Gouvernement Attal : un départ en fanfare !
TRIBUNE - Pour ceux qui en auraient douté, les premiers pas du gouvernement Attal démontrent amplement qu'à moins de cinq mois des élections européennes, c'est une équipe non seulement resserrée, mais surtout appelée au combat politique, qui a été nommée par Emmanuel Macron. Un Premier ministre politique a succédé à une Première ministre technicienne, tandis que les débauchages à droite sont censés apporter des suffrages dans les urnes le 9 juin prochain.
Fin du dispositif Pinel
Caractéristique de la jeunesse : le doute n'est pas permis. Battant la campagne en Bourgogne, et faute d'avoir donné à la Santé un ministre à la compétence reconnue, sans autre attribution gouvernementale, Gabriel Attal a réservé à ce secteur l'annonce de la première distribution de milliards d'euros dont il ne dispose pas. En voici un exemple : alors que les mises en chantier de logements neufs n'ont jamais été aussi peu nombreuses depuis des années (286 000 en 2023, au lieu de 358 000 en 2022 et 400 000 en 2018) et que les Français n'arrivent plus à se loger, le gouvernement va mettre un terme au dispositif Pinel incitant à investir pour créer une offre locative, parce qu'il coûterait chaque année trois milliards d'euros au budget de l'Etat.
C'est par conséquent dans un contexte financier pour le moins tendu (un budget 2024 voté avec 491 milliards d'euros de dépenses pour... 349 milliards de recettes, une dette publique supérieure à 3 000 milliards d'euros, un remboursement des seuls intérêts de la dette qui va bientôt devenir le premier poste de dépenses de l'Etat) que le Premier ministre inaugure ses fonctions de grand distributeur d'un argent public n’existant pas. Après le "quoi qu'il en coûte" et les chèques à répétition de son mentor élyséen, voici venu le temps des promesses à toutes les clientèles. Il est vrai que peuple va être appelé aux urnes. Trente-cinq milliards sont ainsi promis pour la Santé, avec un engagement sur... cinq ans, c'est-à-dire au-delà du scrutin présidentiel de 2027 !
"Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent"
Jacques Chirac disait que "les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent". Nul doute que le monde de la Santé aura été rassuré par tant de sollicitude spontanée et désintéressée, surtout de la part d'un pouvoir qui n'a eu de cesse de supprimer des lits d'hôpitaux, même pendant la pandémie de Covid 19 !
Après avoir pris la direction de la Bourgogne en compagnie de Catherine Vautrin, nouveau ministre du Travail et de la Santé, Gabriel Attal s'est ensuite rendu dans les Yvelines pour une visite de collège qui aura révélé les limites de la politique-spectacle. Par monts et par vaux depuis sa désignation à l'hôtel de Matignon, comme s'il n'y avait aucun dossier à traiter sur son bureau, le Premier ministre était cette fois-ci avec la ministre de l'Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra.
Occasion, que l'on n'attendait tout de même pas si tôt, de vérifier que le ministère de la parole ne s'exerce pas sans risques. Il fallait voir le visage fermé du Premier ministre lorsque Amélie Oudéa-Castéra s'est lancée dans une déclaration fracassante sur l'enseignement public et l'absentéisme. La ministre s'est trouvée contrainte d'effectuer une volte-face quasi immédiate et de présenter ses regrets à la communauté enseignante. Mais le mal était fait (un syndicat a déjà dénoncé un "mépris insupportable" et appelé à "manifester sous les fenêtres" du ministère le 25 janvier) et l'amateurisme du nouveau monde étalé devant les Françaises et les Français.
Vraiment, ça commence fort !
Alain Tranchant est ancien délégué départemental de mouvements gaullistes en Vendée et Loire-Atlantique et président-fondateur de l’Association pour un référendum sur la loi électorale.
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