Légitime défense : un stage pour faire comprendre les difficultés de la police
REPORTAGE — « La délinquance a évolué, elle est de plus en plus violente. Maintenant, on attaque les policiers au couteau, à la machette… » constate Sylvain Steffan, officier de police avec plus de 20 ans de carrière, et secrétaire régional PACA du syndicat France Police- Policiers en colère.
Effectivement, les faits divers relatant des agressions de policiers, dont l’issue a été fatale pour certains d’entre eux, se sont multipliés ces dix dernières années. Et, si on en croit de nombreux témoignages de membres des forces de l’ordre, dont France Soir relaie régulièrement la parole, cette violence nuit d’autant plus au maintien de l’ordre que les politiques semblent craindre les manifestations de mécontentement, légitimes ou pas, bien plus que l’impunité des délinquants.
La crainte que « les banlieues s’enflamment » a conduit à un encadrement si sévère de l’intervention policière qu’elle ne peut plus agir dès qu’il y a le moindre risque de blessure d’un délinquant. La semaine dernière encore, une vidéo circulait qui montrait comment l’interpellation d’un individu dangereux avait été empêchée, dans la banlieue rouennaise, par un groupe de personnes venues à la rescousse du délinquant présumé. Et comment ne pas penser à 2016, quand une policière et un adjoint de sécurité de Viry-Châtillon, empêchés de sortir d’un véhicule en feu, et gravement brûlés, n’ont même pas fait usage de leur arme ?
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Par contre, en ce qui concerne les manifestations citoyennes, la prudence n’est plus de mise mais nombre de policiers « de terrain » en font reproche à leur hiérarchie. France Police-Policiers en colère appelle d’ailleurs de ses voeux une commission d’enquête parlementaire qui éclaircirait quelles circonstances ont provoqué un si grand nombre de blessés.
« En réalité, on fait peur aux honnêtes gens, se désole Sylvain Steffan, moi, j’aimerais qu’on « emmerde » les voyous, les délinquants, les escrocs, les bandits, plutôt que d’emmerder les petites gens qui viennent manifester le samedi de manière pacifique, etc. »
Alors, entre le sentiment d’une « perte de sens de la profession » à force d’être utilisée comme variable d’ajustement des politiques publiques, au détriment de leur vocation de protéger les « honnêtes gens », et les reproches desdits honnêtes gens qui ne voient pas les contraintes pesant sur la profession, règne, chez les forces de l’ordre, un très fort sentiment d’injustice. Parce que, s’ils reconnaissent l’existence de brebis galeuses dans leurs rangs, il n’en reste pas moins que l’immense majorité d’entre eux n’aspire qu’à faire leur travail : protéger la société des délinquants et criminels, si possible sans y laisser inutilement leurs vies.
Pour Sylvain Steffan, ne laisser armées que les unités d’intervention serait une « aberration dans la mesure où elles arrivent après le braquage, le meurtre… La majorité des policiers victimes d’une agression sont des petits policiers lambdas » sur la voie publique.
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Les policiers se sentent largement incompris par une population et des institutions qui ne mesureraient pas les difficultés et les dangers auxquels ils sont confrontés.
Alors, pour améliorer la situation, le secrétaire national adjoint du syndicat France Police-Policiers en colère, Bruno Attal, a eu une idée originale : inviter des politiques et des journalistes à un stage où des situations de légitime seraient simulées. Après une initiation au maniement des armes à feu, les « stagiaires » jouent les policiers tandis que des policiers jouent les agresseurs. France Soir a participé au premier de ces stages et l’expérience s’est avérée tout à fait passionnante. Nous la partageons avec nos lecteurs dans ce reportage vidéo. Regardez, c’est édifiant !
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