Brésil : le café robusta n'est plus en pénurie, mais reste fragilisé

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Par AFP
Publié le 13 décembre 2017 - 11:12
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La production de café robusta est repartie au Brésil, après la pénurie provoquée par deux années de sécheresse sans précédent dans l'Etat d'Espirito Santo, principal producteur de cette variété, et les cours retombent après une flambée qui avait fait perdre des clients.

Les stocks de robusta du Brésil, premier producteur et exportateur mondial de café en grains et soluble, étaient au plus bas en début d'année 2017, ce qui avait conduit les industriels du café moulu et du café soluble à réclamer en février l'autorisation d'en importer du Vietnam, leader mondial de la variété robusta.

Mais l'opposition des caféiculteurs brésiliens à cette mesure a été telle que le gouvernement a dû décider de faire marche arrière en suspendant l'arrêté.

Les agriculteurs estimaient être en mesure de satisfaire la demande, alors que les faibles récoltes avaient propulsé les prix locaux à des niveaux record, se rapprochant de ceux du café arabica, historiquement toujours plus élevés. Et par ricochet, cela a plombé l'industrie brésilienne du café instantané qui a perdu des marchés.

"Nous exportons 85% de notre production de soluble, qui utilise uniquement du café robusta. Nos exportations avaient augmenté de 3% en 2015 et de 7,5% l'année dernière, mais cette année, en raison de la pénurie de robusta, elles ont chuté de 13%", explique à l'AFP Aguinaldo de Lima, directeur des relations institutionnelles de l'Association brésilienne de l'industrie de café soluble (Abics).

"L'importation de la variété nous aurait permis de conserver nos marchés, mais plusieurs clients se sont tournés vers des pays concurrents et seront difficiles à récupérer", ajoute-t-il.

L'industrie du café moulu et torréfié a adopté une autre stratégie, elle a modifié la composition de ses mélanges. Alors que les torréfacteurs utilisaient en moyenne 50% de robusta et 50% d'arabica, la pénurie de robusta sur le marché interne les a conduit à passer à 80% d'arabica dans leurs produits.

"Les industries ne trouvaient pas de détenteurs de stocks de robusta prêts à vendre leur café, elles ont donc préféré réduire leur dépendance au robusta. Même si aujourd'hui, la disponibilité de la variété est meilleure, elles en achètent un volume plus faible", souligne Nathan Herszkowicz, directeur exécutif de l'Association brésilienne de l'industrie du café (Abic).

"Nous avions assez de stocks pour répondre à la demande des industries, mais nos clients mettaient parfois deux mois pour venir chercher le café qu'ils avaient acheté, tout en réclamant l'importation de café vietnamien pour faire baisser le prix du robusta sur le marché interne et préserver leurs marges sur les futurs contrats", rétorque Antonio Joaquim de Souza Neto, président de Cooabriel, première coopérative de production de robusta au Brésil qui regroupe plus de 5.000 caféiculteurs.

- Pluviométrie correcte -

En 2014 et 2015, la région, principale productrice de robusta, a subi une grave sécheresse qui a entraîné une chute de 49,3% de la production entre 2014 et 2016, à 5,04 millions de sacs de 60 kg contre 9,95 millions, selon la Compagnie nationale d'approvisionnement (Conab).

La pluviométrie correcte dans les plantations de café de l'Espirito Santo cette année doit permettre à la région d'enregistrer une hausse significative de sa production, qui devrait augmenter de 17,5% par rapport à 2016, à 5,9 millions de sacs. Au niveau national, la production devrait remonter à 10,7 millions de sacs, contre 8 millions en 2016 (+34%).

Le prix sur le marché interne avait atteint un record de 552 reais (170 dollars américains) par sac de 60 kg en novembre 2016, selon le Centre d'études avancées en économie appliquée (Cepea) de l'Université de São Paulo.

Il a nettement baissé depuis, et lundi, le sac se vendait à 361 reais (109 dollars).

Sur le marché mondial, la tonne de robusta était tombée à 1.307 dollars fin février 2016, son plus bas depuis mai 2010, mais les faibles récoltes brésiliennes avaient alors largement contribué à la reprise du prix, qui avait grimpé de près de 70% en à peine un an, pour atteindre en janvier 2017, 2.282 dollars, son plus haut depuis septembre 2011.

En juin 2017, les prix ont commencé à nettement reculer. La tonne de robusta est retombé le 5 décembre à1.717 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis juillet 2016. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta s'échangeait à 1.728 dollars la tonne en début de semaine.

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