Agriculteurs : action de la Coordination rurale autour de l'Arc de Triomphe à Paris
La Coordination rurale a mené vendredi matin une action surprise et dans le calme autour de l'Arc de Triomphe, bloquant le haut des Champs-Élysées avec des bottes de paille et des tracteurs.
Axel Masson, éleveur dans le Loir-et-Cher, a expliqué à l'AFP qu'ils étaient une centaine rassemblés dès 04H00 vendredi matin "dans le calme et dans le respect".
Une source policière a confirmé que les agriculteurs sont arrivés en véhicules légers et pick-ups vers 04H et que des ballots de paille transportés par des petits utilitaires ont été déposés sur la chaussée. Huit tracteurs sont arrivés vers 06H00.
Treize interpellations ont eu lieu, selon cette même source. Parmi elles, Patrick Legras, l'une des figures de la Coordination rurale, confirme le syndicat.
Vers 08H00, des voitures de police étaient toujours disposées au pied de l'Arc de Triomphe. Le calme régnait sur la place, et les services de la mairie de Paris commençaient à nettoyer les lieux. La circulation sur le haut de la célèbre avenue était toujours bloquée.
Il restait une cinquantaine de syndicalistes, entourés par la police. Une petite dizaine de tracteurs de la Coordination rurale, avec un drapeau français, étaient rangés à l'angle de l'avenue Marceau, selon le journaliste de l'AFP.
Le syndicat avait annoncé sur X être mobilisé "pour sauver" l'agriculture française", avant le dernier week-end du Salon de l'agriculture. "La Coordination rurale prend symboliquement et pacifiquement l'Étoile", a-t-il également écrit.
La Coordination rurale demande "des actes rapidement pour sauver nos 45% d'exploitations en détresse financière".
"On est monté ce matin pour déposer une gerbe à l'Arc de Triomphe pour rendre hommage à tous les agriculteurs qui se suicident", a précisé M. Masson. "On n'est toujours pas entendu par l'État", a-t-il ajouté.
Vincent Carré, qui cultive du blé dans la région de Chartres, est parti de chez lui à 01H00 du matin : "On n'a rien dit à personne. On est venu ce matin pour marquer le coup (...) à cause de la politique agricole française et européenne".
- "Pas de résultat" -
Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale, joint par l'AFP, explique que "les agriculteurs ont fait ce détour pour aller sur la tombe du Soldat inconnu". Mais "ils n'ont pas eu le temps d’aller bien plus loin puisque les forces de police se sont tout de suite interposées et la discussion a tourné court".
Cette action a lieu à un endroit hautement symbolique, qui a été le théâtre de violences lors de la crise des "Gilets jaunes" en 2018.
Elle est menée à la veille du week-end de clôture du Salon de l'Agriculture dont l'ouverture samedi dernier par Emmanuel Macron avait été très chahutée.
La Coordination rurale, 2ᵉ syndicat agricole français, est connue pour être un porte-voix véhément de la colère paysanne.
Née en 1991 d'une scission avec le syndicat majoritaire FNSEA, la Coordination rurale est pourfendeuse des accords de libre-échange et habituée aux actions musclées.
Samedi, lors de l'inauguration de la "plus grande ferme de France", le président de la République Emmanuel Macron pointait ceux qui avaient chahuté sa visite, dont nombre d'entre eux étaient coiffés du bonnet jaune caractéristique du syndicat.
Face à la colère agricole, vive depuis plusieurs semaines, l'exécutif s'efforce de répondre aux agriculteurs qui manifestent pour obtenir un meilleur revenu et moins de contraintes administratives et environnementales, au prix de concessions sur les pesticides, notamment.
Emmanuel Macron s'est notamment prononcé pour des prix plancher afin de garantir de meilleurs revenus, mais cette idée est loin de faire l'unanimité dans le monde agricole.
De leur côté, les banques ont promis des gestes afin de desserrer l'étau financier pour les exploitations les plus fragiles.
"Pour l’instant, il n'y a pas de résultat pour l’avenir. Le salon s’est assez bien passé, mais si ça continue comme ça, la colère ne va pas s’arrêter", prévient M. Convers.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.