CSI N° 71 - Mesures de confinement : la plus grande erreur de santé publique ?
Le jeudi 15 septembre à 21 heures, l'anthropologue Jean-Dominique Michel est l'invité d'un nouvel opus du Conseil scientifique indépendant (CSI). Pour cette nouvelle intervention, le chercheur analysera les répercussions des mesures du confinement. Pour ce faire, il commentera la dernière étude à laquelle l'épidémiologiste John Ioannidis a pris part aux côtés de Michaela C Shippers et Ari Joffe. Le scientifique analyse les conséquences de ces mesures coercitives dans l'aggravation des inégalités.
La crise du Covid-19 a fait apparaître des enjeux majeurs en termes d'inégalités sociales. Au début de l’année 2020, alors que le virus se répand progressivement dans le monde entier, des mesures de restrictions sont adoptées dans les différents pays touchés par l'épidémie. Si la réponse n’a pas été identique dans tous les pays, la plupart d’entre eux ont approuvé des mesures restrictives et agressives sans se préoccuper des répercussions que celles-ci pourraient avoir, tant au niveau social, économique, éducatif que psychologique.
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De leur côté, les citoyens, dans leur très grande majorité, ont pensé que ces décisions avaient fait l’objet d’un consensus scientifique. Pourtant, certaines études parues sur le sujet ont montré qu’il n’en avait rien été.
Parmi les scientifiques qui ont contrarié le narratif officiel, l’épidémiologiste John Ioannidis, avait été l’une des premières personnalités scientifiques à questionner la pertinence de certaines restrictions, notamment le confinement.
Avec Jay Bhattacharya, également épidémiologiste, mais également deux professeurs de médecines, l’infectiologue Eran Bendavid et Christopher Oh, ils avaient fait paraître en décembre 2020 un article dans lequel ils s'attachaient à montrer combien il était difficile de modéliser cette épidémie, pointant toutes les incertitudes qui existent autour des mesures systématiques de restriction. Sans nier les différences qui persistent entre les pays qui présentent des taux d’infection et de mortalité par Sars-CoV-2 différents, les auteurs mettaient en garde sur des conclusions trop hâtives de certaines autorités scientifiques alors que certains pays présentaient des données insuffisantes, notamment lors de la première vague.
Pour prévoir les écueils auxquels tout chercheur doit faire face, et ce, afin d’éviter les biais qui peuvent venir affecter les résultats, les scientifiques avaient fait le choix d’analyser uniquement des pays qui présentaient des données robustes. Cette approche, John Ioannidis s’en était expliqué dans un entretien accordé à science et avenir en déclarant :
« La question n’est pas de voir l’effet total d’une mesure, mais son effet relatif dans chaque pays, en comparaison avec les autres mesures mises en place dans ce même pays ».
Cette prise de position avait fait couler beaucoup d’encre dans le milieu scientifique dès la fin de l'année 2020.
18 mois plus tard, le 8 août 2022, John Ioannidis et deux autres chercheurs, font paraître une longue étude sur les répercussions des mesures coercitives appliquées en 2020-2021.
Cette fois, avec un recul de plus de deux ans depuis le début de l’épidémie, les trois auteurs s’intéressent aux répercussions économiques, sociales, éducatives et psychologiques de ces mesures, qui affectent plus particulièrement certaines catégories de population, dans une approche du problème qui se veut global.
L’objectif est clair : il s’agit de faire un premier état des lieux des inégalités sociales, éducatives, géographiques identifiés à partir de données statistiques internationales, afin d’analyser les facteurs aggravants, notamment les mesures de coercition telles que le confinement, responsables selon les auteurs de l’augmentation de la pauvreté avec toutes ses conséquences : hausse du chômage, multiplication des violences domestiques, augmentation des problèmes de santé ou encore pertes de repères éducatifs.
Pour ce faire, les auteurs de l’étude se sont concentrés sur les catégories les plus vulnérables, à savoir les étudiants, les adolescents, les enfants, les jeunes travailleurs, mais également les familles à faibles revenus, les minorités ethniques et les femmes.
Selon les auteurs, les coûts sanitaires, économiques et sociaux dépassent probablement de loin les bénéfices potentiels de ces mesures de restrictions. Par conséquent, ils suggèrent qu'à l'avenir, elles ne soient pas renouvelées, souhaitant que les autorités s'en tiennent à des mesures "non perturbatrices".
Par ailleurs, les auteurs pensent que l'on ne peut pas faire l'économie d'une complète évaluation « des structures en place qui ont conduit à des politiques contre-productives » afin de chercher à lutter « contre la pensée de groupe en augmentant le niveau de réflexivité ».
Dès le début de l'épidémie, Xavier Azalbert, directeur de la publication de FranceSoir, s'était interrogé sur la pertinence du confinement et sur les conséquences économiques et sociales qu'une telle décision pourrait entraîner en faisant paraître un article intitulé "Confinement total ou confusion générale ? Des questions sur le futur discours de Macron".
Le sujet est complexe et nécessite une approche transversale. C'est ce que Michaela C Shippers, Ari Joffe et John Ioannidis ont tenté de faire à travers cette étude qui relie des données épidémiologiques, géographiques, démographiques et économiques pour les confronter aux analyses et aux mesures des inégalités.
Et, qui de mieux que qu'un anthropologue comme Jean-Dominique Michel pour dépouiller et décrypter cet événement majeur venu bouleverser nos vies ?
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