La BCE attendue face aux craintes sur l'économie européenne

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Par Jean-Philippe LACOUR - Francfort (AFP)
Publié le 07 mars 2019 - 05:00
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Le siège de la Banque centrale européenne (BCE), le 24 janvier 2019 à Francfort, en Allemagne
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© Daniel ROLAND / AFP/Archives
Le siège de la Banque centrale européenne (BCE), le 24 janvier 2019 à Francfort, en Allemagne
© Daniel ROLAND / AFP/Archives

La Banque centrale européenne devrait abaisser jeudi ses prévisions économiques et discuter de possibles mesures de soutien face à une croissance qui ne cesse de ralentir en zone euro et à une inflation atone.

Le groupe de 19 pays utilisant la monnaie unique n'est certes pas menacé dans son ensemble d'une récession, a déjà martelé le président de l'institut monétaire, Mario Draghi. Mais très dépendante du commerce, cette région économique subit depuis des mois le ralentissement des échanges internationaux et le coup de faiblesse du secteur manufacturier, surtout en Allemagne.

C'est pourquoi l'institution devrait, à l'occasion de sa réunion de politique monétaire, ramener sa prévision de croissance pour 2019 en zone euro à entre 1,2 et 1,5%, contre 1,7% actuellement, selon plusieurs économistes.

La plupart des organisations internationales font de même. Dernière en date, l'OCDE a même ramené sa prévision à seulement 1%. Elle a réduit son pronostic pour l'Allemagne, première économie de la zone euro de 0,9 point, à 0,7%, et s'attend même désormais à une récession en Italie (-1,1 point à -0,2%).

L'objectif suprême pour l'institut monétaire est d'avoir une hausse des prix sur le moyen terme légèrement inférieure à 2%, un niveau qu'elle a manqué d'atteindre depuis 4 ans et qui devrait continuer à lui échapper.

Elle devrait ainsi ramener sa prévision d'inflation pour 2019 de 1,6% à 1,4%, selon certains économistes.

Confiante de gagner son pari à terme, la BCE devrait toutefois conserver sa prévision d'inflation à moyen terme, soit 1,8% en 2021, selon Florian Hense, de Berenberg Bank.

- Tensions commerciales -

Les risques sur le front économique s'accumulent avec le Brexit et les différends commerciaux opposant Washington et de nombreux pays, même si un rapprochement semble s'amorcer entre les Etats-Unis et la Chine.

Le contentieux avec l'Europe pourrait aboutir à l'imposition de droits de douane supplémentaires réciproques. Ce serait un coup très dur pour l’industrie européenne, notamment l'automobile en Allemagne.

Dans ce contexte, les spécialistes s'attendent à ce que les gouverneurs de la BCE discutent de mesures de soutien face au ralentissement, même si la BCE doit continuer à "jouer la prudence", résume M. Hense.

Les taux devraient rester jeudi à leur plus bas niveau, soit à zéro pour le taux de refinancement des banques et à -0,40% sur les liquidités excédentaires déposées au guichet de l'institut.

Il devrait être répété que les taux ne changeront pas "au moins jusqu’à l’été 2019", en conditionnant tout changement de formulation, épié de près sur les marchés, à l'évolution de la conjoncture.

Le marché a, lui, déjà "fait le métier" en repoussant les attentes d'une première hausse des taux à 2020, rappelle Gilles Moec, économiste chez Bank of America.

- Prêts géants? -

Au titre des mesures de soutien, l'institut pourrait évoquer une nouvelle salve de prêts géants et bon marché accordés aux banques, les "TLTROs", censés stimuler le crédit et la croissance.

En 2016 et 2017, les banques, en premier lieu les plus fragiles d’entre elles, en Italie, s'étaient précipitées sur ces prêts à taux zéro, voire rémunérés à 0,40% si les liquidités reçues étaient suffisamment recyclées dans l'économie réelle, en prêtant aux entrepreneurs et aux particuliers.

La question se pose désormais de proposer aux banques un nouveau matelas de liquidités, alors que se profilent d'importantes échéances de remboursement.

L'institution pourrait se décider jeudi sur le principe et "laisser des comités (d'experts) préparer les détails qui seront dévoilés en avril", croit Gilles Moec.

La BCE dispose d'une panoplie d'instruments utilisables si la situation l'exigeait, y compris le programme historique de rachats nets de dette publique et privée, lourd de 2.600 milliards d'euros, qu'elle vient de stopper fin décembre.

Et afin de maintenir des conditions favorables de financement, elle devrait continuer à réinvestir son stock d'obligations à échéance "bien au-delà" de la date à laquelle elle aura commencé à relever les taux d’intérêt.

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