Folle semaine pour la livre sterling, baromètre du Brexit

Auteur:
 
Par Kevin TRUBLET - Londres (AFP)
Publié le 15 mars 2019 - 15:26
Image
Un employé d'Activtrades scrute l'évolution de données financières, le 15 mars 2019 à Londres
Crédits
© Isabel INFANTES / AFP
Un employé d'Activtrades scrute l'évolution de données financières, le 15 mars 2019 à Londres
© Isabel INFANTES / AFP

La livre sterling a connu une semaine chaotique, à l'image des discussions sur le Brexit, enchaînant les chutes et envolées au gré des rebondissements autour de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

Sur la semaine, la monnaie britannique a grimpé de 1,80% face au dollar et de 1% face à l'euro. Vendredi, elle s'échangeait à environ 1,3250 dollar et 1,1700 euro.

Cette hausse illustre l'étonnante confiance des marchés dans un divorce à l'amiable malgré le désordre ambiant à Westminster. Elle rend cependant mal compte de l'extrême sensibilité de la livre au feuilleton du Brexit.

En temps normal, la devise réagit aux évolutions de la politique monétaire ou aux nombreux indicateurs économiques. Mais depuis plusieurs mois, "le Brexit est clairement le principal déclencheur", explique vendredi à l'AFP Carlo Alberto De Casa, analyste pour ActivTrades.

Ceci fait de la monnaie britannique un bon indicateur de l'opinion des investisseurs à propos des modalités du Brexit - la livre valant de toute façon bien moins qu'avant le référendum de juin 2016. Lorsque les chances d'un accord entre le Royaume-Uni et l'UE augmentent, la livre s'apprécie, et à l'inverse la livre baisse lorsque s'accroissent les risques d'un Brexit sans accord ou d'une longue prolongation du flou actuel.

- Mardi efface lundi -

La semaine écoulée constitue un résumé parfait du poids des enjeux du Brexit sur la livre.

Lundi, c'est l'optimisme qui domine chez les cambistes, surtout le soir, lorsque la Première ministre britannique Theresa May annonce avoir obtenu d'ultimes concessions de l'Union européenne. En quelques minutes, la livre gagne 1% face au dollar, un chiffre important à l'échelle du colossal marché des devises.

Mardi matin, les analystes s'interrogent. Les dernières concessions seront-elles suffisantes pour que l'accord conclu par Mme May avec l'UE soit voté par les députés britanniques, après un premier franc rejet en janvier ?

"La défaite du gouvernement britannique n'est plus certaine pour le gouvernement britannique", annoncent dans une note Lee Hardman et Fritz Louw, analystes pour MUFG. Mais pour Neil Wilson, analyste pour Markets.com, "le refus de la livre (de monter plus haut) trahit les doutes qui subsistent".

Les espoirs sont vite balayés. En fin de matinée, le conseiller juridique du gouvernement juge que "le risque juridique" présenté par l'accord "reste inchangé". Aussitôt, la livre décroche et efface tous ses gains accumulés sur les 24 heures précédentes. Pour les marchés, il est désormais clair qu'une nouvelle défaite s'annonce pour Theresa May - elle aura bien lieu le soir même.

- Attention au 'no deal' -

Mercredi matin, l'optimisme fait son retour. Malgré l'absence de nouvel élément, la livre monte progressivement mais sûrement, à quelques heures d'un vote des députés sur le "no deal". Vers 17H00 GMT, elle est en hausse de plus de 1% face au dollar et à l'euro, par rapport à son cours de la veille.

S'ensuit une séance houleuse au Parlement, qui fait bondir la livre à des sommets. A 20H30 GMT, elle atteint ainsi 1,1803 euro, un niveau plus vu depuis mai 2017.

Des députés conservateurs et même des ministres ont défié les consignes de vote de Theresa May, en adoptant un amendement qui rejette l'option d'une sortie sans accord "quelles que soient les circonstances". Dans la foulée, Mme May annonce qu'elle va soumettre une troisième fois son accord au Parlement.

Finalement, mercredi, la devise britannique termine en hausse de 2% face au dollar et de 1,6% face à l'euro, sa meilleure journée depuis deux ans.

Jeudi, le Parlement décide de demander le report du Brexit, éloignant la perspective d'une sortie sans accord. Mais la livre réagit peu car ce vote était largement attendu et la prudence reste de mise.

"Au cas où nous irions vers un +no deal+, le scénario dramatique et le plus compliqué pour le Royaume-Uni, nous pourrions assister à d'énormes mouvements sur la livre", avertit M. De Casa, selon qui tous les yeux sont dorénavant tournés vers la réponse de l'UE.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.