Après le confinement, ces citadins qui veulent changer de vie

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Par Anne LEC'HVIEN et Laure FILLON - Paris (AFP)
Publié le 29 mai 2020 - 10:00
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Des promeneurs dans la forêt d'Iraty, le 17 mai 2020 près de Larrau, dans les Pyrénées-Atlantiques
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© GAIZKA IROZ / AFP
Des promeneurs dans la forêt d'Iraty, le 17 mai 2020 près de Larrau, dans les Pyrénées-Atlantiques
© GAIZKA IROZ / AFP

Plus d'espace, un potager, moins de bruit et de pollution: chez certains citadins, la crise sanitaire a fait mûrir des projets de changement de vie, pour être plus près de la nature et tendre vers un mode d'existence plus durable.

Avant le Covid-19, Olivier et sa compagne pensaient déjà à quitter le centre de Paris "pour s'agrandir". Après deux mois de confinement, ils ne cherchent plus un appartement: ce sera "une maison avec jardin".

"On cherche vraiment avec un espace extérieur, quitte à aller un peu plus loin": la proximité d'un métro "n'est plus une obsession", dit-il.

Pierre, 40 ans, avait "depuis cinq ans" le projet de "se rapprocher de la nature" et la crise va "précipiter un peu les choses".

"Sans tomber dans la collapsologie pure et dure, il nous arrive quelque chose que je pressentais. Je voudrais y être préparé: avoir au moins un lopin de terre pour pouvoir faire un peu d'agriculture et faire en sorte que nous soyons autonomes avec mon épouse", explique-t-il.

Cadre dans l'informatique, il faisait déjà "pas mal de télétravail" et l'activité de sa femme, couturière, ne lui semble "pas incompatible" avec ce nouveau mode de vie.

Pour Anaïs*, journaliste de 29 ans et son compagnon, "le confinement a été un vrai déclic". A deux, ils vont "changer de mode de vie" d'ici la fin de l'année pour gérer un gîte en Drôme-Ardèche.

"A Paris, on n'a pas le temps de vivre. On court à droite à gauche et surtout, on sur-consomme", estime-t-elle. "Ca nous a fait nous rendre compte qu'on avait plus du tout envie de cette vie-là. Qu'on avait envie d'espace, d'air, de nature et de changer vraiment de rythme".

- "Vivre différemment" -

"La pollution", "le manque de nature" sont aussi évoqués par Jana, qui s'installe avec sa famille près de Lorient (Morbihan).

"Le confinement a permis d'en faire un projet familial, d'en discuter avec les enfants, ce dont ils rêvaient et ce qu'on pouvait réellement se permettre", raconte cette intermittente du spectacle.

Paris ? "On n'y reviendra pas", assure-t-elle.

Ces aspirations sont sensibles dans les recherches immobilières. Pendant le confinement, le site Leboncoin a noté une hausse de 30% des recherches en zones rurales et de 20% dans les zones urbaines moins denses, par rapport à la même période de 2019.

Sur Seloger.com, "plus de recherches ont été effectuées en province qu'avant le confinement", avec "une appétence accentuée pour les maisons", indique le site.

Dans son agence des Herbiers, commune de 16.000 habitants en Vendée, Fabrice Abraham a constaté depuis le déconfinement une augmentation des demandes venant de "grandes villes", notamment d'Ile-de-France.

"Ce sont des personnes qui sont en télétravail et qui peuvent profiter d'une surface de 100, 120 mètres carrés, pour un prix de vente moyen de 200.000 euros", décrit-il. "C'est ce qui a vraiment changé: ça sent l'envie d'avoir plus grand, d'avoir un bout de jardin et de vivre différemment".

- "Feu de paille ?" -

Le phénomène n'est pas nouveau: depuis les années 1980, de plus en plus d'actifs quittent les grandes agglomérations, indique Pascal Chevalier, géographe à l'université de Montpellier. "Ce sont en général des cadres qui étaient dans le tertiaire" et partent pour "retrouver une qualité de vie".

S'il y a 10-15 ans, ces départs s'effectuaient vers les espaces ruraux plutôt isolés, "aujourd'hui, les gagnants de cette mobilité sont les petites villes, les bourgs", qui "associent qualité de vie et services", souligne M. Chevalier.

"Il y a un critère presque paradoxal qui est la proximité du rural avec des axes de circulation", confirme Cédric Szabo, directeur de l'Association des maires ruraux de France. "L'autre paramètre devenu incontournable, c'est la qualité du débit internet" - ce qui exclut certains territoires.

De façon générale, il est "beaucoup trop tôt" pour savoir si ces envies entraîneront un réel "exode", souligne Thomas Lefebvre, de la plateforme immobilière MeilleursAgents. "Est-ce un feu de paille ou une vraie volonté ?" Ces projets sont "conditionnés à beaucoup de choses", ajoute-t-il, notamment "l'emploi" et le "crédit".

* prénom modifié

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