Le gouvernement tente de donner de l'air aux Argentins, étranglés par l'inflation

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Par Alexandre PEYRILLE - Buenos Aires (AFP)
Publié le 17 avril 2019 - 21:18
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Le ministre argentin de l'Economie Nicolas Dujovne s'adresse à la presse à la résidence présidentielle à Olivos près de Buenos Aires, le 17 avril 2019
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© JUAN MABROMATA / AFP
Le ministre argentin de l'Economie Nicolas Dujovne s'adresse à la presse à la résidence présidentielle à Olivos près de Buenos Aires, le 17 avril 2019
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Le gouvernement argentin du président Mauricio Macri a annoncé mercredi le gel des prix des produits de base et des services publics pour tenter de limiter l'impact de l'inflation galopante qui pourrait menacer sa réélection en octobre.

Accablés par la hausse des prix, de 55% sur les 12 derniers mois, de nombreux Argentins réclament un changement de politique économique.

"C'est un moment difficile pour les familles argentines. Mars et avril ont des niveaux d'inflation anormalement hauts en raison de l'instabilité du taux de change. Nous sommes convaincus que nous allons gagner la bataille contre l'inflation", a déclaré mercredi le ministre argentin de l'Economie Nicolas Dujovne.

Jusqu'à la fin de l'année 2019, marquée en octobre par l'élection présidentielle, le gouvernement s'est engagé à ne pas introduire de nouvelles hausses des tarifs des services publics (transports, électricité, gaz).

Par ailleurs, en accord avec les entreprises concernées, les prix d'une soixantaine de produits de base sont gelés pendant au moins six mois, dont celui de la viande qui s'était envolé ces dernières années.

Les 18 millions de retraités et bénéficiaires de subventions de l'Etat auront droit à des réductions dans les commerces et des lignes de crédit.

Sous la pression du Fonds monétaire international (FMI) qui lui a octroyé un prêt de plus de 56 milliards de dollars, le gouvernement argentin avait lancé un plan de rigueur, pour réduire le déficit de l'Etat.

"Le taux de change ayant commencé à se stabiliser, nous croyons que le moment est venu d'apporter un peu de soulagement aux Argentins, qui ont fait tant d'efforts au cours de ces derniers mois, difficiles pour tous", selon un communiqué du gouvernement.

En arrivant au pouvoir en décembre 2015, Mauricio Macri a rompu avec la politique de gauche de l'ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015) et fixé un cap libéral à la troisième économie d'Amérique latine. Et la lutte contre l'inflation est devenue la priorité de son mandat.

- Flambée des prix -

Sur le seul mois de mars, les prix ont augmenté de 4,7% en Argentine. La flambée des prix a nui au pouvoir d'achat, et la consommation des ménages a considérablement chuté depuis un an.

Alors qu'une embellie était en vue début 2018 avec des perspectives de reprise, l'Argentine a été laminée par une crise monétaire. Le peso argentin à perdu 50% de sa valeur face au dollar en 2018.

Depuis le début de l'année 2019, la dépréciation du peso atteint déjà 9%.

"Nous restons convaincus que pour réduire l'inflation à long terme, et en finir avec ce problème que nous avons depuis 75 ans, les changements profonds et structurels que nous avons engagés ces dernières années sont indispensables", précise le communiqué du gouvernement.

Mardi, la Banque centrale d'Argentine (BCRA) avait annoncé une nouvelle mesure, approuvée par le FMI, visant à empêcher une dégringolade du peso, à savoir le gel du taux de change. Jusqu'ici, le taux de change était déjà encadré, avec un plancher et un plafond qui augmentaient progressivement chaque mois.

Le plafond a été fixé à 51,45 pesos (43,38 pesos pour un dollar mardi), et ce jusqu'à fin 2019, a précisé le président de la BCRA, Guido Sandleris.

Le gouvernement considère que la dépréciation du peso est le principal facteur inflationniste, alors que la montée en flèche des prix est devenue la plus grande menace à sa réélection en octobre.

"Ce paquet de mesures est annoncé car il y a des élections à la fin de l'année et le président brigue un nouveau mandat. L'intention est de montrer que le gouvernement fait un effort pour résoudre les problèmes de la population", a estimé l'analyste politique Ignacio Zuleta.

Malgré la crise économique, la récession et l'augmentation du chômage, Mauricio Macri est encore en mesure d'être réélu. Sa principale adversaire est Cristina Kirchner, pourtant mise en cause dans plusieurs affaires de corruption alors qu'elle dirigeait le pays sud-américain.

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