Affaire Benalla : quand les petites phrases s'entrechoquent

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Par Juliette Baillot - Paris (AFP)
Publié le 12 septembre 2018 - 06:00
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Alexandre Benalla et Emmanuel Macron au Salon de l'Agriculture à Paris, le 24 février 2018
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© STEPHANE MAHE / POOL/AFP/Archives
Alexandre Benalla et Emmanuel Macron au Salon de l'Agriculture à Paris, le 24 février 2018
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Contradictions à l'Elysée ou au plus haut niveau de la police, dénégations, défense embarrassée ou au contraire volontairement offensive: quelques déclarations choc qui ont émaillé l'affaire Benalla.

- L'autorisation initiale -

-- Alexandre Benalla avait "demandé l'autorisation d'observer les opérations de maintien de l'ordre pour le 1er Mai", autorisation qui lui avait été donnée car "il agissait dans le cadre d'un jour de congé et ne devait avoir qu'un rôle d'observateur", assure le 19 juillet le porte-parole de l'Elysée, Bruno Roger-Petit, devenu depuis simple conseiller.

-- "M. Benalla ne bénéficiait d'aucune autorisation de la préfecture de police pour être sur cette manifestation" en tant qu'"observateur", le contredit le 23 juillet Alain Gibelin, directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC) devant la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale.

-- Le commandant militaire de la présidence de la République, le général Éric Bio-Farina affirme au contraire que lors d'un déjeuner le 25 avril à l'Elysée, MM. Gibelin et Benalla avaient discuté "en aparté" des "équipements" dont le collaborateur de l'Elysée bénéficierait lors "de la manifestation à venir (...) celle du 1er mai".

- La première sanction -

-- Une fois les faits connus, M. Benalla a été "mis à pied pendant quinze jours avec suspension de salaire" et "démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président", pour "punir un comportement inacceptable", assure le 19 juillet le porte-parole de l'Elysée.

Des clichés montrant M. Benalla lors de sorties aux côtés du président, ou lors du défilé des Bleus en car sur les Champs-Elysées, contredisent aussitôt M. Roger-Petit.

-- "M. Benalla a touché pour le mois de mai son salaire intégral", concède en outre le 25 juillet le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, lors de son audition par la Commission des Lois du Sénat.

- M. Collomb charge le préfet -

Le 23 juillet, interrogé par la commission des Lois de l'Assemblée sur la non-transmission au procureur des agissements repréhensibles d'Alexandre Benalla (comme l'exige l'article 40 du code de procédure pénale), le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb répond:

"J'ai connaissance quotidiennement de suspicions ou de commissions d'infractions pénales. Ce n'est pas mon rôle de saisir chaque procureur individuellement".

"Je m'étais assuré que tant le cabinet du président de la République que le préfet de police avaient été destinataires de l'information. Je pensais que les mesures appropriées avaient été prises. C'était à eux de prendre les sanctions et éventuellement d'informer les autorités judiciaires".

Interrogé sur les fonctions exercées à sa connaissance par M. Benalla au moment des faits, M. Collomb affirme : "Je n'en savais strictement rien".

- Le président tente l'offensive -

"S'ils veulent un responsable, il est devant vous, qu'ils viennent le chercher", lance le 24 juillet Emmanuel Macron devant un public de fidèles qui diffuse ensuite ses paroles. Il fait part de sa "déception" face à la "trahison" de son collaborateur.

- Edouard Philippe temporise -

L'affaire Benalla est le résultat d'"une dérive individuelle", et non pas "une affaire d’État", assure le Premier ministre le 24 juillet à l'Assemblée.

- Benalla concède "une grosse bêtise" -

"Moi, je n'ai pas le sentiment d’avoir trahi le président de la République, j'ai le sentiment d'avoir fait une grosse bêtise. Et d'avoir commis une faute. Mais cette faute, elle est plus d'un point de vue politique: je n'aurais jamais dû aller sur cette manifestation en tant qu'observateur, puis j'aurais, peut-être, dû rester en retrait", déclare Alexandre Benalla le 27 juillet, dans un entretien au Monde.

Gérard Collomb "sait que je travaille à la présidence de la République. Je peux le croiser deux, trois, quatre fois par semaine sur des déplacements ou quand il vient à la présidence", affirme-t-il.

"Le vendredi, je prends ma voiture et je pars en Bretagne avec ma femme. J'y reste du 4 au 15 mai, je rentre à Paris le 15 et je ne remets pas les pieds à la présidence avant le 22". Alain Gibelin, le directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC) "ment", lorsqu'il affirme l'avoir croisé lors de réunions pendant ces deux semaines de suspension. Ce dernier reconnaîtra s'être trompé dans les dates.

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