13 novembre : deux ans après, un suspect muet, des commanditaires absents

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Par AFP
Publié le 03 novembre 2017 - 14:19
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Des secouristes sur les lieux de la série d'attaques dans le 10è arrondissement de Paris le 13 novem
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© KENZO TRIBOUILLARD / AFP/Archives
Des secouristes sur les lieux de la série d'attaques dans le 10è arrondissement de Paris le 13 novembre 2015
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Deux ans après le 13 novembre, les investigations progressent sur les contours de la cellule jihadiste responsable des attentats qui ont fait 130 morts à Paris, mais Salah Abdeslam, seul membre des commandos encore en vie, garde le silence et les commanditaires manquent toujours à l'appel.

- Où en est l'enquête ? -

La capture de Salah Abdeslam n'a pas eu les résultats escomptés: l'ex-délinquant de 28 ans, devenu jihadiste, se tait depuis sa remise à la France en avril 2016. Contre toute attente, il a souhaité comparaître à un procès en décembre à Bruxelles dans un dossier lié à sa cavale, mais rien ne dit qu'il s'exprimera au cours de ce procès.

Une grande partie des membres de la cellule, responsable des attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts) comme de ceux de Bruxelles le 22 mars 2016 (32 morts), ont été tués ou arrêtés.

Des commission rogatoires ont été envoyées dans toute l'Europe, en Turquie et au Maghreb pour tenter de reconstituer l'ensemble du réseau de complicités qui ont permis à cette cellule de s'infiltrer dans le flux des migrants à l'été 2015 et d'organiser des attentats en Europe sur ordre du haut commandement du groupe Etat islamique.

Au total, une quinzaine de suspects sont mis en examen ou visés par un mandat d'arrêt dans ce dossier tentaculaire, instruit par six juges antiterroristes et qui concerne environ 2.000 parties civiles.

- Qui sont les suspects ? -

Outre Abdeslam, six personnes sont écrouées en France, dont deux hommes soupçonnés d'avoir été missionnés pour participer aux attaques: Adel Haddadi, un Algérien, et Muhammed Usman, un Pakistanais. Les deux hommes, venus de Syrie avec deux kamikazes du Stade de France, avaient finalement été arrêtés en Autriche un mois après les attaques.

Trois proches d'Abdeslam, impliqués dans sa fuite au lendemain des attentats, et un homme mis en cause dans la fabrication de faux-papiers utilisés par les jihadistes sont aussi détenus en France.

La Belgique détient cinq suspects majeurs, également réclamés par les juges français. L'un d'eux, Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles, a été brièvement transféré en France en janvier pour être mis en examen.

Le cas de Jawad Bendaoud, poursuivi pour avoir logé Abdelhamid Abbaoud dans l'appartement de Saint-Denis où ce cerveau présumé des attentats a été abattu cinq jours après, a été disjoint ainsi que celui de deux autres protagonistes. Tous trois évitent ainsi les assises et seront jugés en correctionnelle début 2018.

Les investigations sur l'attaque du Thalys Amsterdam-Paris d'août 2015 mettent en lumière des liens étroits entre la cellule jihadiste et le tireur Ayoub El Khazzani, maîtrisé après avoir ouvert le feu et blessé deux passagers. Mais les deux enquêtes restent néanmoins distinctes.

El Khazzani a avoué être monté à bord du train sur ordre d'Abaaoud. Par ailleurs, Mohamed Bakkali, logisticien présumé des attaques du 13 novembre, arrêté en Belgique et réclamé par la justice française, a été inculpé mardi à Bruxelles dans la procédure belge concernant l'attaque du Thalys.

- Sur la trace des commanditaires -

Ce serait une des chevilles ouvrières du réseau: Oussama Atar a été identifié, sous le nom de guerre d'"Abou Ahmed", par un des deux hommes arrêtés en Autriche, comme étant son donneur d'ordre depuis Raqa, ancienne "capitale" autoproclamée de l'EI en Syrie d'où les attentats de Paris auraient été programmés en 2015.

Ce Belgo-Marocain de 32 ans, vétéran du jihad, est le cousin des frères El Bakroui morts en kamikaze à Bruxelles et le frère de Yassine Atar, détenu en Belgique et aussi visé par un mandat d'arrêt français.

Des conversations exhumées d'un ordinateur de la cellule ont éclairé le "rôle central" qu'a joué cet "émir" de l'EI dans "la préparation d'actions violentes en Europe", selon les enquêteurs belges.

Les juges ont également émis un mandat contre Ahmad Alkhad. Sous ce nom d'emprunt se cache le possible artificier du groupe. Son ADN a été retrouvé sur des ceintures explosives des jihadistes à Paris. Arrivé en Europe en septembre 2015, il avait regagné la Syrie au lendemain des attentats.

La chute actuelle des bastions de l'EI en Irak et en Syrie ravive l'espoir de voir capturés certains protagonistes, s'ils sont toujours vivants. Mais les chances sont minces. "Si des jihadistes périssent dans ces combats, je dirais que c'est tant mieux", a déclaré la ministre française de la Défense, Florence Parly, au moment de la chute de Raqa mi-octobre.

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