Riss : ce "Tocard m'a tuer"
EDITO - Étant donné que, sous leur direction, Charlie Hebdo était un journal d'investigation qui, à ce titre, a apporté et relayé des éléments factuels ayant permis de remettre en doute l'authenticité de la "preuve" dans l'affaire Omar Raddad (1) : l'inscription “Omar m'a tuer” prétendument écrite sur un mur par la victime, une dame très âgée, avec son propre sang, pour désigner son assassin, ceci avec une faute d'orthographe si énorme que “y’a qu'un flic qui peut faire ça !” aurait dit Coluche ! Compte tenu de cela, donc, la mention “Tocard m'a tuer” précédée de Riss, est très certainement une formule que Cavanna et le Professeur Choron valideraient en tant qu'épitaphe sur la tombe de Charlie Hebdo, journal dont l'âme vient d'être encore réduite par celui qui est son directeur de la publication depuis mai 2009 (d'abord en tandem avec Charb) et son propriétaire, le caricaturiste Riss, de son vrai nom Laurent Sourisseau.
Oui, obstacle gigantesque mis en place par ses créateurs entre la censure et la liberté d'expression, obstacle qu'on croyait infranchissable depuis sa sortie victorieuse de l'attentat du 7 janvier 2015, attaque au cours de laquelle les membres essentiels de sa ligne directrice ont été assassinés...
La montagne Charlie Hebdo a accouché d'une souris après la dernière sortie médiatique (sur X) de son directeur de la publication actuel. Disons même plutôt que la liberté d’expression vient de subir une tentative d’homicide de la part d’un Sourisseau...
En effet, si Charlie Hebdo a été créé, en novembre 1970, par François Cavanna et le Professeur Choron, c'était pour remplacer la version hebdomadaire de Hara-Kiri, leur magazine mensuel hyper satirique qui venait d'être interdit à la suite d'un titre qu’on dira “taquin” sur la mort du Général de Gaulle :« Bal tragique à Colombey : un mort ! »
Et confirmant ce qu'il apparaît sur Wikipédia, sous la direction de Cavanna et du Professeur Choron, Charlie Hebdo s'est montré un fervent défenseur de la liberté de la presse.
Or si, déjà, concernant la liberté d'expression ”totale” que ce journal exigeait, Charlie Hebdo a fait montre ensuite de considérations à géométrie variable à ce sujet, Riss vient de lui donner le coup de grâce puisque voici l'initiative qu'il a prise : associer Charlie à l'appel à la censure de Twitter qui a été fait via le #NoTwitterDay par les partisans revendiqués de l'anti-liberté d'expression que sont Rudy Reichstadt, Julien Pain et Tristan Mendès France.
Le boycott de la plate-forme X, alors que, justement, à la différence de ces faux fact-chekers mais 100% vrais menteurs, Musk, lui, prône une liberté d'expression totale...
Charlie rejoint l'appel lancé par @RReichstadt @JulienPain et @tristanmf et ne tweetera pas ce vendredi 27 octobre. Si vous aussi vous détestez Elon Musk, rejoignez-nous sur le ciel bleu 🤙 #NoTwitterDay pic.twitter.com/odWHKS3m8X
— Charlie Hebdo (@Charlie_Hebdo_) October 26, 2023
Il s'agit bel et bien d’un sacré “coup de pied de l’âme” de Cavanna, du Professeur Choron et de leur journal originel.
Riss est hélas parvenu à faire ce que les frères Kouachi n'avaient pas réussi, eux, malgré l'assassinat des personnes qui, elles oui, ont su se montrer de dignes héritiers des créateurs de Charlie Hebdo, notamment les caricaturistes Cabu, Charb et Wolinski : dépouiller Charlie Hebdode ses derniers oripeaux d’insoumission et de défense de la liberté.
Dès lors, comment ne pas donner raison à Monique Plaza et au tweet qu'elle a publié hier, en réponse à celui de Riss :
Fin de partie pour Charlie Hebdo qui trahit son prétendu attachement à la liberté d’expression en se mettant du côté des censeurs, des ayatollahs de la «vérité», au nom d’une détestation très grossière de Elon Musk. https://t.co/I80aWbipfl
— Monique Plaza (@MoniquePlaza3) October 27, 2023
Dans ce jeu de la vérité, hélas insidieusement tronqué par les médias subventionnés, aujourd'hui plus que jamais, les journalistes qui eux ont à cœur de respecter la Charte de Munich, se posent la question suivante, avec nostalgie, dépit et tristesse : "Où est Charlie ? "
(1) Omar Raddad : jardinier marocain reconnu coupable dans cette affaire de meurtre, à qui le président Chirac a accordé sept ans de remise de peine (il avait été condamné à 18 ans de réclusion) après six années de détention.
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