Stationnement des deux-roues payant à Paris : les motards en pétard
Pour la rentrée, les motards vont casquer. Dès le 1er septembre, les deux-roues motorisés devront payer leur stationnement dans la capitale. Cette mesure de la Ville de Paris, pensée pour des raisons environnementales, fait gronder les habitués de la moto. D'autant que l'efficacité réelle du projet sera peut-être bien éloignée de ce qui est escompté...
3 € de l'heure pour les visiteurs
Sur son site Internet, la Ville de Paris explique le fonctionnement du stationnement dans son article : "Tout savoir sur le stationnement payant pour les 2-roues motorisés". Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il faut s'accrocher pour bien comprendre. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? En bref :
- Paris est séparée en deux zones : 1 pour les arrondissements de 1 à 11, et 2 pour les arrondissements de 12 à 20. Stationner dans la zone 1 est plus coûteux que dans la zone 2.
- Le stationnement sera payant du lundi au samedi de 9 h à 20 h.
- Pour les visiteurs (non résidents) en voirie : 37,50 € pour 6 h en zone 1 ; 25 € pour 6 h en zone 2. Ces montants correspondent au Forfait post-stationnement (FPS), dû en cas de non paiement.
- Pour les résidents en voirie : abonnement à 22,50 € pour un an qui donne le statut de "résident". Une fois résident, le prix du stationnement passe à 4,50 € par semaine.
- Option Pass 2RM pour les parkings souterrains : 90 € par mois en zone 1 ; 70 € par mois en zone 2.
- Gratuité pour les deux-roues électriques, les personnes en situation de handicap et les professionnels du soin à domicile.
Vieux motards que jamais !
En guise d'exemple, CNEWS rapporte les propos de Marie, une mère de 32 ans habituée au scooter : "Si elle a bien profité de son scooter pendant des années, dès jeudi, elle devra payer l'abonnement résidentiel à 22,50 euros par an, auquel s'ajoutent les 4,50 euros par semaine, ainsi qu'un abonnement au parking privé situé près de son bureau – en bénéficiant du Pass 2RM – à 90 euros par mois. Soit plus de 200 euros par mois et 2 416,50 euros de dépenses en plus sur un an." Rien que ça !
Sans surprise, la Fédération française des motards en colère (FFMC) s'insurge contre cette mesure : "Dans la circulation, un scooter n'est pas un véhicule en plus, mais une voiture en moins. [...] Force est de constater qu'on voit souvent des personnes seules dans des voitures de 4 à 6 places. Nous, on arrive dans un véhicule beaucoup plus léger, car optimisé avec deux places, et occupé déjà à 50 % par son conducteur", explique Jean-Marc Belotti, coordinateur Paris et petite couronne de la Fédération française des motards en colère (FFMC).
Mais ce n'est pas assez pour la Ville de Paris, menée d'une main de vert par Anne Hidalgo. S'ils ne veulent pas trinquer, les motards disposent désormais de deux possibilités : passer à l'électrique, ou au vélo. Dans les deux cas, d'autres problèmes voient le jour.
Électricité : panacée ou pas assez ?
Alors que les écologistes saluent une "mesure de santé publique", pensée pour "lutter contre la pollution", le quotidien en ligne Reporterre apporte une nuance : "rouler en électrique n’est pas non plus la panacée. Les dommages sur l’environnement ne sont pas nuls." Si les émissions de carbone liées à la combustion sont dix fois plus faibles que celles d'un véhicule thermique, "la phase de fabrication des modèles électriques contribue de manière bien plus conséquente à la contamination des nappes d’eau." En juin 2021, Nicolas Meunier résumait le propos sur notre plateau : "La voiture électrique pollue ailleurs, mais pas moins". Il en va de même pour les deux roues...
Toujours est-il que cette disposition fait les choux gras des concessionnaires de deux-roues électriques, même si les modèles sont notablement plus chers que leurs homologues passéistes.
Enfin, dans le cas où les motards se résigneraient à opter pour un vélo, le problème réside dans le fait que ces derniers pullulent dans la capitale, sans pour autant qu'il y ait un contrôle adapté. S'ils sont censés respecter le même Code de la route que les véhicules motorisés, tous ne s'y plient pas, loin de là. Or, les vélos (électriques, là encore) peuvent aujourd'hui atteindre une vitesse de 45 km/h sans aucun problème. Si bien que Le Parisien s'interrogeait : "Peut-on encore appeler ça un vélo ?" En tout cas, déjà en 2020, la Préfecture de police de Paris déplorait une augmentation de plus de 30 % des accidents de vélo dans la capitale. Moins violents, certes, mais moins protégés aussi... Nul doute qu'en multipliant les utilisateurs sur les pistes, cela ne va pas aller en s'arrangeant...
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