Chine : Uber jette l'éponge face à son rival Didi Chuxing

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 01 août 2016 - 18:43
Image
Un téléphone affichant l'application Uber.
Crédits
©Nederstigt/Sipa
Le patron-fondateur d'Uber, Travis Kalanick, avait déclaré en février dernier que son entreprise brûlait "plus d'un milliard de dollars" par an en Chine.
©Nederstigt/Sipa
Uber va vendre ses activités en Chine à son principal rival sur ce marché, Didi Chuxing. En échange de ses actifs, l'entreprise américaine, spécialiste du transport de particuliers en VTC, recevra des parts équivalant à 20% de l'entité fusionnée.

Didi Chuxing, principale application chinoise de réservation de véhicules avec chauffeur, va racheter les opérations de son rival Uber en Chine, le mastodonte américain des VTC jetant l'éponge au terme d'une bataille ruineuse sur ce marché colossal... mais non rentable pour lui. En échange de ses actifs en Chine, Uber recevra des parts équivalant à 20% de l'entité fusionnée, ont expliqué ce lundi 1er les deux entreprises dans des déclarations distinctes. La valeur totale du nouveau groupe s'élèvera à 35 milliards de dollars selon Bloomberg News.

C'est la fin d'une guerre acharnée et toujours plus dispendieuse entre les deux rivaux, dans laquelle le géant californien aura englouti des milliards de dollars pour grappiller des parts d'un marché en plein essor. Uber a décidé d'arrêter les frais: en endiguant l'hémorragie de capitaux et ses pertes massives en Chine, l'américain pourra se dégager des marges d'investissement et se positionner pour une cotation prochaine en Bourse. Le patron-fondateur d'Uber Travis Kalanick s'est d'ailleurs longuement félicité sur Facebook: "Dès qu'on parlait de nos efforts en Chine, la plupart des gens nous trouvaient naïfs ou fous, ou les deux à la fois", a-t-il rappelé, avant de citer les fulgurants progrès d'Uber. Arrivée début 2014 dans le pays, l'entreprise y est désormais présente dans une soixantaine de villes, avec plus de 40 millions de trajets enregistrés chaque semaine.

Certes, Didi Chuxing, avec quelque 300 millions d'usagers inscrits à travers 400 villes, dominait l'an dernier 99% du marché chinois des réservations de taxi en ligne et 87% de celui des réservations de véhicules privés avec chauffeur. Mais sur ce créneau, Uber s'arroge désormais entre 10 et 15% de parts de marché --à coup d'investissements colossaux, en subventionnant largement les trajets des usagers. Une stratégie efficace, mais coûteuse: M. Kalanick révélait en février que son entreprise brûlait "plus d'un milliard de dollars" par an en Chine. "J'ai appris que le succès venait d'écouter sa tête autant que son coeur. Servir durablement les villes chinoises n'est possible qu'avec une entreprise rentable", a-t-il finalement reconnu lundi, qualifiant Didi d'"adversaire redoutable".

Didi avait été contraint d'adopter une stratégie similaire, se montrant très généreux en subventions pour maintenir ses parts de marché et multipliant les levées de fonds spectaculaires: la dernière, bouclée fin juillet, représentait 7,3 milliards de dollars. Parmi ses investisseurs "stratégiques" figure le mastodonte américain de l'électronique Apple. Didi Chuxing, né en 2015 de la fusion de deux applications concurrentes soutenues respectivement par les géants chinois de l'internet Alibaba et Tencent, tente par ailleurs de renforcer ses alliances à l'étranger. Il a pris l'an dernier des participations dans l'application indienne de réservation de taxis (Ola), ainsi que dans l'américain Lyft, rival d'Uber aux Etats-Unis: une situation qu'il devra désormais gérer avec son nouveau partenaire.

En Chine même, Uber continuera d'opérer sous son nom avec sa propre application, tandis que l'emblématique Travis Kalanick rejoindra le conseil d'administration de Didi Chuxing... dont Uber sera désormais le principal actionnaire. Le groupe chinois précise néanmoins qu'il obtiendra "une participation minoritaire" dans Uber. Selon Bloomberg, Didi injectera 1 milliard de dollars dans Uber, valorisant le groupe californien à 68 milliards de dollars.

L'annonce de fusion intervient par ailleurs juste après la légalisation complète fin juillet par Pékin des applications de réservation de véhicules avec chauffeur --une décision à rebours du durcissement croissant observé en Europe.  A quelques conditions toutefois: les tarifs en-deçà des véritables coûts opérationnels sont ainsi interdits, de quoi mettre en péril le modèle d'une croissance "par subventions" à perte.

De toute façon, outre un environnement réglementaire stabilisé, le groupe fusionné disposera d'un monopole quasi-absolu en Chine. Dans ses conditions, un chauffeur pékinois, M. Su, s'alarme auprès de l'AFP d'une probable "réduction des primes" qu'il recevait de la part de Didi. De même, la fin de la "guerre des subventions" entre Uber et Didi devrait entraîner une drastique hausse des tarifs pour les passagers, s'inquiétaient nombre d'internautes chinois.

 

À LIRE AUSSI

Image
Dossier image uberpop taxi francesoir 7 1
Uber : l'Arabie saoudite investit 3,5 milliards de dollars dans la start-up
L'Arabie saoudite, où les femmes ne peuvent toujours pas conduire, a investi 3,5 milliards de dollars dans la start-up Uber. La société de service de voiture avec chau...
02 juin 2016 - 11:38
Tendances éco
Image
Apple-logo
Apple investit un milliard de dollars dans Didi, l'Uber chinois
Le géant électronique américain Apple, soucieux de renforcer sa présence en Chine, a investi un milliard de dollars dans Didi, la principale application chinoise de ré...
13 mai 2016 - 20:09
Tendances éco
Image
Un téléphone affichant l'application Uber.
Uber : les chauffeurs new-yorkais pourront être représentés par une organisation
Désormais les 35.000 chauffeurs d'Uber à New York pourront être représentés par une "guilde" affiliée au syndicat nord-américain IAM (International Association of Mach...
11 mai 2016 - 12:18
Tendances éco

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.