Aux assises de la Marne, le déroulé d'une enfance martyre jusqu'à la mort

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Par Dominique CHARTON - Reims (AFP)
Publié le 01 février 2021 - 19:21
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Le père du petit Tony (3eG) participe le le 30 novembre 2016 à une marche blanche en mémoire de son fils, battu par le compagnon de sa mère
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© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP/Archives
Le père du petit Tony (3eG) participe le le 30 novembre 2016 à une marche blanche en mémoire de son fils, battu par le compagnon de sa mère
© FRANCOIS NASCIMBENI / AFP/Archives

Une chambre sale, pas de jouet, des repas aléatoires et des coups incessants: au premier jour lundi du procès à Reims du beau-père et de la mère du petit Tony, les témoignages ont livré le quotidien d'un enfant martyre, qui succombera à trois ans en novembre 2016 aux violences subies.

Poursuivi pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur un mineur de 15 ans" et "violences habituelles", Loïc Vantal, 28 ans, cheveux ras, un peu tassé dans le box de verre, a "reconnu les faits" au début de l'audience devant la cour d'assises de la Marne.

Contrairement à la mère de la victime, Caroline Letoile, âgée de 19 ans au moment des faits, jugée pour "non dénonciation de mauvais traitements" et "non assistance à personne en danger".

Apparue apeurée, les mains jointes serrées, elle était pourtant passée aux aveux lors de l'instruction, retraçant comment son enfant était devenu le "souffre-douleur" de son compagnon.

En fin de journée, elle a fait un malaise provoquant une suspension d'audience alors que le médecin légiste faisait état des "23 lésions" retrouvées sur la tête de son fils.

A la barre, les enquêteurs avaient auparavant déroulé la détresse et la douleur vécues par le garçonnet sous le contrôle d'un homme, déjà condamné sept fois pour des faits de violence. Auditionné après le drame il reconnaissait ne pas avoir "appris à parler à un enfant" et n'éprouver aucun attachement pour Tony.

La mère en avait peur, affirme son avocate, Me Hami Znati, qui évoque "la sidération" de sa cliente face aux violences de son compagnon.

- Du sang partout -

Un policier a décrit une cuisine où il n'y avait pas de quoi nourrir un enfant de cet âge, un autre une chambre sale, sans jouet ni photo, avec une armoire cassée.

Les analyses dans l'appartement de Reims ont aussi mis en évidence des traces de sang partout, dans la chambre de l'enfant, les toilettes, la salle de bains, le salon, a rappelé la présidente de la cour, Hélène Langlois.

"En 20 ans de carrière, c'est la première fois que je traite une affaire aussi dramatique et aussi violente", a résumé le brigadier chef à la brigade des mineurs au commissariat de Reims.

L'enquête a montré que les insultes, les gifles et coups de poing avaient débuté dès l'arrivée de Loïc Vantal chez la mère de Tony, en septembre 2016, avec une dramatique intensification des violences la semaine précédant la mort de l'enfant.

Ce qu'en dira le beau-père en garde à vue: "depuis que Tony s’est chié dessus il y a une semaine, il n’a pas pris de vrai repas: un yaourt, un verre de lait ou un gâteau parfois".

- "Fin de l'histoire" -

A ses yeux, Tony "c'était un gamin qui n'était pas bien. Il aurait dû consulter un psy, le petit".

Une forme de déni de réalité que confirme un des policiers, selon lequel Vantal ne se rendait pas compte de la violence des coups portés contre Tony.

Le jour du drame, il dira d'ailleurs: "j’ai trouvé le petit +chelou+. J’ai dit à Caroline d’appeler les pompiers. C’est tout, fin de l’histoire".

Déni aussi sur les circonstances de la mort: là où la mère, appelant les pompiers, évoquait une chute, la Dr Béatrice Digeon, à la barre, a été catégorique: "la fracture de la rate et du pancréas", dont décèdera Tony 48 heures plus tard à l’hôpital, n'a pu être provoquée que par deux coups particulièrement violents. Ça ressemblait à des coups de poings".

Et d'appuyer: "98% des lésions sont en lien avec la maltraitance".

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