Le gaz carbonique se fait rare en Europe, crainte d'une pénurie de bulles dans les boissons

Auteur:
 
Par Jitendra JOSHI - Londres (AFP)
Publié le 28 juin 2018 - 17:29
Image
Les bas niveaux de Co2 coïncident avec un temps chaud et la Coupe du Monde de football
Crédits
© LEON NEAL / AFP/Archives
Les bas niveaux de Co2 coïncident avec un temps chaud et la Coupe du Monde de football.
© LEON NEAL / AFP/Archives

C'est la haute saison pour les bars et les barbecues en Europe qui connaît une vague de chaleur en pleine période de diffusion de la Coupe du monde. Mais, au même moment, les entreprises productrices de boissons doivent faire face à une pénurie du gaz carbonique qui donne leur pétillant aux bières et aux sodas.

Une pénurie de dioxyde de carbone industriel (CO2) affecte également les producteurs de viande et les entreprises de l'agro-alimentaire dont le réfrigérant est composé de glace carbonique. La glace est un autre produit qui pourrait donc venir à manquer, alors que les températures ont atteint les 30 degrés Celsius dans certains régions d'Europe du Nord.

En Grande-Bretagne, pays le plus touché par la pénurie de CO2, un des principaux fournisseurs en boissons des bars et restaurants rationne les ventes. Booker, qui appartient au géant des supermarchés Tesco, a annoncé qu'il limitait ses ventes aux grossistes à dix caisses de bières, et cinq de cidre ou de boissons sans alcool.

Le groupe néerlandais Heineken dit travailler "24H sur 24" pour répondre à une hausse de la demande, étant donné les températures chaudes et la compétition de football, en s'approvisionnant en gaz dans tout son réseau européen.

La filiale britannique de Coca-Cola a annoncé de son côté qu'elle "répondait actuellement à un problème industriel qui affecte l'approvisionnement en CO2 en Grande-Bretagne" en suspendant temporairement une partie de sa chaîne de production de boissons. Elle a toutefois assuré qu'il n'y aurait pas d'impact sur l'approvisionnement.

La pénurie de gaz carbonique a été rapportée par la revue spécialisée Gas World, évoquant "la situation la plus difficile d'approvisionnement à toucher le marché européen du dioxyde de carbone depuis plusieurs décennies".

Elle a expliqué le phénomène par une coïncidence entre l'entretien programmé des usines en Europe du Nord et une tendance à la baisse du marché de production de l'ammoniac, composant majeur de l'engrais. Le dioxyde de carbone industriel est un dérivé très utilisé dans l'industrie agro-alimentaire.

Les usines ont profité du fait que les agriculteurs avaient déjà planté leurs cultures au printemps dernier et d'une faible demande en engrais pour réaliser leurs travaux d'entretien.

Mais ces derniers ont coïncidé avec des températures inhabituellement chaudes pour un mois de mai en Europe qui ont provoqué une hausse de la demande en boissons gazeuses.

Au même moment, d'après Gas World, l'approvisionnement moins cher en ammoniac en dehors de l'Europe a encouragé les industriels à garder leurs usines hors-service plus longtemps.

- "semaine critique" -

Tandis que les industriels privilégient l'approvisionnement en ammoniac depuis l'Europe du Sud et au-delà, la Grande-Bretagne a été particulièrement touchée en raison des routes de transbordement plus longues et de la fermeture de toutes ses usines de transformation d'ammoniac, à l'exception d'une.

Dans les abattoirs, le CO2 est utilisé pour étourdir les animaux avant qu'ils ne soient tués pour leur viande. La pénurie a ainsi contraint la plus importante usine de transformation de viande de porc d'Ecosse à suspendre les abattages cette semaine.

Le président de l'Association des transformateurs de viande britannique, Nick Allen, a déclaré que la situation devenait "plutôt tendue" et exacerbée par les hautes températures, regrettant aussi un manque de transparence du côté des producteurs de gaz carbonique.

Les principaux acteurs de l'approvisionnement en gaz industriel sont l'allemand Linde et Messer, le français Air Liquide et le géant américain Praxair.

Dans un communiqué, Air Liquide a expliqué que la pénurie était le "résultat de l'arrêt exceptionnel et simultané des unités de production de CO2 brut".

L'entreprise a ajouté qu'elle était "mobilisée à plein temps pour répondre aux besoins de sa clientèle industrielle et de l'agro-alimentaire dans un contexte de pénurie temporaire échappant à son contrôle".

Si cette semaine est une "semaine critique" pour l'industrie, la situation devrait s'arranger dès que les usines d'ammoniac seront relancées, a rapporté Gas World.

Un soulagement pour les amateurs de football, au moment où la Coupe du monde entre dans sa phase finale et où des pintes de bières sont englouties dans la tristesse ou la joie.

jit-burs/awa/tq/pg/nth

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.