CETA : la Belgique sous pression de l'UE, la Wallonie ne plie pas

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 octobre 2016 - 13:09
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Des opposants au CETA.
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©John Thys/AFP
Le chef de gouvernement de Wallonie a fait qu'il considérait qu'un tel ultimatum "n'était pas compatible avec le processus démocratique".
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La Wallonie n'a pas répondu à l'ultimatum donné par le président du Conseil européen Donald Tusk, quant à la signature Traité de libre-échange UE-Canada (CETA). La région francophone de Belgique continue ainsi de bloquer l'accord, décrié pour le pouvoir qu'il donnerait aux multinationales.

La Belgique était sous intense pression ce lundi 24 pour donner son accord à la signature du Traité de libre-échange UE-Canada, prévue jeudi à Bruxelles, mais les chances de faire plier la résistance de la Wallonie au CETA paraissent désormais quasi nulles. "Il ne sera pas possible de respecter l'ultimatum" fixé à lundi soir, a répété le président du Parlement de Wallonie, André Antoine, dans la matinée à la radio belge RTL.

La Belgique est le seul des 28 pays de l'Union européenne qui se trouve dans l'impossibilité de signer le CETA, un accord concernant plus de 500 millions d'Européens, en raison du blocage de cette région francophone du sud du pays de 3,6 millions d'habitants. Cette paralysie fragilise davantage une Union en pleine crise, déjà fortement ébranlée par le Brexit, qu'elle va très probablement devoir négocier au printemps prochain avec Londres.

Le président du Conseil européen -qui représente les 28 Etats de l'UE-, Donald Tusk a donné dimanche à la Belgique jusqu'à lundi soir pour dire si - "oui ou non" - elle peut signer le CETA, mais l'ultimatum a d'ores et déjà été rejeté par la région belge de Wallonie qui bloque l'accord depuis plusieurs jours.

Sans le feu vert de la Belgique, le sommet et la signature programmés jeudi 27 à Bruxelles, en présence du Premier ministre canadien Justin Trudeau, seront annulés.

Dimanche soir, le chef de gouvernement de Wallonie, Paul Magnette, avait fait savoir, par son porte-parole à l'AFP, qu'il considérait qu'un tel ultimatum "n'était pas compatible avec le processus démocratique". Il "a toujours refusé de s'installer dans un timing contraignant", avait souligné le porte-parole.

Lundi matin, André Antoine, le président de l'assemblée wallone, a réclamé davantage de temps pour que la Wallonie puisse étudier les textes, évitant toutefois de répondre à la question de savoir combien cela prendrait précisément.

"Demain il y aura un Traité avec les Américains, des Japonais et des Chinois, il faut dès lors une base juridique solide" avec les Canadiens "que nous adorons", a plaidé M. Antoine. Manifestation contre le traité de libre-échange avec le Canada (CETA), le 18 octobre 2016 devant le Parlement à Namur.

La Wallonie voit dans le CETA les prémices du traité TTIP (ou Tafta), très impopulaire, que l'UE négocie très laborieusement avec les Etats-Unis, et réclame plus de garanties face aux puissantes multinationales.

"Nous sommes devant une marmelade de texte, j'ai 300 pages de traité, 1.300 pages d'annexes. J'ai deux déclarations interprétatives (du projet de traité), même peut être trois", etc., a expliqué M. Antoine.

Interrogé si la Wallonie était tel le héros de bandes dessinées gaulois résistant à l'envahisseur romain, il a répondu: "Nous ne sommes pas Astérix, car on n'a pas la potion magique, on a simplement la force de nos convictions".

Lundi en début d'après-midi, le gouvernement du Premier ministre belge Charles Michel a convoqué une réunion du +comité de concertation+ --qui regroupe toutes les entités fédérées de Belgique, les francophones, les néerlandophones et la germanophone, ainsi que le gouvernement fédéral-- destiné à faire le point.

Ce sera la première fois que la Wallonie se retrouvera face à face avec une Flandre très irritée, plus riche que la partie francophone du royaume et seule région de Belgique qui est favorable à une signature du Traité. Selon les analystes, le socialiste Paul Magnette est sous pression de sa base en Wallonie, car le PS craint de se laisser déborder à gauche par le Parti du travail de Belgique (PTB).

Les services de la Commission européenne avaient transmis dimanche matin au socialiste Paul Magnette, et au représentant permanent de la Belgique auprès de l'UE, un document sensé le rassurer sur certaines parties du traité.

Ce texte qui concerne le volet très sensible de la protection des investissements -traitant de la possibilité donnée aux multinationales investissant dans un pays étranger de porter plainte contre un Etat adoptant une politique publique contraire à leurs intérêts- a déçu le gouvernement wallon. Il estime qu'il ne va pas assez loin, a indiqué l'entourage de Paul Magnette à l'AFP.

 

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