"Quand on est soignant, on soigne tout le monde", Mathilde Revolon, sage-femme libérale
Sage-femme libérale iséroise, Mathilde Revelon est à l'origine d'une lettre ouverte aux parlementaires, envoyée au départ des débats sur le passe vaccinal. Dans cette lettre, en quelques mots seulement, ses 137 co-signataires et elle retirent l'essence du métier de soignant. Le serment d'Hippocrate, l'accès aux soins, la nécessité de transmettre des informations claires et loyales à sa patientèle, Mathilde Revelon revient avec nous sur ce qu'elle estime être son cœur de métier : soigner ses patients, sans distinction. Elle met aussi le doigt sur les récents errements dus à la crise sanitaire.
Texte de la lettre :
« Par la présente, Nous, Sages-Femmes déclarons:
- Que nous respectons le serment d’Hippocrate, que nous soignerons toute personne qui
s’adressera à nous, en respectant chacune, son autonomie, sa volonté, sans aucune
discrimination selon son état de santé ou ses convictions.
- Que le degré d’urgence d’une demande de soins ne peut être apprécié que par un soignant,
après examen et consultation, et en aucun cas par un vigile.
- Et que par conséquent, nous refusons tout passe sanitaire ou vaccinal risquant de réduire
l’accès aux soins des personnes, et qu’en cela nous ne faisons que répondre aux principes
moraux, déontologiques et éthiques de notre profession. »
Le tri selon l'urgence à l'entrée des hôpitaux
Mathilde Revolon commence en illustrant par l'exemple ce à quoi l'obligation du passe peut donner lieu : « Un jour, une maman s'est présentée devant les portes de l'hôpital en assurant qu'elle ne sentait plus bouger son bébé. On lui a répondu d'aller se faire tester. Heureusement, tout s'est bien terminé... »
Selon elle, il n'y a pas de débat à avoir lorsque l'on parle d'urgence ; personne n'est mieux placé que la patiente elle-même pour savoir si c'est urgent ou non. « Positif ou négatif, on doit soigner. », assure-t-elle.
Les femmes enceintes doivent-elles être vaccinées ?
« On connaît assez bien les bénéfices, mais le risque n'est pas encore connu », rapporte-t-elle pour commencer. Elle nous explique ensuite que les prises de décisions françaises se sont essentiellement fondées sur les études du VAERS américain, sans que la France réalise ses propres recherches sur le sujet.
« En France, les études sont encore en cours. L'étude CoVacPreg, par exemple, a été annoncée par l'ANSM en mai dernier, puis a été confiée aux hospices civils de Lyon (HCL), pour finalement être bloquée pour des raisons "administratives", selon la chercheuse. Elle n'a débuté qu'en novembre 2021. Aujourd'hui, la chercheuse n'est pas certaine d'avoir assez de participants pour obtenir des résultats satisfaisants. », nous apprend-elle. En d'autres termes, les études françaises se sont faites à contre-temps, après que le ministre de la Santé a assuré plusieurs fois que la vaccination des femmes enceintes était sans risque. Sur quoi s'est-il appuyé pour affirmer cela ? Mathilde Revolon s'interroge : « Peut-être qu'il a eu accès à des données que nous n'avons pas. En tout cas, sur la notice des vaccins, il n'est absolument pas marqué "Vaccinez tout le monde". Il y est écrit que nous avons juste des données animales pour la grossesse, et aucune pour l'allaitement. Il y est aussi écrit qu'il faut peser la balance bénéfices-risques pour chaque cas... »
Le Conseil d'État élude la question
Au sujet de la dose de rappel pour les femmes enceintes, Mathilde Revolon, avec une de ses collègues, a signé un mémoire destiné au Conseil d'État. Son objectif était d'obtenir une dispense de troisième dose pour les femmes enceintes, ayant trop peu de données pour fonder cette obligation. Le 8 décembre 2021, ce mémoire a été exposé au Conseil d'État par Me Diane Protat, à côté d'autres sujets liés aux mesures sanitaires. Quelques jours plus tard, Mathilde Revolon et Me Protat apprennent que la question a été éludée.
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