Au procès des attentats de janvier 2015, première plongée dans l'enquête

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Par Anne-Sophie LASSERRE - Paris (AFP)
Publié le 28 septembre 2020 - 22:08
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Photos diffusées le 8 janvier 2015 par la police des frères Chérif (g) et Saïd Kouachi auteurs des attaques contre Charlie Hebdo
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© Handout / FRENCH POLICE/AFP/Archives
Photos diffusées le 8 janvier 2015 par la police des frères Chérif (g) et Saïd Kouachi auteurs des attaques contre Charlie Hebdo
© Handout / FRENCH POLICE/AFP/Archives

Des traces ADN, des échanges téléphoniques et des rencontres probables: la cour d'assises spéciale de Paris a commencé lundi à remonter la piste des soutiens dont ont pu bénéficier les auteurs des attentats de janvier 2015, les frères Kouachi et Amédy Coulibaly.

Après plus de trois semaines consacrées au récit des attaques contre Charlie Hebdo, une policière municipale à Montrouge et le magasin Hyper Cacher, ainsi qu'aux témoignages des victimes, ce procès historique aborde pour la première fois les faits reprochés aux 14 accusés.

Quels étaient leurs liens avec les auteurs des attaques? Que révèlent les investigations sur leur rôle? Plusieurs enquêteurs sont attendus toute la semaine à la barre, avant l'interrogatoire des accusés à partir du 5 octobre.

Première à déposer, une enquêtrice de la brigade criminelle revient sur l'analyse de la téléphonie de Chérif et Saïd Kouachi et d'Amédy Coulibaly pour chercher à identifier leurs "correspondants habituels".

Si l'étude détaillée des relevés téléphoniques (ou "fadettes) montre "une grande proximité entre les deux frères" Kouachi - avec "plus de 1.000 communications" sur leurs lignes mobiles l'année précédant l'attaque contre Charlie Hebdo - aucun échange ne permet de les relier à l'un des accusés.

Il en est tout autrement pour Amédy Coulibaly, en contact téléphonique quasi "exclusif" les premiers jours de 2015 avec quatre des accusés, connus en détention ou dans une cité de l'Essonne, souligne l'enquêtrice, schémas à l'appui.

Les relais activés par leurs téléphones laissent supposer également des rencontres physiques le 6 janvier 2015, veille de l'attaque contre Charlie Hebdo, ajoute la policière.

D'après l'examen de la téléphonie, un "rendez-vous" entre Amédy Coulibaly et Chérif Kouachi, dans la nuit du 6 au 7 janvier, ne fait par ailleurs "pas de doute", selon l'enquêtrice. Chérif Kouachi aurait ensuite appelé son frère, arrivé le lendemain matin de Reims où il résidait.

Le 7 janvier 2015, à "10H19", soit un peu plus d'une heure avant l'attentat contre l'hebdomadaire satirique, Amédy Coulibaly reçoit un SMS de Chérif Kouachi, dont la teneur n'est pas connu. C'est l'un des derniers messages qu'il recevra sur l'un des cinq téléphones utilisés à cette période.

- "Points d'interrogation" -

Dans les deux box vitrés, les accusés écoutent attentivement les enquêteurs qui se succèdent à la barre.

Commandant à la brigade criminelle, l'un d'eux a passé au crible les véhicules utilisés par Amédy Coulibaly et le "logement conspiratif" qu'il avait loué à Gentilly (Val-de-Marne) avant les attaques.

Dans celui qu'il a utilisé pour se rendre au magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, les policiers ont découvert "un certain nombre d'ADN et d'empreintes papillaires", dont celles de Willy Prevost.

Ce proche d'Amédy Coulibaly sera l'un des premiers suspects interpellés dans cette tentaculaire enquête, pour laquelle "37 millions de données téléphoniques" ont été épluchées. Il est aussi l'un des onze accusés présents au procès, trois étant jugés par défaut, dont la compagne en fuite d'Amédy Coulibaly, Hayat Boumeddiene.

L'ADN d'un autre accusé, Nezar Mickaël Pastor Alwatik, ancien codétenu de Coulibaly, a lui été mis en évidence, plus tardivement dans l'enquête, sur l'une des nombreuses armes retrouvées dans le logement de Gentilly et qui n'ont pas été utilisées par le jihadiste lors des attaques.

Pour le commandant de la brigade criminelle, ce grand nombre d'armes laisse à penser que "quelqu'un devait peut-être se joindre à lui" à l'Hyper Cacher. Cinq ans et demi après les faits, il admet qu'un "certain nombre de points d'interrogation subsistent".

L'enquête n'a pas non plus permis de savoir qui a réalisé le montage de la vidéo de revendication d'Amédy Coulibaly, qui se présente comme un "soldat du califat" et s'attribue l'assassinat de la policière Clarissa Jean-Philippe, le 8 janvier 2015 à Montrouge.

Seule certitude, le montage est l'oeuvre d'"un tiers" puisqu'il inclut des images de l'assaut policier pendant lequel le jihadiste a été tué.

Dans cette vidéo, diffusée à l'audience, Amédy Coulibaly affirme avoir donné "quelques milliers d'euros" à Chérif Kouachi pour qu'il achète des armes, grâce à des escroqueries aux véhicules. Elles lui auraient rapporté quelque 40.000 euros, selon les enquêteurs.

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