A Lyon, les noctambules peuvent faire leurs courses au supermarché

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Par Marjorie BOYET - Lyon (AFP)
Publié le 01 avril 2019 - 11:19
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Un client passe à une caisse automatique pour regler ses achats en pleine nuit au supermarché Casino, le 15 mars 2019
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© ROMAIN LAFABREGUE / AFP
Un client passe à une caisse automatique pour regler ses achats en pleine nuit au supermarché Casino, le 15 mars 2019
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Etudiants en panne de lessive ou travailleurs à horaires décalés, ils constituent les nouveaux "habitués de la nuit" du supermarché Casino Lyon-Gambetta, le premier à ouvrir 24H/24 en France.

"C'est une aubaine pour moi. Je n'ai pas pris de +fast-food+ sur la route car je sais que c'est ouvert ici", déclare Sylla N'Taye, livreur de 54 ans, baguette de pain en main.

"En ville, les grands magasins qui restent ouverts, ça arrange beaucoup de monde. Donc ça aura du succès; c'est forcé", prédit-il.

Depuis le 5 décembre, ce supermarché de 2.000 mètres carrés au coeur d'un quartier où se côtoient immeubles de bureaux, d'habitation, résidences étudiantes et hôtels, ouvre jour et nuit. A partir de 21H, les paiements se font sur les caisses automatiques ou via l'application développée par Casino.

L'ouverture du supermarché 24H/24 correspond "à un besoin de la clientèle", explique le directeur de Casino pour la région lyonnaise Jean-Bernard Gaudemer, ajoutant qu'il s'agit aussi de rivaliser avec le commerce en ligne.

L'extension des horaires d'ouverture a entraîné l'embauche d'un manager et d'un employé pour la soirée, puis, à partir de minuit, ce sont quatre vigiles qui veillent sur le magasin. En cas de difficultés en caisse, un boîtier permet de joindre un conseiller.

Pour Anthony Ferrer, coursier de 25 ans, l'achat nocturne reste du "dépannage" car "payer à la caisse libre-service avec un gros chariot, c'est compliqué".

"On s'adapte à la vie d'aujourd'hui. Les courses restent une contrainte pour les gens", estime le directeur du supermarché Robert How qui, après quelques mois, a vu se former une clientèle "d'habitués de la nuit".

Ces nouveaux fidèles sont ambulanciers, policiers, salariés dans la restauration, étudiants...

- Le rush du dimanche soir -

"C'est la première fois en France mais ça existe dans d'autres pays. La France suit ce mouvement-là et c'est une très bonne chose", se félicite Moulay Al-Kantari, restaurateur de 55 ans.

"Bizarrement, il y a le gros rush dimanche soir à minuit. Tout le monde vient faire ses courses de la semaine, donc je sais qu'il ne faut pas venir", observe cette étudiante en ingénierie informatique de 19 ans, Charlotte Lecat, venue pour un paquet de lessive et dont l'imperméable peine à cacher son pyjama...

"On a été très surpris de la fréquentation parce qu'on a du monde de minuit jusqu'à 6H du matin, avec des clients qui font des caddies de 300-400 euros", renchérit M. How, qui se félicite d'une croissance du chiffre d'affaires très importante" - sans révéler aucun montant.

"Si ce système fonctionne, c'est qu'il y a un gros +back-office+ humain, une grosse maintenance de nos caisses automatiques", souligne le directeur de ce magasin qui affirme accueillir "3.000 clients par jour".

L'organisation a dû être adaptée pour que les produits soient disponibles en quantité suffisante toute la nuit.

Dans les rayons traditionnels ( boucherie, poissonnerie...), la marchandise est mise en place le soir en barquettes. Le rayon fruits et légumes est lui réapprovisionné en fin de journée.

L'interdiction de la vente d'alcool après 21H est matérialisée par un cordon qui empêche les clients d'accéder à ce rayon et les produits alcoolisés ne passent plus en caisse.

Depuis le lancement de l'expérience lyonnaise, Casino a testé le concept dans quatre autres magasins. Si à Montpellier et Marseille l'expérimentation semble concluante, elle a été abandonnée à Mérignac et Nice, faute de fréquentation suffisante après minuit, selon le groupe.

Au rayon surgelés, Jean-Luc Hernandez, 49 ans, chef de projet en informatique, sort d'"un apéro entre collègues qui a duré plus longtemps que prévu", alors que son épouse l'avait missionné par texto d'une liste d'achats.

"Je sais que je vais me faire +engueuler+ mais j'aurai au moins fait les courses", lance gaiement M. Hernandez, un des seuls clients interrogés à s'inquiéter de la rémunération des employés pratiquant ces horaires inhabituels.

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