Agression de Yuriy : l'indignation après un déchaînement de violence toujours inexpliqué

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Par Daphne ROUSSEAU - Paris (AFP)
Publié le 25 janvier 2021 - 15:33
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Vue générale sur le quartier de Beaugrenelle à Paris, le 1er octobre 2019
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives
Vue générale sur le quartier de Beaugrenelle à Paris, le 1er octobre 2019
© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP/Archives

Les images de l'agression de Yuriy, un collégien hospitalisé dans un état grave après avoir été passé à tabac à Paris par une bande de jeunes, ont continué lundi à susciter l'indignation alors que l'enquête s'efforce d'éclaircir les motivations de ce déchaînement de violence.

L'enquête ouverte pour "tentative d'homicide volontaire en réunion" examine, entre autres, la piste d'une agression par une bande de jeunes de cités de l'ouest parisien et tente d'établir l'origine de la rixe et le lien entre les différents protagonistes, selon une source proche de dossier.

L'adolescent de 15 ans a été frappé dans la soirée du 15 janvier alors qu'il se trouvait avec des amis sur la dalle de Beaugrenelle, le toit aménagé d'un centre commercial, face à la Seine dans le XVe arrondissement.

La diffusion vendredi soir d'une vingtaine de secondes d'images de l'agression sur les réseaux sociaux a suscité un vif émoi.

"Ces images nous interpellent tous", a déclaré lundi soir au Parisien le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui y voit un signe d'"ensauvagement", "cette expression dont je constate qu'il y a six mois elle faisait scandale (…) et dont on se dit aujourd'hui que nous sommes effectivement face à des actes de sauvagerie".

"Comme partout, il y a ce phénomène de bandes qui se constituent, mais ce qui est nouveau ce sont leurs actes de plus en plus violents", a déploré lui aussi le maire du XVe arrondissement Philippe Goujeon (LR).

La préfecture de police de Paris a mis en place depuis 2010 une cellule de suivi du plan bandes (CSPB) qui en recense une quinzaine dans la capitale. Ce dispositif s'accompagne depuis 2016 d'un groupe local de traitement de la délinquance, associant police, mairies et services éducatifs sous l'égide du parquet.

Selon les autorités, ces rivalités entre bandes ont coûté la vie à 6 jeunes en 2017 et 2018. Un total de 83 affrontements ont été recensés en 2020 dans la capitale, contre 159 en 2016, impliquant souvent des mineurs.

Le dernier exemple en date remonte à novembre dernier, lorsqu'un jeune de 18 ans est décédé dans le XVIIIe arrondissement lors d'un règlement de compte entre rivaux des portes de Saint-Ouen et de Clignancourt. Six hommes, dont 2 mineurs, ont depuis été arrêtés, mis en examen et écroués.

- "Bon élève" -

Dans le cas de Yuriy, l'Elysée a annoncé dimanche avoir eu "un échange" avec la mère de l'adolescent, tandis que plusieurs célébrités, dont le footballeur Antoine Griezmann et l'acteur Omar Sy, se sont émues du sort de la victime, toujours hospitalisée dans un état grave.

"Il va un tout petit peu mieux. Se réveille, essaie de s'exprimer", a indiqué sa mère lundi matin sur BFMTV.

Nataliya Kruchenyk avait lancé l'alerte dès le 16 janvier sur les réseaux sociaux et en placardant des affichettes dans le quartier afin de retrouver d'éventuels témoins de l'agression de son fils.

Sur les images qui ont fait le tour d'internet, une dizaine de jeunes en tenue de sport et blousons à cagoule s'acharnent à coups de pied et de battes ou bâtons sur une personne au sol, avant de l'abandonner.

Une enquête administrative a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour déterminer l'origine de la vidéo, publiée sur un compte anonyme, sur Twitter, a-t-on appris de source policière.

Lundi matin, devant le collège de Yuriy, un camarade de troisième l'a décrit à l'AFP comme "gentil, sympa" et du genre "dynamique". Le personnel de l'établissement l'a présenté comme un "bon élève", "avec beaucoup d'humour" et sans aucune appartenance connue à une bande de jeunes.

Une cellule d'écoute a été mise en place jeudi dans l'établissement et une heure de débat consacrée à l'agression a été organisée lundi matin dans chaque classe.

"Notre point de vigilance, c'est la violence de ces images", a assuré à l'AFP Grégory Prémom, le directeur académique adjoint, "il ne faut pas oublier que c'est leur camarade qui a été agressé et que ce traumatisme peut être amplifié par les réseaux sociaux qui les surexposent".

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