, sous la barre des 100.000. Mais pour M. Juncker, "si le Royaume-Uni veut avoir un libre accès au marché intérieur, (il faut) que toutes les règles et que toutes les libertés qui entourent le marché intérieur soient intégralement respectées".

En clair, le gouvernement britannique ne peut limiter la libre circulation ou les droits des citoyens de l'Union européenne sur son territoire s'il veut préserver son accès au marché unique. La chancelière allemande Angela Merkel a elle aussi réitéré cette condition sine qua non jeudi. "Si nous ne disons pas que le plein accès au marché intérieur (européen) est lié à la pleine et entière liberté de circulation, alors nous déclencherons un mouvement qui s'étendra dans toute l'Europe où chacun fera juste ce qu'il voudra". "Cela ne sera pas des négociations aisées", a-t-elle reconnu devant les patrons de l'industrie allemande, en demandant leur soutien.

En filigrane, les dirigeants européens laissent transparaître la crainte que les milieux économiques s'engagent dans des négociations parallèles, au risque d'affaiblir la position de Bruxelles. "Le Royaume-Uni, son gouvernement, les milieux qui sont proches de lui, sont déjà en train d’expliquer aux industriels du continent (...) qu'il faudra tout de même que les relations soient le plus amicales possible", a observé Jean-Claude Juncker. Mais "il ne faudrait pas que des pans entiers de l’industrie européenne s’engagent dans des pourparlers secrets, dans des chambres noires, rideaux tirés avec les envoyés du gouvernement britannique", a-t-il mis en garde.

 

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