Après la grêle, le mildiou ampute les récoltes à venir du Bordelais

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Par Alexandra LESIEUR - Léognan (France) (AFP)
Publié le 14 août 2018 - 11:10
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Joël Tauzin viticulteur au domaine de Merlet, à Leognan, près de Bordeaux, montre une grappe de raisin attaquée par le mildiou, le 11 juillet 2018
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© MEHDI FEDOUACH / AFP
Joël Tauzin viticulteur au domaine de Merlet, à Leognan, près de Bordeaux, montre une grappe de raisin attaquée par le mildiou, le 11 juillet 2018
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Des grains de raisin petits et desséchés, des feuilles tâchées: "c'est la première fois que je vois une telle attaque de mildiou, même en 2008, il n'y en avait pas autant", se désole Joël Tauzin du domaine de Merlet, à Léognan, près de Bordeaux.

Ce viticulteur, qui table sur une perte de récolte de 15 à 20%, surtout pour les cabernet, remonte sur son tracteur pour effectuer un des derniers traitements contre ce champignon friand d'humidité et de chaleur.

La situation aurait pu être pire: porté par les pluies abondantes du printemps, le mildiou a vu sa progression freinée par la canicule, avec son temps chaud et sec. Et une fois la véraison passée, quand la couleur des grains passent du vert au rouge vif, il ne peut plus attaquer le raisin.

Reste aujourd'hui à traiter sur ses parcelles les jeunes feuilles car une fois touchées, elles ne fabriquent plus de sucre et retardent du coup la maturité des fruits.

"Ce n'est pas catastrophique", nuance-t-il après avoir perdu l'année dernière 90% de sa récolte en raison du gel. "J'ai fait des traitements tous les 14 jours comme d'habitude, il aurait fallu tous les 10 jours", estime ce vigneron, installé depuis 1989.

Selon le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), presque la totalité des 6.000 exploitations viticoles dans le Bordelais sont touchées à des degrés divers, et la récolte qui s'annonçait très élevée pourrait être amputée de 15 à 25%, toutes appellations confondues, après déjà une petite récolte en 2017 (-40%).

"Sur le volume, on sait qu'on n'aura pas une très grosse récolte, parce qu'on a près de 10.000 hectares (sur un total de 114.000 ha) qui ont été grêlés totalement ou partiellement (en mai et juillet), et des propriétés qui auront leur récolte amputée par le mildiou", souligne le vice-président du CIVB, Bernard Farges.

"Le mildiou est dû à une pluviométrie et hygrométrie de mai et juin comme rarement on en a connues. Dans certaines propriétés, c'est plus qu'une inquiétude. C'est sur tout le territoire du vignoble girondin, mais avec des parcelles, des propriétés plus touchées que d'autres, selon qu'on a pris des risques ou pas en termes de protection", a-t-il précisé.

- "Exceptionnel" -

Ceux qui ont subi une faible attaque de mildiou ou ont fait les traitements suffisants s'en sortent bien. D'autres, en limitant les traitements, peuvent perdre jusqu'à la quasi-totalité de leur récolte, selon la chambre d'agriculture de la Gironde.

"Ces dernières années, les produits utilisés sont moins virulents, les doses plus faibles et les fréquences (de traitement) moins rapprochées pour limiter les effets sur l'environnement", explique-t-elle. Car 85% des traitements phytosanitaires dans la vigne concernent le mildiou et l'oïdium, deux maladies qui se développent à la même période.

Le Bordelais n'est pas la seule région viticole à connaître cette année une forte attaque de mildiou, les vignobles du Rhône et du Languedoc sont notamment impactés, selon les deux interprofessions.

A noter que la vingtaine d'hectares de vignes plantées à titre expérimental au printemps avec des cépages résistants n'ont pas été atteintes par cette maladie, selon le délégué général du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL) Jérôme Villaret.

En agriculture biologique, les vignerons éprouvent les mêmes difficultés qu'en conventionnel et traitent avec du cuivre plus fréquemment. Dans l'appellation Graves, les blancs du château Bichon Cassignols à La Brède ont été en général préservés contrairement aux merlots, selon le propriétaire Jean-François Lespinasse, qui a interrompu ses vacances pour venir traiter. "C'est exceptionnel", reconnaît-il tout en se demandant si cela "préfigure notre quotidien dans les années à venir".

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