Renault dévoile ses résultats 2018, les derniers de l'ère Ghosn

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Par Daniel ARONSSOHN - Paris (AFP)
Publié le 14 février 2019 - 05:00
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Thierry Bolloré, directeur général exécutif de Renault à Boulogne-Billancourt, le 24 janvier 2019
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© Eric PIERMONT / AFP/Archives
Thierry Bolloré, directeur général exécutif de Renault à Boulogne-Billancourt, le 24 janvier 2019
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Renault solde jeudi l'ère Carlos Ghosn avec la publication de ses résultats pour 2018, les derniers portant la marque de son ex-patron, incarcéré depuis novembre au Japon.

Le bénéfice net devrait s'afficher nettement en baisse par rapport au chiffre record de 5,1 milliards d'euros publié en 2017. Les analystes interrogés par Factset tablent en moyenne sur 3,9 milliards.

Mais ce recul est essentiellement lié à la chute attendue de la contribution de Nissan. Le partenaire japonais, dont Renault détient 43%, a annoncé mardi une chute de 45% de ses profits entre avril et décembre 2018, à 2,5 milliards d'euros, alors que ses ventes ont stagné.

Nissan, longtemps locomotive de l'alliance franco-japonaise, fait désormais pâle figure par rapport à Renault, dont les performances opérationnelles restent très solides, grâce à ses véhicules low-cost qui se vendent très bien dans les pays émergents, comme en Europe.

En janvier, le groupe Renault (avec Dacia, Lada, Samsung Motors, Alpine, et les utilitaires vendus en Chine sous les marques Jinbei et Huasong) a annoncé un nouveau record de ventes mondiales, à 3,88 millions de véhicules, en hausse de 3,2%.

Alors qu'il était centré sur l'Europe, il y a encore une quinzaine d'années, Renault a réussi à s'internationaliser et écoule désormais plus d'un véhicule sur deux dans le reste du monde, notamment en Russie, en Afrique du Nord, en Inde, en Amérique latine, et même désormais en Chine où le groupe est arrivé tardivement.

La marge opérationnelle, un indicateur très suivi par les experts, est attendue à plus de 6% du chiffre d'affaires sur l'ensemble de l'année, un résultat très honorable pour un constructeur généraliste et désormais 50% plus élevé que chez Nissan.

La présentation des résultats annuels, systématiquement faite par le PDG Carlos Ghosn les années précédentes, sera assurée pour la première fois par son successeur au poste de directeur général exécutif, Thierry Bolloré, qui était auparavant son adjoint.

Mis en examen au Japon pour des malversations et abus de biens sociaux présumés, M. Ghosn coincé en prison jusqu'à son procès prévu dans plusieurs mois, avait démissionné fin janvier.

- Un test pour Bolloré -

"Les commentaires de M. Bolloré, sa conviction, ses réserves ou pas dans les objectifs" pour 2019, seront particulièrement scrutés, estime Gaëtan Toulemonde, analyste pour la Deutsche Bank. "Le premier semestre 2018 avait plutôt bien résisté. Est-ce que le deuxième a été ou pas aussi difficile?" que certains l'anticipent, s'interroge-t-il.

Comme plusieurs de ses concurrents, le constructeur français a notamment souffert en fin d'année en Europe de l'entrée en vigueur d'une nouvelle norme d'homologation des véhicules (WLTP) plus exigeante sur les émissions polluantes, le contraignant à retirer provisoirement certaines motorisations diesel de son catalogue.

Pour M. Toulemonde, l'un des grands points positifs du bilan de Ghosn aura été l'internationalisation du groupe, avec notamment ses positions fortes dans les pays émergents où se trouvera la croissance des prochaines années, ainsi que le succès de Dacia, la filiale roumaine "low cost".

En revanche, il n'aura jamais réussi à vendre correctement aux investisseurs l'alliance avec Nissan, élargie en 2017 à Mitsubishi, avec pour conséquence une mauvaise valorisation de l'action Renault en bourse.

L'affaire Ghosn et les tensions qu'elle a engendré depuis plusieurs mois entre Paris et Tokyo aura encore accru les doutes sur la solidité d'une alliance batie sur des participations croisées non majoritaires entre des entreprises restées indépendantes.

Renault comme Nissan ont pourtant besoin de l'alliance, estiment unanimement les experts. Le trio Renault-Nissan-Mitsubishi s'était hissé en 2017 en tête des ventes automobiles mondiales, devant Volkswagen et Toyota. L'ensemble franco-japonais a conservé son premier rang en 2018, avec 10,76 millions de véhicules vendus dans le monde.

Grâce à cette taille géante, la mutualisation des achats, des usines, des pièces et des plateformes, ainsi que de la recherche et du développement, procure des économies considérables qui pourraient atteindre 10 milliards d'euros en 2022, selon les prévisions de l'alliance.

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