Au Mans, où se forge le rêve des futurs champions français de Formule 1

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Par Olivier LEVRAULT - Le Mans (AFP)
Publié le 14 juin 2021 - 14:05
Mis à jour le 16 juin 2021 - 18:56
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De gauche à droite: les jeunes pilotes Aiden Neate, Pierre-Alexandre Provost, Gaspard Simon, Esteban Masson et Dario Cabanelas à l'académie de la Fédération française du sport automobile (FFSA), le 23
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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
De gauche à droite: les jeunes pilotes Aiden Neate, Pierre-Alexandre Provost, Gaspard Simon, Esteban Masson et Dario Cabanelas à l'académie de la Fédération française du sport auto
© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Un internat et un rêve en commun, les pilotes adolescents de l'académie de la Fédération française du sport automobile (FFSA) bénéficient au Mans de structures adaptées à leur idée fixe: devenir le futur champion du monde de Formule 1.

Le jour se lève sur le circuit du Mans. Dans un van aux couleurs de la FFSA, des élèves pilotes partent pour des tours de reconnaissance. On observe, on écoute le moniteur au volant, qui dissèque le tracé, pendant que d'autres élèves, mécaniciens, s'attèlent aux réglages de leurs monoplaces.

Quelques minutes plus tard, lancés à des vitesses folles dans leurs bolides blancs au liseré bleu-blanc-rouge, les pilotes reprendront les mêmes courbes vers la ligne d'arrivée. Vers la gloire qu'ils espèrent tous.

Ils sont chaque année une dizaine à vouloir suivre les traces du Normand de 25 ans Pierre Gasly, vainqueur d'un Grand Prix de F1 en 2020 et meilleur représentant de l'école FFSA.

Créée en 1995 sous le nom de "Filière Elf", rebaptisée "Filière FFSA" puis "FFSA Academy", celle-ci forme également des mécaniciens et des entraîneurs de compétition.

- "Être parfait partout" -

"C'est incroyable d'être si jeune et d'aller déjà à de telles vitesses. Au volant je me sens bien, il n'y a pas de stress", retrace Pierre-Alexandre Provost, 14 ans, qui a "toujours aimé ce qui a un moteur". Une passion qui lui vient du père, venu assister à ces premiers essais de la saison.

Toutes les semaines, Pierre-Alexandre et ses camarades vivent en internat et suivent leur formation, d'une durée d'un an ou deux: cours "classiques", entraînement sportif intensif et pilotage, sur simulateur ou "en vrai".

Inspiré par le septuple champion du monde Lewis Hamilton, Owen Tangavelou, 16 ans, rêve de suivre les pas du Britannique. Il donne la recette: "il faut être talentueux, rapide, mais aussi travailleur et minutieux. Être parfait partout".

Pour anticiper une voie de secours dans ce sport élitiste, l'accent est aussi mis sur la scolarité, aménagée entre cours présentiels et à distance lors des semaines de courses de championnat de France de Formule 4 FFSA.

A quelques pas du circuit, les pilotes partagent les locaux avec des élèves mécaniciens de compétition et des futurs moniteurs de pilotage.

"La singularité, c'est la synergie qui peut exister entre ces trois pôles", souligne Christophe Lollier, directeur technique national (DTN) de la fédération.

Dans un hangar à l'ambiance étonnamment feutrée, des mécanos travaillent avec leurs outils sur des monoplaces démembrées, assemblent des voitures de rallye ou réparent des kartings. Plus loin, on forme des moniteurs, qui assimilent tout ce qui permettra d'accompagner les pilotes : facteurs d'accès à la performance, préparation mentale, diététique...

La Formule 1 est un sport hybride, individuel mais collectif, humain et mécanique, et la FFSA l'intègre en recréant un microcosme de la course auto.

Pour l'élève mécanicien Kevin Tisserand, "l'objectif, c'est de continuer de progresser jusqu'au plus haut niveau dans les compétitions". Pour ce passionné aussi, "la Formule 1, c'est vraiment le rêve".

Pourquoi, alors, ne pas avoir tenté la voie royale ? "Être pilote, comme tout le monde peut s'en douter, c'est un peu payant", explique Kevin dans un euphémisme, alors que la formation mécanicien ne lui coûte rien.

- "Projet de vie" -

Une année à l'académie pour tenter de gagner la F4 représente "un budget de 160-170.000 euros", évalue Cristophe Lollier. "Bien en deçà des autres championnats européens, plutôt aux alentours de 270-300.000 euros".

"Pour ma famille, c'est un gros effort financier", admet Owen Tangavelou, qui avait mis du temps avant de commencer le karting à haut niveau, faute d'argent. "Ma mère recherche des sponsors parce qu'après ça va être difficile d'avoir un baquet".

Pierre-Alexandre Provost, qui vit au Luxembourg, a "la chance d'avoir une famille qui a les moyens". Mais "c'est aussi un sacrifice pour les gens qui ont beaucoup de moyens. On pourrait presque dire que c'est un gouffre".

Le rêve a un prix. Mais Christophe Lollier l'affirme: "quand un pilote est exceptionnel, on trouve toujours des solutions pour l'emmener au sommet".

Si des partenaires privés et la fédération accompagnent au début, les filières des constructeurs prennent le relais pour certains élus, comme Red Bull avec Gasly.

Au-delà du talent et du financement, "ceux qui arrivent au sommet, ne doutent jamais", explique le DTN, "même quand nous on se dit 'ça va être compliqué', il ne faut pas leur parler d'autre chose que la F1 : ils ont un projet de vie, c'est la F1".

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