Un Smic par an : ce que coûtera aux Français la guerre commerciale de Trump
Pour l'opinion publique française, c'est un problème macroéconmique bien éloigné du quotidien: la guerre commerciale lancée par Donald Trump contre la Chine, une partie de l'Asie, l'Union européenne et le Canada. Mais la note du Conseil d'analyse économique (voir ici), un organisme rattaché à Matignon, fait prendre à la question un tour brutalement concret. Les trois économistes auteurs de l'analyse estiment en effet que cette "guerre" pourrait coûter à chaque Français l'équivalent d'un Smic.
Sébastien Jean, Philippe Martin et André Sapir prévoient en effet dans le scénario le plus grave que les tarifs douaniers dans les échanges mondiaux pourraient augmenter de 60% pour les biens manufacturés ce qui aurait des conséquences lourdes pour l'Union européenne, les Etats-Unis et la Chine, avec à la clé une perte de 3% à 4% du Produit intérieur brut chez ces poids lourd de l'économie mondiale. Dans l'Hexagone –qui serait plutôt à 3% de perte– cette chute se caractériserait par une perte annuelle de 1.250 euros par Français.
Les pays de l'Union européenne ne sont pas les plus à plaindre grâce à la vigueur du commerce interne à l'Union européenne, qui est aussi une zone de libre-échange. Le premier partenaire économique de la France est, de loin, l'Allemagne, les Etats-Unis n'arrivant "que" au troisième rang.
Voir aussi: La guerre économique en Asie relance la négociation "quadrilatérale"
A l'inverse, certains Etats très dépendants de leur commerce avec les Etats-Unis risquent de souffrir le martyr économique. Dans le pire des scénarios, des pays comme l'Irlande, le Canada, la Suisse, la Corée du Sud ou le voisin mexicain accuseraient une chute de 10% du PIB.
Le 8 mars 2018, Donald Trump a annoncé sa volonté de taxer à 25% les importations d'acier et de 10% celles d'aluminium, avant de cibler ensuite tous les produits chinois (sauf les appareils de la société américaine Apple…) par des taxes supplémentaires. Pékin a rétorqué en frappant pour 50 milliards de produits, notamment les fruits, la viande de porc, l'aluminium recyclés, l'automobile et l'aéronautique, des biens souvent produits dans les Etats favorables électoralement à Trump.
Au 1er juin, les Etats-Unis ont lancé leur offensive sur l'Europe, toujours sur l'acier et l'aluminium, ce à quoi l'UE a répondu par des mesures de rétorsion touchant les bien agricoles, le textile, les motos de grosse cylindrée, les bateaux, et des produits plus atypiques comme le maquillage pour les yeux, le vernis à ongle et les cartes à jouer.
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