Grèves : déjà affecté, le tourisme français craint une aggravation

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Par Katia DOLMADJIAN, Anne-Sophie MOREL - Paris (AFP)
Publié le 29 mars 2018 - 13:25
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La tour Eiffel est restée fermée dimanche matin en raison de la neige et du froid, le monument parisien devant rouvrir en début d'après-midi, a indiqué sa société d'exploitation.
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Les grèves prévues à Air France et à la SNCF pèsent sur l'activité touristique française. Hôteliers et voyagistes redoutent une dégradation de la situation
Ci-contre vue sur l'esp
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La série de grèves prévues à Air France et à la SNCF ces prochaines semaines pèse déjà sur l'activité touristique française, hôteliers comme voyagistes craignant la montée en puissance des annulations et perturbations, sans compter l'image "préjudiciable" renvoyée à l'étranger.

Les vacances scolaires s'étalent - toutes zones comprises - du samedi 7 avril au 14 mai. A la SNCF, les préavis de grève concernent 36 journées réparties sur avril, mai et juin, au rythme de deux jours sur cinq. Les personnels d'Air France sont eux appelés à cesser le travail le 30 mars, ainsi que les 3 et 7 avril.

Alors que l'Hexagone a connu en 2017 une fréquentation touristique record, "cette concomitance de grèves est très mauvaise et préjudiciable en termes d'image pour les touristes étrangers", résume à l'AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage.

"La lecture que l'on en fait à l'étranger est que le climat social en France est dégradé, surtout avec un mouvement de grèves aussi long. L'impact est bien sûr difficile à mesurer, mais ces grèves incitent à orienter leurs vacances vers d'autres destinations que l'Hexagone pour les touristes qui n'avaient pas encore réservé", estime le représentant des agences de voyage françaises.

Du côté des tour-opérateurs, "la difficulté va être de faire partir les gens", notamment le samedi 7 avril, jour de grève chez Air France et premier jour des vacances de printemps dans la zone A.

"S'ils partent en vacances avec un jour de retard, les vacanciers vont demander à être remboursés, et le pire ce sera s'il y a aussi un impact sur leur retour. Ce sera compliqué de trouver d'autres vols, on est partis pour des litiges", prévient René-Marc Chikli, président du syndicat des tour-opérateurs (Seto).

Selon lui, il y aura "indéniablement une perte de chiffre d'affaire" pour les voyagistes.

- Manque à gagner -

Les hôteliers français anticipent eux "une baisse de 10% de taux d'occupation pour le mois d'avril, soit une perte de 150 millions d'euros", affirme à l'AFP Roland Héguy, président de la principale organisation du secteur, l'Umih.

L'hôtellerie française réalise selon lui en moyenne 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires chaque mois.

"Et l'on peut craindre des répercussions tout aussi fortes voire pires pour les mois de mai et juin, deux mois très touristiques, tant pour le tourisme de loisirs que celui d'affaires, juin étant le mois le plus fort de l'année à Paris pour ce dernier segment", redoute-t-il.

Dans le centre-ville de Lyon, le co-gérant de l'Hôtel du Théâtre, contacté par l'AFP, explique avoir déjà enregistré "quatre annulations pour mardi et quatre autres pour mercredi prochains, premiers jours de grève à la SNCF, sur un total de 24 chambres".

A 200 kilomètres de là, dans le centre de Dijon, Pascal Lopez, gérant de l'hôtel deux étoiles Montchapet, ne peut que constater que "ça ne réserve pas comme d'habitude pour la semaine prochaine. Il est vrai que les clients réservent à la dernière minute mais on devrait être davantage rempli à horizon cinq jours".

Les conséquences financières des grèves se font déjà ressentir, "avec des annulations par précaution de séminaires professionnels ou de voyages de presse, et dans tous les cas cela coûtera au secteur du tourisme (hôtellerie-restauration notamment) entre 500 millions et un milliard d'euros", avance pour sa part Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme.

Du côté du nombre de Français devant partir en France, "le mois d'avril ne s'annonçait déjà pas très bien par rapport à l'année dernière, car les gens vont plutôt partir en mai en raison des ponts, ou alors ils se réservent pour des voyages plus lointains et plus coûteux cet été. Donc les grèves pourraient accentuer ce phénomène", estime-t-il.

En 2016, encore fragilisés par les attentats et l'état d'urgence, les professionnels du tourisme avaient vu leur début de saison douché par les grèves à répétition et les manifestations violentes contre la loi Travail, sans compter les inondations et la grève des éboueurs, qui avaient refroidi nombre de touristes.

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