Warren Buffett, un gourou des marchés peu friand des nouvelles technologies

Auteur:
 
Par Juliette MICHEL - New York (AFP)
Publié le 02 mai 2019 - 08:45
Image
Le milliardaire Warren Buffet au Club économique de Washington, le 5 juin 2012
Crédits
© NICHOLAS KAMM / AFP/Archives
Le milliardaire Warren Buffet au Club économique de Washington, le 5 juin 2012
© NICHOLAS KAMM / AFP/Archives

Warren Buffett, qui s'est lancé mardi dans la bataille pour le contrôle d'Anadarko, est renommé pour son flair d'investisseur capable de dénicher les meilleures affaires en Bourse, même si sa réussite insolente est un peu ternie par sa réticence à prendre en marche le train des nouvelles technologies.

Le multimilliardaire s'est lancé sur les marchés à l'âge de 11 ans, en 1942. "J'ai misé les 114,75 dollars que j'avais accumulés depuis mes 6 ans", raconte-t-il dans sa dernière lettre annuelle aux actionnaires. "J'étais devenu un capitaliste et j'en étais content".

Sa société Berkshire Hathaway vaut désormais 530 milliards de dollars à la Bourse de New York.

Depuis qu'il en a pris le contrôle, en 1965, l'action a gagné en moyenne 20,5% par an quand le S&P 500, l'indice qui représente les 500 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de New York, n'affiche qu'une croissance de 9,7%.

Ses paris sur les marchés ne sont pas la seule raison de cette performance, la holding se reposant désormais majoritairement sur les profits des nombreuses entreprises sous sa coupe.

Mais Warren Buffett a su les faire fructifier. Et le rapport détaillant chaque trimestre ses derniers placements est passé à la loupe par les acteurs du marché.

"Un gestionnaire de portefeuille est considéré comme performant quand 70% de ses paris sont fructueux. Pour Warren Buffett c'est 90%. C'est ce qui le rend unique", affirme David Kass, professeur d'économie à l'université du Maryland et auteur d'un blog sur l'homme d'affaires.

- Pas de Facebook, d'Amazon, de Google -

Warren Buffett a beau être à la tête de plusieurs dizaines d'entreprises, il leur accorde beaucoup d'autonomie. Ce qui lui laisse le temps d'éplucher nombre de rapports trimestriels et annuels, à la recherche de l'entreprise à ses yeux sous-évaluée par les autres investisseurs, bénéficiant d'un avantage certain sur son secteur et pouvant à long terme dégager des bénéfices solides.

Il a ainsi misé gros sur l'émetteur de cartes de crédit American Express dans les années 1960 alors que le groupe était englué dans un scandale retentissant. Il possède aujourd'hui près de 18% de l'entreprise.

Son secteur de prédilection reste la finance et il détient des parts considérables des plus grandes banques américaines (JPMorgan Chase, Wells Fargo, Bank of America).

Autre particularité: "Il reste très classique, il n'utilise pas de produits financiers exotiques et emprunte peu", souligne M. Kass.

Cela ne l'empêche pas de nouer parfois des accords très rémunérateurs, comme quand il était venu à la rescousse de Goldman Sachs en 2008 ou de Bank of America en 2011 à des conditions au final très favorables.

Il a encore cette semaine accepté de prêter main-forte au groupe pétrolier Occidental Petroleum, en pleine bataille avec Chevron pour l'acquisition d'Anadarko, en mettant sur la table 10 milliards de dollars en échange de conditions privilégiées.

Warren Buffett s'est en revanche longtemps montré réticent à investir dans le secteur de la technologie, n'achetant par exemple jamais de Facebook, d'Amazon ou de Google.

"Il n'a pas d'expertise dans ce domaine et ne voit pas en quoi il pourrait faire mieux que le reste du marché", remarque David Kass.

Il a bien investi un temps dans IBM mais c'était en 2011, quand le groupe informatique était déjà bien établi.

Exception notable: Warren Buffett mise gros sur Apple, dont il est devenu le 2e actionnaire en rachetant depuis 2016 pour plusieurs dizaines de milliards de dollars d'actions.

Le milliardaire, qui est épaulé depuis 2010 par Todd Combs et depuis 2012 par Ted Weschler, a récemment reconnu dans une interview sur CNBC que leur performance collective depuis leur arrivée était inférieure à celle du S&P 500.

Toutefois, rappelle Lawrence Cunningham, professeur de droit à George Washington University et auteur de plusieurs livres sur Berkshire, "lors du boom de la tech sur les marchés (dans les années 1990), certains disaient que Warren Buffett avait perdu la main. La bulle internet a éclaté. Warren Buffett tenait sa revanche".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.