Jellej jouets choisie pour reprendre Toys'R'Us France

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Par Laure BRUMONT - Évry (AFP)
Publié le 08 octobre 2018 - 13:55
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La société française Jellej jouets a été choisie lundi pour reprendre la filiale française de Toys'R'Us, au détriment notamment de la FIB, récent acquéreur de la Grande Récré, écartant ainsi la possibilité de créer un marché hexagonal du jouet plus concentré.

Numéro un de la distribution de jouets en France où il gère 53 magasins, Toys'R'Us avait annoncé fin juillet chercher un repreneur, après la mise en liquidation en mars des 735 magasins de l'enseigne aux États-Unis.

Le tribunal de commerce d'Evry devait trancher entre trois candidats: un fonds d'investissement spécialisé dans l'immobilier commercial, la FIB (Financière immobilière bordelaise); le fondateur et président du groupe Orchestra (Prémaman) Pierre Mestre, soutenu par le fonds américain Pimco; et la société Jellej jouets, créée spécialement pour l'occasion par le fonds Cyrus Capital, un des créanciers de la maison-mère américaine de Toys'R'Us, associé à l'enseigne nordiste Picwic (25 magasins), dont le président est lié à la famille Mulliez (propriétaire du groupe Auchan) et à l'industriel Tony Lesaffre.

Si la FIB avait été désignée, c'est tout le secteur du jouet qui aurait été bouleversé, ce fonds bordelais ayant déjà été choisi mardi dernier par le tribunal de commerce de Paris pour reprendre Ludendo (La Grande Récré, 140 magasins en France), aux côtés du PDG actuel du groupe de distribution de jouets, Jean-Michel Grunberg.

Cela aurait conduit à une concentration du secteur que certains jugent indispensable face à la concurrence du géant américain du commerce en ligne Amazon, très agressif sur le marché du jouet.

Mais, selon le jugement du tribunal, l'offre de la FIB a été écartée en premier, notamment en raison d'un volet social moins intéressant (949 salariés repris, contre 1.068 et 1.036 pour ses concurrents, sur 1.171 au total selon la CFDT).

Restait donc à choisir entre M. Mestre et Jellej jouets, "deux offres également sérieuses en terme de qualité", et "globalement équivalentes sur le volet social", a souligné lors de l'audience le président du tribunal de commerce d'Evry, Alain Gruson.

Néanmoins, a-t-il ajouté, concernant la "pérennité de l'activité", le "succès commercial" de l'enseigne, ainsi que la "fiabilité" de son financement, le "meilleur compromis" s'est avéré être l'offre de Jellej.

- Des magasins pour les familles -

"On est content pour les collaborateurs de Toys'R'Us qui vont faire une super saison de Noël", a réagi à la sortie de l'audience le président de Picwic, Romain Mulliez, à l'AFP.

M. Mulliez a précisé que la prochaine étapre consisterait à déposer une dossier auprès de l'Autorité de la Concurrence, afin d'obtenir un accord sur la fusion. "Dès qu'on aura le feu vert, on va fusionner les deux enseignes sous une seule", a-t-il ajouté, précisant que le choix se ferait selon des paramètres de "notoriété et de coût".

Jellej s'est engagé à reprendre 44 magasins et 1.036 salariés. Son offre prévoit également d'accorder à Toys'R'Us une ligne de crédit de plus de 70 millions d'euros, dont plus de 50 millions seront dédiés au financement des stocks.

L'objectif est de faire venir les familles dans les magasins en privilégiant "l'épanouissement de l'enfant" avec par exemple des animations et des ateliers, mais aussi des offres de location, avait expliqué la semaine dernière à l'AFP la directrice générale de Picwic, Nathalie Peron-Decorps.

Pour Christelle Jordan de la CFDT, syndicat majoritaire au sein de Toys'R'Us, ce qui fait "le plus mal", ce sont les "135 salariés qui perdent leur emploi aujourd'hui".

Pour le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), un accord majoritaire a été signé mercredi dernier, après amélioration des conditions, avec notamment la mise en place d'une cellule de reclassement, non prévue au départ, et un budget quasiment "multiplié par cinq" pour la formation, a souligné Mme Jordan à l'AFP.

Présent au tribunal, Jean Charretteur, le directeur général de Toys'R'Us France, qui ne devrait pas être conservé à la tête de l'entreprise, a regretté que l'offre de Pierre Mestre, le "meilleur modèle d'un point de vue de la pérennité économique" selon lui, n'ait été retenue.

M. Mestre a lâché pour sa part à la sortie de l'audience que cette décision était "dommage" pour Toys'R'Us.

Alors que se rapproche la saison de Noël, qui concentre à elle seule 50% environ des ventes, cette décision clôture donc une année 2018 totalement inédite dans le secteur.

Pour Toys'R'Us, l'histoire avait débuté en mars, quand la maison-mère américaine du géant du jouet avait été placée en liquidation en raison d'une forte dette, avant que ne soit décidée la fermeture de l'ensemble des magasins aux Etats-Unis. Pour éviter un tel destin, la filiale française avait choisi de se placer en redressement judiciaire et de se mettre à la recherche de repreneurs.

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