Afrique du Sud : l'industrie minière espère un changement politique rapide

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Par Kristen VAN SCHIE - Le Cap (AFP)
Publié le 06 février 2018 - 10:02
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La mine d'or sud-africaine de Blyvooruitzicht, près de Carletonville, le 23 mars 2017, quatre ans après sa fermeture
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© GIANLUIGI GUERCIA / AFP/Archives
La mine d'or sud-africaine de Blyvooruitzicht, près de Carletonville, le 23 mars 2017, quatre ans après sa fermeture
© GIANLUIGI GUERCIA / AFP/Archives

Toujours convalescente, l'industrie minière d'Afrique du Sud mise sur un changement politique rapide à la tête du pays pour obtenir des réformes seules capables, selon elle, de relancer durablement la confiance des investisseurs en son avenir.

Le plus important rendez-vous mondial des acteurs du secteur minier s'est ouvert lundi au Cap (sud-ouest), alors que les spéculations vont bon train sur une fin de mandat anticipée du président du pays, le très controversé Jacob Zuma.

Son départ ouvrirait la voie à son successeur à la tête du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, le vice-président et ancien dirigeant de compagnie minière Cyril Ramaphosa.

"Pour la première fois depuis longtemps, il est possible d'envisager l'avenir avec un optimisme raisonnable plutôt que de s'en inquiéter", s'est réjoui le patron de la Chambre sud-africaine des mines, Roger Baxter.

Selon le dernier rapport du cabinet PriceWaterhouseCooper, l'année dernière a encore été difficile pour le secteur.

Si le chiffre d'affaires des compagnies minières sud-africaines a progressé de 13% à 43 milliards de rands (2,9 Mds euros) par rapport à 2016, leur capitalisation a chuté d'un quart, malgré la remontée des prix de certains métaux sur les marchés.

Le secteur emploie encore 460.000 salariés en Afrique du Sud, mais ne contribue plus qu'à 5,1% de ses revenus, contre 5,4% en 2016.

La faute, disent les industriels, au mauvais climat des affaires, plombé par les incessants scandales de corruption qui éclaboussent le chef de l'Etat. Et au bras de fer juridico-politique qui les oppose depuis des mois à son gouvernement.

Les autorités ont promulgué en juin une nouvelle charte minière, qui oblige les entreprises du secteur à réserver une part plus grande à l'actionnariat noir, au nom de la "transformation radicale de l'économie" héritée de l'apartheid, un programme cher à M. Zuma.

Ce document va "détruire l'industrie", a mis en garde la Chambre des mines qui, avec d'autres, a porté l'affaire devant la justice.

- 'Vent positif' -

Les industriels ont repris espoir avec l'arrivée en décembre de M. Ramaphosa à la tête de l'ANC. "Un vent positif de changement est en train de souffler", s'est félicité lundi Roger Baxter.

Jusqu'à cette date, l'avenir était "sombre", a résumé l'analyste Peter Leon, de la firme Herbert Smith Freehills’ Africa Group.

Mais désormais "les investisseurs mondiaux observent avec intérêt la situation en Afrique du Sud", a-t-il poursuivi, qualifiant M. Ramaphosa de "très bon communicant" qui "envoie les bons signaux".

"Il ne fait aucun doute que la cote de l'Afrique du Sud s'est considérablement améliorée", a renchéri son confrère du Bureau for Economic Research, Hugo Pienaar.

Fondateur dans les années 1980 du Syndicat national des mineurs (NUM), un des fers de lance de la lutte contre l'apartheid, Cyril Ramaphosa s'est ensuite lancé avec succès dans les affaires, devenant l'une des personnalités les plus riches du pays.

Ses intérêts dans le secteur des mines lui ont valu de vives critiques. Membre de la direction du groupe Lonmin, il s'est attiré les foudres du pays en recommandant une riposte à la grève des mineurs de Marikana (nord) en 2012. La violente intervention de la police s'est soldée par la mort de 34 mineurs.

Cette tache sur son parcours est régulièrement pointée du doigt par ses adversaires politiques, mais son nom a été blanchi par la commission d'enquête officielle.

Lors du récent Forum économique mondial de Davos (Suisse), Cyril Ramaphosa a tendu la main aux industriels.

"La charte minière doit être discutée en profondeur avec les acteurs clé du secteur, de façon à ce qu'une solution intervienne pour libérer l'industrie minière sud-africaine", a déclaré le probable futur président du pays, "nous ne voulons pas rater le wagon de la reprise du marché des matières premières".

Impatients, les patrons des compagnies minières espèrent tous que la crise de succession qui agite le sommet de l'Etat sera réglée rapidement. Au profit de leur favori, naturellement.

"Il y a beaucoup de frictions (...). Si Zuma doit partir, nous espérons que ce soit très bientôt", a résumé l'économiste de la compagnie d'assurance Old Mutual, Tinyiko Ngwenya.

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