Dreadlocks Vs SUV : choc des générations et des discours à l'AG de Volkswagen

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Par Daphne ROUSSEAU - Berlin (AFP)
Publié le 14 mai 2019 - 19:40
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Herbert Diess, patron de Volkswagen, à l'assemblée générale du groupe à Berlin le 14 mai 2019
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© John MACDOUGALL / AFP
Herbert Diess, patron de Volkswagen, à l'assemblée générale du groupe à Berlin le 14 mai 2019
© John MACDOUGALL / AFP

Stylo bille et feuille A4 à la main, la lycéenne Clara Mayer peaufine son discours sur un coin de table. Elle tresse ses cheveux à la manière de l'adolescente suédoise Greta Thunberg, opte pour une couronne à la Ioulia Timochenko et ignore les regard étonnés des centaines d'actionnaires venus se ravitailler au buffet offert par Volkswagen pour son Assemblée générale annuelle.

"Je suis venue vous parler de votre responsabilité dans le fait que nous sommes en train de perdre notre futur et notre planète", lance-t-elle avec assurance depuis la tribune, surplombée par l'intégralité de la direction du géant mondial de l'automobile.

"Je veux que vous regardiez vos enfants dans les yeux et que vous leur disiez: +j'ai vendu ton avenir+", poursuit la militante de 18 ans, membre du mouvement "Fridays for future", ces collégiens, lycéens et étudiants qui manifestent chaque vendredi pour le climat.

"Tu n'as même pas d'enfants", lui crie un des actionnaires depuis son siège du fond. "Mais c'est pour eux que nous sommes là !", lui lance du tac au tac un autre, dans une joute plutôt rare pour ces réunions d'actionnaires, d'ordinaire assez feutrées et bien huilées.

Comme lors de l'AG du groupe d'énergie allemand RWE, des détenteurs d'action de VW, critiques du groupe, ont offert mardi aux jeunes militants leur temps de parole. Ils ont ainsi permis une rare confrontation directe entre la direction du constructeur responsable du scandale "Dieselgate" et la génération montante de militants écologiste.

- "Dernier tabou" -

Les actionnaires avaient déjà été accueillis de bon matin à l'entrée de l'Assemblée générale par un "die in".

Couchés au sol, au milieu de pneus et jantes de voitures éparpillés, derrière un faux cordon de police barré de la mention "scène de crime climatique", les activistes avaient tenté d'attirer l'attention des actionnaires débarquant de leurs navettes sur le parvis du plus gros centre de congrès de Berlin.

Le patron de Volkswagen, Herbert Diess, a désamorcé les critiques dès son discours d'introduction, à l'image d'autres dirigeants confrontés aux happenings de plus en plus nombreux d'activistes de défense du climat à l'occasion des assemblées générales.

"Les véhicules de nos marques de voitures représentent à eux seul 1% des émissions de CO2 au monde", reconnait M. Diess, en assurant que l’électrification des modèles de Volkswagen - pour laquelle le groupe a débloqué plus de 30 milliards d'euros d'ici 2023 - est une réponse au "changement climatique, devenu le principal défi de l'humanité".

"Nous ne voulons pas de voitures plus propres, nous voulons voir cette industrie sale et criminelle dégager de notre société et surtout de notre politique", rétorque à l'AFP un des organisateurs de l'action du jour, Tadzio Müller, militant du Climate Action Network et spécialiste des actions de blocage.

"Après les centrales nucléaires et les mines de charbon", l'industrie automobile, secteur phare de l'industrie allemande, qui emploie quelque 800.000 personnes, est, selon lui, "le dernier tabou".

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