Après les accusations de viol, la défense de Tariq Ramadan organise sa riposte

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Par AFP
Publié le 08 décembre 2017 - 12:31
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L'islamologue suisse Tariq Ramadan lors d'une conférence à Bordeaux, le 26 mars 2016
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© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives
L'islamologue suisse Tariq Ramadan lors d'une conférence à Bordeaux, le 26 mars 2016
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La défense de l'islamologue suisse Tariq Ramadan, visé par une enquête pour viol, organise sa riposte face à Henda Ayari, la plaignante par qui cette affaire retentissante a éclaté, en transmettant à la justice des éléments censés ébranler sa crédibilité.

Plusieurs pièces en ce sens ont été versées récemment au dossier, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.

Dernière en date: plusieurs mois d'échanges sur le réseau social Facebook, de juin à septembre 2014, entre M. Ramadan et une personne qui se présente comme Mme Ayari. Elle dit le contacter via un compte sous pseudonyme car le théologien a précédemment bloqué son autre compte, sous son vrai nom, a précisé une source proche du dossier.

L'islamologue y reçoit des avances explicites mais ne répond que rarement à son interlocutrice, qui a déposé une plainte en octobre dernier en l'accusant de l'avoir violée en 2012 dans un hôtel parisien, ce qu'il a catégoriquement contesté.

Selon la même source, elle lui écrit notamment en juin 2014 qu'à l'époque des faits dénoncés, des "parasites extérieurs" lui ont demandé de témoigner contre lui, alors que des rumeurs sur la vie privée de l'islamologue circulaient déjà, et dit qu'elle "regrette" le comportement qu'elle a pu avoir par le passé.

Contactés par l'AFP, les avocats de Mme Ayari et ceux de M. Ramadan n'ont pas souhaité réagir à ces nouveaux éléments.

Dans le cadre de cette enquête dirigée par le parquet de Paris, les avocats de Henda Ayari ont déjà affirmé que leur cliente était restée en contact avec le théologien, mais uniquement jusqu'à la mi-2013. Or, les conversations transmises à la justice semblent démontrer le contraire.

"Ce n'était pas une relation mais une emprise sectaire", avaient affirmé ses avocats pour justifier le maintien des contacts entre Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et pro-laïcité, et Tariq Ramadan, tenant d'un islam conservateur voire politique.

- Ramadan resté discret -

La semaine dernière, c'était le témoignage écrit d'un fonctionnaire assermenté qui était versé au dossier. Celui-ci y racontait de présumées avances explicites de Mme Ayari, 41 ans, qui l'aurait menacé de porter plainte pour viol s'il n'y répondait pas favorablement. L'intéressée s'est indignée d'une "nouvelle calomnie".

C'est là toute la complexité de cette affaire, comme de beaucoup de dossiers semblables: faute d'éléments matériels concernant les faits dénoncés par Henda Ayari, chaque camp transmet à la justice des éléments accréditant sa position et discréditant celle de l'autre partie.

Une seconde plainte visant Tariq Ramadan, pour des faits similaires dans un hôtel à Lyon en 2009, a été déposée fin octobre.

Les deux plaignantes ont été entendues par la police, à Rouen et à Paris, ainsi que l'essayiste Caroline Fourest qui avait indiqué avoir remis des documents aux enquêteurs.

Les avocats de M. Ramadan, qui n'a pas encore été entendu, avaient déjà riposté début novembre en déposant une plainte pour subornation de témoin visant nommément Caroline Fourest, qui combat médiatiquement l'islamologue depuis plusieurs années.

Ils réclament par ailleurs que l'enquête identifie le magistrat que Mme Fourest dit avoir fait rencontrer à une des plaignantes et qui aurait manqué de signaler les faits à la justice.

Cette affaire a suscité de vifs débats entre défenseurs et détracteurs de M. Ramadan et de Mme Ayari. Cette dernière a porté plainte contre X à la mi-novembre après avoir fait l'objet d'injures et de menaces.

Professeur d'études islamiques à l'université britannique d'Oxford, Tariq Ramadan a pris un congé depuis début novembre.

Il n'a pris la parole qu'à deux reprises depuis le début de cette affaire: sur Facebook, fin octobre, pour dénoncer une "campagne de calomnie" enclenchée par ses "ennemis de toujours", et sur Twitter, début novembre, pour démentir des accusations d'abus sexuels sur mineures publiées par le journal La Tribune de Genève et annoncer une plainte pour diffamation.

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