Professeur Raoult : l'aventure de l'IHU, une "machine de guerre"
À quoi ressemble vraiment l'IHU Méditerranée Infection, tant célébré par les uns, tant décrié par les autres ? Quelle est sa genèse ? Sa vocation ? L'ambiance qui y règne ? Le quotidien des gens qui y travaillent, au-delà du covid et des polémiques ? Quelques-unes des questions qui nous ont conduits à Marseille cette semaine, pour une série d'entretiens, à l'IHU et ailleurs. Premier épisode avec le professeur Raoult, toujours directeur de l'IHU, qui nous a reçus pour une discussion dans laquelle il a pris le temps d'exposer sa vision, en prenant de la hauteur, pour raconter pourquoi et comment il s'est lancé en maître d'œuvre d'un tel projet.
Loin des attaques récurrentes, presque quotidiennes, qui le ciblent, Didier Raoult peint le paysage de la recherche française, qui réclamait un tel outil : une histoire et un présent sur lesquels il déroule son regard de chercheur, de médecin, mais aussi de patron, presque d'entrepreneur. Comment arrive-t-il à attirer - et garder, nombre de ses collaborateurs travaillent avec lui depuis des décennies - des profils d'excellence, dont il a salué récemment la forte densité parmi les "highly cited" (chercheurs dont les publications sont les plus citées dans la littérature scientifique) ?
Capacité d'attraction, élitisme assumé, impact des attaques sur la capacité à attirer et garder les cerveaux, décadence de notre pays dans le champ scientifique, démêlés avec les tutelles diverses, Didier Raoult balaie tous les sujets posément.
"Je trouve que le doute est salutaire. Mais on n'a plus le droit d'avoir des doutes !" explique le professeur qui resitue son parcours dans sa vision de la science, dont le temps n'est pas celui des médias.
Il revient sur la "machine de guerre" qui s'est déployée à l'IHU pour affronter le covid-19, avec un mantra qu'on entendra aussi de la bouche de nombreuses personnes travaillant dans ces murs : "ici, on a tout". Cette capacité à "tout" pouvoir faire, en un même endroit et dans un temps réduit au minimum, est une fierté partagée qui permet de concentrer et faire bouillonner les connaissances avec une efficacité et une pluralité d'approches que ne peuvent saisir ceux qui sont rivés sur des données extérieures ou théoriques, explique-t-il.
Le professeur Raoult revient sur la gestion politique du covid, et reprend ses positions sur la vaccination, qui ont pu dérouter : il rappelle avoir signalé parmi les premiers les thromboses dues au vaccin AstraZeneca, avec un accident dans le personnel de soin à Marseille qui explique une certaine réticence locale. Revendiquant la prééminence du réel, de l'observation, il explique comment il voit la sortie de crise : une maladie qui tend à s'atténuer d'elle-même. Une épidémie qu'il semble illusoire d'arrêter par la seule vaccination, notamment du fait qu'il s'agit d'une zoonose.
Des positions de la maison sur les conflits d'intérêts avec l'industrie pharmaceutique au "déchaînement incompréhensible" subi contre leurs travaux, de son diagnostic récurrent qui appelle une réinvention du modèle économique de la rentabilité et de l'obsolescence qui n'est plus fonctionnel pour les molécules qui sont "éternelles", de sa succession à son rapport à la politique, "au-delà de l'affaire de la chloroquine", comme est intitulé son dernier livre (Michel Lafon), un "Entretien essentiel" qui brasse les grands aspects de la trajectoire de l'IHU et de son directeur, projetés dans la tempête médiatico-politique depuis bientôt deux ans, dans laquelle ils gardent leur cap, convaincus que c'est avec le temps et la retombée des passions que l'histoire leur rendra justice.
Voir aussi : Marseille, épisode 2 - Pr La Scola : "plaisir de tout faire à l'IHU" et limites de la vaccination de masse
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