Europe : Banque de France et Bundesbank mettent en garde contre une "renationalisation"
Les gouverneurs des banques centrales française et allemande appellent dans une tribune publiée ce lundi 8 février à "renforcer l'intégration" pour stimuler la croissance dans la zone euro, mettant en garde contre la tentation d'une "renationalisation" face aux défis auxquels est confrontée l'Europe.
"L'Europe se trouve à la croisée des chemins", soulignent François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, et Jens Weidmann, président de la Bundesbank, dans une tribune conjointe publiée dans Le Monde et le Süddeutsche Zeitung.
"En tant qu'Européens engagés, nous considérons tous deux que l'avenir de l'Europe ne peut se bâtir sur une renationalisation, mais qu'il passe, au contraire, par un renforcement de ses fondations", ajoutent les deux banquiers centraux, pour qui "il appartient aux hommes politiques de concevoir le nouveau cadre".
Les deux hommes font toutefois une série de propositions, comme "une administration européenne efficace et moins fragmentée pour construire un Trésor commun à la zone euro, conjointement avec un conseil budgétaire indépendant" et "un organe politique plus fort pour prendre les décisions politiques, sous contrôle parlementaire".
Selon les gouverneurs de la Banque de France et de la Bundesbank, le "renforcement de la prospérité et de la stabilité dans la zone euro" passe également par des réformes structurelles nationales, la politique monétaire de la BCE ne pouvant seule "générer une croissance économique durable".
"L'Europe peut mieux faire", soulignent MM. Villeroy de Galhau et Weidmann, qui appellent par ailleurs de leurs voeux la création d'une "union de financement et d'investissement" afin de mieux mobiliser l'épargne -- abondante dans la zone euro -- au service des entreprises.
Selon eux, "une plus grande intégration semble être la solution la plus simple pour restaurer la confiance dans la zone euro, car elle favoriserait des stratégies communes en matière de finances publiques et de réformes et par là, la croissance".
Mais "pour cela, il faudrait clairement que les Etats membres de la zone euro consentent à un partage de la souveraineté et des pouvoirs au niveau européen, ce qui exigerait alors une plus grande responsabilité démocratique", concluent-ils.
Cette tribune est publiée un jour avant le 48e Conseil économique et financier franco-allemand, qui doit se tenir mardi 9 à Paris, et alors que plusieurs responsables politiques ont affirmé que la construction européenne était en danger du fait de plusieurs menaces, que ce soit la crise migratoire ou l'éventualité d'une sortie de la Grande-Bretagne de l'UE.
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