Covid, super-variant, vaccination, retour du masque... : "Ils continuent leur campagne de peur". Entretien avec le Pr Christian Perronne
ENTRETIEN ESSENTIEL - Le Covid est de retour. C'est en tout cas ce qu'une récente campagne médiatique affirme. Le 1er septembre dernier, France-Info évoque lors de son édition matinale un "super variant" nommé Pirola. Plusieurs journaux reprennent l'expression, comme Le Point ou L'Indépendant. La veille, une dépêche AFP décrit un "nouveau variant du Covid-19, BA.2.86, surveillé attentivement par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)". Selon la présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (COVARS), Brigitte Autran, ce variant issu de la famille Omicron inquiète du fait d'un "plus grand nombre de mutations" qui le rendent "susceptible d'évoluer de façon plus importante et de se répandre plus facilement". Mais s'agit-il pour autant d'un "super variant", sous-entendu capable d'être plus redoutable que les autres ? Vraisemblablement pas. "Nous ne nous attendons pas à voir des niveaux comparables de maladies graves et de décès par rapport (...) aux variants Alpha ou Delta", analyse le généticien François Balloux, de l'University College de Londres. Un constat qui est partagé par le professeur Christian Perronne, qui dénonce dans cet Entretien Essentiel un nouvel épisode irrationnel de peur, imposé à la population. (Lire la suite de l'article en dessous de la vidéo.)
Le Pr Perronne a été le conseiller santé de plusieurs gouvernements. Il nous rassure sur la dangerosité des variants récemment évoqués par "les médias de grand chemin". "Ce n'est pas vraiment un sujet de santé publique dans les hôpitaux aujourd'hui", affirme-t-il.
"Un virus très bénin"
Le médecin infectiologue pointe ici du doigt un mécanisme virologique bien connu. Plus un variant devient contagieux, moins il est dangereux. L'hypothèse d'une infection virale qui cherche à se perpétuer, en contaminant et en ne tuant pas le plus grand nombre d'hôtes, est généralement évoquée au sein de la communauté scientifique.
"Le coronavirus s'adapte à la population humaine et l'homme s'adapte au virus, il devient de moins en moins virulent", rappelle le Pr Perronne. "Aujourd'hui, le variant Eris, on s'en fiche complètement. C'est un virus très bénin qui donne des rhumes et des bronchites". Comme les autres souches anciennes de coronavirus qui circulent sur le continent européen depuis des dizaines d'années.
En effet, chaque hiver, des virus à tropisme respiratoire touchent la population, principalement âgée ou fragile. Et cela n'a "pas à faire le journal de TF1", résume-t-il. Certes, à l'hôpital, "quelques patients très âgés, de plus de 85 ans", peuvent développer "de temps en temps une forme grave" avec les nouveaux variants.
Pour autant, une baisse générale des cas graves et mortels, suite à une infection à cause d' un variant ou d'un sous-variant du Sars-CoV-2, est observée. Par exemple, le variant Omicron apparaît comme nettement moins dangereux que son prédécesseur Delta : en décembre 2021, en Afrique du Sud, les nouvelles admissions à l'hôpital se font alors rares et causent très peu de décès malgré un bond des contaminations. En somme,"ce qui compte, c'est la mortalité", dit Christian Perronne. Et celle-ci, à l'heure actuelle, ne peut plus inquiéter la population en comparaison avec le bilan d'autres infections respiratoires récurrentes.
Peur persistante relayée par les médias
Pourtant, l'idée que le nombre de "réinfections" peut causer un problème général de santé publique s'installe. Une forme de peur persiste, corrélée à l'idée qu'un variant puisse entraîner soudainement une létalité élevée. Pour Pirola ou Eris, le "récit" est donc le même. En janvier 2023, plusieurs médias français se sont affolés pour un autre variant, baptisé Kraken, du nom d'un monstre marin... De façon assez systématique, un scénario potentiellement obscur et anxiogène est présenté, sans reposer toujours sur des données médicales et scientifiques solides.
"C'est juste pour occuper l'actualité, c'est pour faire peur aux Français", pense le Professeur Perronne. Mais pourquoi ? Les autorités ont "encore des stocks de vaccins qu'ils ont achetés pour des milliards à fourguer". La peur servirait à faire "adhérer la population" et à relancer les campagnes de vaccination pour "justifier cette inoculation expérimentale".
De fait, lorsque d'autres experts arpentent les plateaux télé et radio, la vaccination est évoquée de façon régulière. Sur France-Info (01/09), l'infectiologue Benjamin Davido, de l'AP-HP, tente de démontrer que les variants Covid représentent toujours "un fardeau pour la société". À ses yeux, une "pédagogie reste à faire" dans cette "nouvelle ère du Covid" qui doit passer par une prochaine campagne de vaccination. Une campagne de vaccination qui a été avancée au 2 octobre par les autorités sanitaires.
Dans cet Entretien essentiel, le Pr Christian Perronne répond à nos questions afin de démêler le vrai du faux en matière d’information sanitaire. D'après lui, l'actuel traitement médiatique du Covid continue de poser un problème démocratique.
Rétabli dans sa position d'expert incontestable par le conseil régional d'Île-de-France de l'Ordre des médecins, l'infectiologue international nous offre les clefs de compréhension de la situation sanitaire. Non opposé à la vaccination en soi, après avoir exercé notamment comme expert en la matière auprès de l'OMS, il s'inquiète pour la jeunesse qui a durement subi la gestion du Covid, avec de graves conséquences sur sa santé mentale et physique.
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