L'immobilier londonien craint le pire après le Brexit

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 30 juin 2016 - 14:32
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L'immobilier londonien se remettait tout juste de la crise de 2008.
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Si l'immobilier parisien se frotte les mains suite au Brexit, celui de Londres craint le pire. Et les premiers signes apparaissent déjà.

L'immobilier britannique qui flambe depuis des années craint une douche froide post-Brexit, et certains professionnels constatent déjà quelques signes de ralentissement à Londres.

Après s'être effondré en 2008 sous le coup de la crise financière mondiale, le secteur de la pierre a engagé une reprise d'abord précaire, qui s'est franchement accélérée à partir de 2013. A Londres les prix moyens dépassent désormais de 54% ceux du pic d'avant la crise.

Tout a concouru ces dernières années à cette bouffée: de l'empressement des classes supérieures britanniques à placer leurs revenus dans la pierre à l'explosion de la population londonienne, en passant par l'ardeur de magnats pétroliers du Golfe et de milliardaires russes à y investir leur fortune.

Mais l'édifice, qui donnait déjà quelques signes de fragilité ces derniers mois, tremble désormais sous les coups de bélier du Brexit et de son lot d'incertitudes.

"L'activité du marché de l'immobilier et les prix risquent désormais un retournement marqué après le vote britannique de quitter l'UE", prévient Howard Archer, analyste chez IHS.

Il souligne que cette sortie, dont les contours doivent être précisés, devrait peser notoirement sur la croissance et la confiance des consommateurs, et évoque aussi une hausse prévisible du chômage et une contraction du pouvoir d'achat des ménages. Autant de facteurs peu incitatifs pour les acheteurs.

IHS prévoit une baisse de 5% des prix immobiliers au Royaume-Uni lors du seul second semestre, et de 5 à 7% supplémentaire en 2017.

D'autres analystes sont plus prudents, jugeant prématuré d'évaluer l'impact immobilier d'une mauvaise passe économique post-Brexit à l'ampleur encore inconnue.

Robert Gardner, de la banque mutualiste Nationwide, souligne que plusieurs facteurs pourraient soutenir les prix, comme le maintien probable de taux d'intérêt bas et un déficit chronique de construction de logements. La demande des investisseurs étrangers pourrait de surcroît être dopée par la chute de la livre sterling, qui rend d'un coup les biens environ 10% moins chers pour les détenteurs de dollars.

"C'est l'évolution du marché du travail qui sera la clé", tranche M. Gardner.

Certains professionnels du secteur de la capitale voient déjà les acheteurs hésiter, dans le climat anxiogène de l'après-référendum.

"Les gens sont à tout le moins prudents, ils vont prendre leur temps, le marché va être beaucoup plus calme" dans les mois à venir, prévoit Ibby Aziz du cabinet de notaires Unsworth Rose, basé dans le quartier chic londonien de Primrose Hill, à deux pas de Regent's Park.

Des acheteurs qui avaient conclu une transaction de principe avant le référendum reviennent maintenant pour demander un rabais de 20%. Les vendeurs concernés, à moins d'être pris à la gorge, ne sont plus prêts à vendre dans ces conditions. L'anecdote illustre le chemin cahoteux que risque de connaître le secteur, raconte le notaire.

Une des plus grandes banques de Singapour, United Overseas Bank (UOB), a même indiqué jeudi qu'elle suspendait pour le moment l'octroi de crédits pour des transactions immobilières à Londres. "Compte tenu des incertitudes, nous devons nous assurer de la prudence de nos clients concernant leurs investissements dans l'immobilier à Londres", a-t-elle expliqué.

Les travaux d'expansion, notamment la construction des sous-sols aménagés qui se multiplient ces dernières années sous les maisons victoriennes, pourraient dans l'immédiat faire les frais de la frilosité des acteurs du secteur.

John Foldes, propriétaire d'une maison à Clapham (sud-ouest de Londres), prévoyait depuis plusieurs mois une vaste extension de sa surface habitable, mais repense désormais ses plans.

"On pourrait ajouter une salle de bains de moins que prévu et aménager l'ensemble de façon moins somptueuse. On essaie de réduire de 20% le budget qu'on avait fixé avant le référendum", explique-t-il à l'AFP.

Ce bailleur pense en effet qu'à l'issue des travaux, il ne pourra pas louer sa maison au tarif escompté avant le référendum.

Signe de l'inquiétude en cours, le réseau londonien d'agence immobilières Foxtons a averti sur ses résultats lundi et les actions des principaux groupes de BTP britanniques se sont effondrés en Bourse, de 20 à 30% depuis vendredi.

 

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