Dix ans après la récession, le patrimoine de la classe moyenne américaine à la traîne

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Par Virginie MONTET - Washington (AFP)
Publié le 11 mai 2019 - 08:45
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Vue aérienne de la ville de San José en Californie, en octobre 2007
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© HELENE LABRIET-GROSS / AFP/Archives
Vue aérienne de la ville de San José en Californie, en octobre 2007
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Même si sur le papier les prix immobiliers aux Etats-Unis ont dépassé en moyenne leur niveau d'avant l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, le patrimoine de la classe moyenne américaine, souvent représenté par le logement, reste toujours à la traîne.

L'indice Case Shiller --référence en matière d'observation des prix immobiliers aux Etats-Unis-- a retrouvé fin 2017 en moyenne le pic historique de 2006, atteint avant les défaillances des prêts immobiliers à risque ("subprimes") qui ont provoqué des millions de saisies immobilières et la plus profonde récession depuis l'entre-deux guerres.

Pourtant, dix ans plus tard, malgré le ralentissement de la hausse du prix des maisons, le patrimoine de la classe moyenne américaine n'a toujours pas retrouvé son niveau d'avant la récession de 2009, constate la Banque centrale américaine (Fed).

"Les familles à revenus moyens n'ont pas totalement récupéré la richesse perdue lors de la grande récession" de 2009, a relevé vendredi Lael Brainard, gouverneure de la Fed, dans un discours à Washington.

Seule démocrate siégeant au directoire de la Fed, nommée à ce poste pendant l'administration Obama, elle s'est faite l'écho de deux nouvelles enquêtes de la Banque centrale montrant le creusement des inégalités et la dégradation des ressources de la classe moyenne.

"Le patrimoine des 10% de foyers situés en haut de l'échelle a progressé de 19% depuis la récession" de 2009 "même en prenant en compte le récent déclin des actions boursières fin 2018", a-t-elle souligné.

En revanche, la richesse des familles aux revenus moyens n'a pas retrouvé son niveau d'avant la crise. Pour les familles à bas revenus, elle est même plus faible de 16%, a-t-elle détaillé.

Aux Etats-Unis, le fait d'être propriétaire de son logement, même en le payant encore à crédit, constitue l'un des apanages de la classe moyenne.

Mais la valeur nette de ces logements (hors crédit encore dû), qui avait atteint en 2005 un pic moyen de 90.200 dollars pour les ménages de la classe moyenne, avait fondu des deux tiers en 2011.

Fin 2018, après plusieurs années de hausse des prix des logements souvent de 5% par an, cette valeur nette "est encore en-dessous de son niveau d'avant la récession et guère au-dessus de celui de 1989", a déploré Mme Brainard.

- Moins de propriétaires -

Quant au taux de propriétaires, il est tombé à 68% ces dernières années contre 74% en 2004, son record.

Parallèlement, la part d'un loyer dans le budget d'un locataire de la classe moyenne est passée de 18% en 2007 à 25% en 2018.

Alors que la capacité d'épargner constitue, avec la sécurité de l'emploi, une autre caractéristique de la classe moyenne, un tiers des foyers affirment, selon une enquête de la Fed, qu'il leur faudrait emprunter ou vendre quelque chose pour payer une facture imprévue de 400 dollars.

Un tiers, également, doit en permanence de l'argent sur sa carte de crédit.

En 2018, un quart des familles à revenus moyens ont aussi évité d'aller chez le médecin faute de moyens.

Si l'on regarde l'évolution des richesses sur les trois dernières décennies, le patrimoine des foyers les plus aisés est désormais treize fois supérieur à celui des foyers de la classe moyenne, contre sept fois en 1989.

Les ménages de la tranche la plus élevée détiennent 57% de la totalité de la richesse aux Etats-Unis contre 47% il y a trente ans.

Sur cette période, la richesse de la classe moyenne n'a augmenté que de 1% par an quand la croissance du pays a été de 2,6%.

Résultat: alors que dans les années 1950, plus de 80% des enfants nés dans la classe moyenne étaient assurés de gagner davantage que leurs parents, ils ne seraient plus aujourd'hui que la moitié à toucher davantage que leurs aînés, a résumé Jerome Powell, président de la Fed, lors d'une conférence à Washington cette semaine.

Se faisant l'écho de ces données, un récent sondage du Washington Post et d'ABC News montrait que six Américains sur dix considéraient que le système économique continuait de favoriser les élites.

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