Sans regrets ni remords...
EDITO - Jacques Delors est mort, jeudi 27 décembre 2023, à l'âge de 98 ans, et a eu le droit à des obsèques en grande pompe aux Invalides, dans la matinée du vendredi 5 janvier.
D'un côté, il y a ceux qui louent Jacques Delors l’européiste. De l'autre côté, ceux qui le conchient, l'exècrent, le vomissent, le désignent comme le fossoyeur de la souveraineté française. Et entre les deux ? Un fossé. Un mur. Une barrière infranchissable.
Plus tranchés comme avis sur l'homme, pas possible ! Et pour cause !
L'Union européenne, à savoir l'Europe politique, économique et sociale telle qu'elle est aujourd'hui, c'est Jacques Delors qui a contribué à la construire. Or, force est de constater qu'elle est à l'opposé de l'Europe que les anti-Delors voudraient.
Ces derniers sont incarnés à merveille par Jean Gabin, l'interprète du rôle-titre dans Le Président, film d’Henri Verneuil de 1961, qui justement montre les deux camps irréconciliables qui existaient déjà à l'époque de l'Europe de Jean Monnet, celle, déjà, des banques et des trusts.
Bon, vous me direz, quand on s'appelle Monnet, privilégier les banques, c’est somme toute logique !
Toutefois, matériellement, c'est l'Europe voulue et façonnée par Delors qui a donné les pleins pouvoirs aux banques privées et aux grands groupes industriels. L'Europe de la haute finance au détriment de l'Europe des Nations, l'union culturelle, sociale et humaine des peuples des pays réunis au sein d'une entité politique véritable.
Une autre Europe qui aurait eu une matérialité dans ce qui est essentiel pour pouvoir constituer une communauté humaine authentique : l'adhésion de tous à une vision commune de la société dans laquelle ils vivent.
“Le Grand Architecte” qu'il restera d'une Europe construite “pour les copains et les copains des copains”, Jacques Delors en a profité grassement toute sa vie durant, président de la Commission européenne pendant dix ans et député européen qu'il a été. Avec cela, maire de Clichy, ministre de l'Economie et des Finances : sa retraite aussi a dû nous coûter bonbon et pendant sacrément longtemps, le bougre ne s'étant décidé à mourir qu'à l'approche du siècle.
Dès lors, si bien évidemment je ne les cautionne pas, je comprends que les détracteurs se bousculent. Mais cela ne résorbera en rien les plaies sanguinolentes que l'Europe des banques continue d'infliger à l'Europe sociale...
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